Avec les premières fortes pluies enregistrées tôt ce lundi 3 juillet 2023, la ville de Thiès à renoué avec un certain nombre de désagréments. Un ras-le-bol des populations presque généralisé puisque, chaque année, plusieurs quartiers de la cité sont sous les eaux.
Déjà, avec ces premières précipitations, le terrain Baye Masse est coupé du populeux quartier Médina Fall, dans la commune Thiès-Nord.
Dans la ville aux-deux-gares, quand l’hivernage s’installe, les gens ne dorment plus du sommeil du juste. Aby Niang, cette mère de famille à Grand-Thiès, explique qu’«après chaque pluie, des concessions immergées, des véhicules submergés par les eaux, des routes impraticables, des rues et avenues inondées». Sa voisine, Khoudia Seck, de renchérir : «Tous les ans, le décor est écœurant, à Thiès. Presque partout, on patauge. Les populations livrées à elles-mêmes, délaissées à tort, se démènent pour surmonter la furie des eaux. Ce, au moment où le Plan décennal de lutte contre les inondations (2012-2022) qui a englouti 750 milliards F CFA, s’est soldé par un échec patent.»
Chaque année, dès les premières averses, les Thiessois renouent avec le calvaire. Modou Diouf, chef de ménage au quartier Nguinth, toujours sinistré, se désole : «Chaque année, nous sommes très peinés. Ces dernières années, nous avons passé à la vitesse supérieure pour interpeller directement le président Macky Sall plutôt que de nous arrêter à nous adresser aux ministres compétents qui ne règlent jamais le problème. À Nguinth, nous sommes dans des situations extrêmement difficiles, insupportables. Plusieurs ministres sont déjà passés nous voir pour notre recasement, mais jamais ils n’ont tenu leurs promesses.» Il s’agit des maisons de la cité Taw Fékh qui doit accueillir les 200 familles de Nguinth.
Des nuisances qui n’épargnent pas les autres quartiers de Thiès, quand on sait que les précipitations mettent à nu les difficultés d’assainissement dans la cité du Rail. Entre autres désagréments occasionnés par l’hivernage, les habitants des populeux quartiers de Silmang, Darou Salam 1 et 2, Bagdad, entre autres, qui sont coupés du reste de la ville. Le long et vaste boulevard des hautes tensions se transforme vite en une véritable rivière. De sempiternels sinistrés de la commune de Thiès-Est, dans tous leurs états, déplorent «l’inefficacité du plan Orsec», presque «inexistant» à Thiès et ne manquent pas de faire remarquer que «Thiès est malade de ses dirigeants».
Au niveau de certains quartiers comme Sampathé, chaque hivernage, plusieurs concessions sont englouties par les eaux pluviales. Des familles qui, dans le désarroi, renouvellent toujours leur demande d’aide d’urgence auprès des autorités compétentes, lesquelles, malheureusement, n’ont jamais tenu promesse.
Pour dire qu’à Thiès, ce sont plusieurs milliers de personnes qui, tous les ans, sont affectées par les inondations. En particulier au niveau des quartiers bas, Nguinth, 10e Riaom, Hersent, Sampathé, entre autres. Des zones où les riverains ne dissimulent guère leur colère pour dénoncer «la non-reprise des chantiers de Thiès qui est la cause principale des inondations dans la cité du Rail». Des chantiers inachevés, presque 20 ans après le Programme spécial indépendance (4-4-44), qui devaient surtout permettre, à l’intérieur de la ville, de faire de grands investissements à travers des opérations d’assainissement autour de l’ouvrage du grand canal de Keur Mame El Hadj, dans la commune Thiès-Nord, qui fait 4 m de large sur 2 m de profondeur, pour le drainage de toutes les eaux venant de la zone de Thiès-Est. L’ouvrage devait, en même temps, être connecté avec un grand ouvrage qui devait partir de la gare routière, en passant par la base militaire de Thiès-Diakhao, Nguinth horticole, jusqu’à la vallée de Fandène.