Pour avoir doigté sa voisine de 16 ans, A. A. Ndiaye encourt cinq ans d’emprisonnement ferme. Marié et père de trois enfants, le vigile a été jugé hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour détournement et corruption de mineure.
Né en 1983 et habitant à Usine Bène Tally, A. A. Ndiaye trompait sa femme avec sa très jeune colocataire. Dans ses récriminations le 15 juillet 2022, M. Sarr a raconté qu’il vit sous le même toit avec le mis en cause qui a commencé à fréquenter sa fille adoptive A. S. depuis qu’elle avait 10 ans. À l’époque, le vigile caressait la gamine à chaque fois qu’il la croisait sur les escaliers. Malgré les mises en gardes des parents de la fille, le pédophile n’a pas mis un terme à ses basses besognes. Dans le courant du mois de mars 2022, il s’est battu avec le père de sa victime qui l’a surpris avec cette dernière à la terrasse. Le 13 juillet 2022, A. S. a rejoint son amant dans sa chambre à 9h. Sa maman est restée devant la porte de la pièce attendant qu’elle sorte. A. A. Ndiaye a libéré sa copine à 20h lorsque sa mère est allée se soulager. A. S. a confié aux enquêteurs que son petit ami s’est couché sur elle et s’est mis à l’embrasser ce jour-là. Pis, il a introduit son doigt dans son sexe. Face aux éléments de la brigade de Dakar Ville, le mis en cause a contesté vigoureusement les faits, avant de déclarer que la fille l’a embrassé juste deux fois. Et le gynécologue saisi par voie de réquisition a certifié qu’il n’y a pas perte de l’hymen, mais qu’il y a eu des attouchements récents.
À la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar hier, le prévenu a souligné que la partie civile est venue dans sa chambre à 15h, avant d’y ressortir à 16h30mn. « Elle m’a dit qu’elle voulait des prières pour sa mère qui avait décroché un nouveau travail. Je lui ai demandé de partir, car je m’entends plus avec sa maman et ma conjointe était absente. Quand elle est sortie, elle est tombée nez-à-nez avec sa mère », a narré le père de trois enfants qui dit être victime d’une cabale. « Je la considère comme une nièce. Elle se voile grâce à moi », a ajouté l’agent de sécurité.
Le témoignage accablant de la victime
Née en décembre 2006, A. Sarr a confessé que le comparant l’a appâtée avec des pièces de monnaie. Il lui traduisait aussi ses rêves. « J’étais finalement tombée amoureuse de lui. Nous sommes en couple depuis le mois de mars dernier. J’allais dans sa chambre à chaque fois que je piquais une crise. Je l’ai une fois embrassé sur la joue », a argué l’adolescente.
Interrogé sur les faits, M. Sarr a laissé entendre que les notes de sa fille avaient baissé. « Le prévenu se déplaçait jusqu’à son école. Lorsque je l’ai interpellé, il m’a menacé de m’atteindre mystiquement et nous nous sommes bagarrés. Jusque là, je n’avais pas de preuve », a déploré M. Sarr, avant de renchérir : « Le 13 juillet, j’étais parti à Rosso. Ma femme était à son lieu de travail. J’avais demandé à son frère de surveiller la fille. Après avoir constaté son absence, son oncle s’était posté devant la porte de la chambre du mis en cause.
Il a été relayé par ma dulcinée qui est rentrée à 10h ». La dame A Faye, a de son côté, soutenu que sa fille ne l’obéissait plus. Quant au prévenu, il lui lançait des quolibets. La présidente de la séance a fustigé la passivité des parents de la mineure. « Je ne peux pas comprendre cette longue attente. Car si elle était violée, vous auriez une part de responsabilité », a lâché la juge.
Constitué pour la défense des intérêts de la partie civile, Me Michel Ndong a réclamé 2 millions francs, en guise de dédommagement. De l’avis de la déléguée du procureur, il y a pédophilie. Le prévenu peut s’estimer heureux qu’il ne fasse pas l’objet d’une instruction, car le parquet veut désengorger les cabinets d’instruction. « C’est une mineure qui ne devait rien savoir sur la sexualité, mais qui est corrompue par son aîné de 23 ans par des cadeaux », s’est indignée la représentante du Ministère public qui a requis cinq ans ferme pour détournement et corruption de mineure.
Pour Me Samba Ametti, on a grossi les faits à cause du rapport d’expertise médical. Mais, rien ne prouve que c’est le prévenu qui a occasionné les lésions. « La fille a dit qu’elle a été blessée lorsqu’elle était beaucoup plus jeune et utilise des objets lorsqu’elle regarde des films », a pesté le conseil. À l’issue des débats, le juge a fixé son délibéré au 31 août prochain.