Impunité : Le pouvoir pille et houspille les vérificateurs

Ceux qui ont entendu la réplique de Boun Abdallah Dionne concernant le rapport de l’Ofnac ou encore la plainte brandie par Cheikh Oumar Hanne contre l’ex-présidente de l’Ofnac, de même que l’humiliation faite par Moustapha Diop, ministre en charge de la Microfinance à l’époque, aux magistrats de la Cour des comptes venus auditer sa gestion, on ne peut s’empêcher de se demander où va le Sénégal ? Mieux encore, ne s’achemine-t-on pas tout simplement vers la légalisation du vol des deniers publics ? Parce qu’au lieu de châtier sévèrement ceux qui profitent de leur position pour prendre des libéralités avec l’argent public, le pouvoir semble vouloir leur assurer protection et impunité.

Aujourd’hui, non seulement les délinquants à col blanc ne sont pas inquiétés, ce sont au contraire les vérificateurs qui sont houspillés, discrédités, alors que le contrôle de l’action publique est primordial dans une démocratie qui se respecte, et les organes de contrôle doivent faire leur travail sans entrave, sans intimidation, sans crainte. Pour discréditer le rapport de l’Ofnac, Boun Abdallah Dionne a laissé entendre que «le chef de la mission de vérification qui a fait ce rapport est un Français : il est rentré, il a démissionné (…). Je ne sais pas d’ailleurs qui l’a fait venir et pourquoi…». Des propos extrêmement graves qui frisent la légèreté. Car, comment dans un pays qui se respecte, peut-on confier des dossiers aussi sensibles au premier venu ? Et la Justice dans tout cela ? L’Ofnac n’a fait que déposer son rapport. Pourquoi la justice n’a pas essayé de démêler cet écheveau pour que tout le monde soit édifié ? Que le vérificateur soit un Afghan ou un Mongol importe peu, ce qui importe c’est le contenu du rapport. Y a-t-il eu, oui ou non, malversation ?

Mais cette réaction, ou plutôt cette diversion de Boun Abdallah Dionne, ne devrait guère surprendre si l’on sait que le Président Macky Sall qu’il qualifie de champion de la bonne gouvernance, a osé dire qu’il a mis le coude sur des dossiers, ou encore qu’il ne fût pas au courant de la publication du rapport de l’Ofnac concernant l’affaire Petrotim, sept ans après ; alors qu’il en était le commanditaire. Aussi, c’est à se demander si vraiment ces dirigeants qui sont censés servir les populations ne les prennent pas simplement pour des demeurées ? En tout cas, au rythme où va la saignée financière, on ne peut s’empêcher d’avoir des craintes quant à la gestion future des retombées de nos ressources pétrolières et gazières. Parce qu’aujourd’hui, c’est comme si l’appartenance au clan du pouvoir conférait une certaine impunité. On a du mal à croire que c’est Macky Sall qui, lors de la cérémonie d’installation des membres de l’Ofnac, qui devaient combattre la corruption, disait : «J’invite l’Ofnac à porter ce combat, tout en s’assurant que toute personne coupable de corruption soit traitée conformément à la loi, sans aucune autre forme de protection, quelle qu’elle soit. Les moyens y nécessaires seront mis à votre disposition pour accomplir correctement votre mission».

Dans le même sillage, le président de la République avait ajouté :«La lutte contre la corruption est donc une exigence éthique, avant d’être un impératif démocratique.  C’est aussi une nécessité sociale. C’est surtout une condition du développement. Cette lutte contre la corruption traduit une volonté forte de rompre avec l’injustice, de promouvoir la compétence et l’intégrité, de récompenser le mérite et d’optimiser l’utilisation des ressources publiques au profit du citoyen. Au demeurant, c’est un combat difficile, compte tenu des intérêts en jeu. Mais il faut le gagner».

Au vu de ce qui se passe aujourd’hui, on peut affirmer que ce combat est perdu et que du fait des intérêts en jeu, le Sénégal est pris en otage par une élite corrompue !!!

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