Infanticide: La divorcée voulait éviter le déshonneur

En détention préventive depuis le 06 août 2019, Momy S. âgée de 30 ans a fait face au juge de la Chambre criminelle de Dakar ce mardi 04 juin pour répondre des faits d’infanticide sur son propre nourrisson. En effet, il résulte de l’économie des faits que l’accusé est une femme divorcée. Par la suite, elle a été récupérée par sa tante. Lorsqu’elle a contracté une grossesse, elle l’a dissimulé pendant 09 mois sans que personne ne puisse s’en rendre compte. Le jour de son accouchement, elle a mis au monde dans les toilettes un bébé vivant de sexe masculin. Dominée par le diable, elle a mis fin à la vie de son bébé en le mettant dans un sachet plastique, qu’elle a dissimulé sous le lit. Mais comme le dit l’adage, un crime n’est jamais parfait. Après son accouchement, elle a eu des douleurs abdominales intenses. Et lorsqu’elle a été acheminée à l’hôpital le plus proche, le médecin s’est rendu compte que Momy S. venait récemment de mettre au monde un nouveau-né. Dans ses circonstances, les services de l’hôpital ont saisi les enquêteurs qui ont effectué une perquisition dans le domicile de la jeune fille. À leur grande surprise, ils ont découvert sous son lit un sachet contenant un bébé qui ne respire plus. Interrogée, elle avoue avoir accouché le bébé, mais il était mort-né. Des déclarations qui sont contraire avec celles du médecin qui a effectué l’autopsie qui révèle que l’enfant était vivant à la naissance. Sur ces entrefaites, elle a été mise derrière les verrous jusqu’à ce jour de son jugement.

Devant le prétoire, l’accusée Momy S. a balayé d’un revers de main les faits qui lui sont reprochés. “Je n’ai jamais tué l’enfant. Il était mort-né. Et le médecin a écrit des contrevérités dans son rapport médical. J’ignore le père de l’enfant. J’ai accouché chez moi dans les toilettes. Et, après l’accouchement, j’avais déposé l’enfant sous mon lit avant de l’introduire dans un sachet. J’étais en position assise au moment de l’accouchement”, dit-elle.

Le Président de la Chambre lui rappelle que le médecin avait soutenu que le nouveau-né pesait 3 kg. Il avait noté également une absence de lésion externe et l’autopsie avait démontré que l’enfant était vivant. Pourquoi vous l’avez mis dans un sachet. “Je reconnais avoir commis une erreur en mettant le bébé dans un sachet en plastique”, rétorque-t-elle.

Prenant la parole, le procureur estime que cette affaire est relativement simple d’autant plus que l’accusée Momy sarr a été admise aux soins, car elle se plaignait de maux de ventre. C’est au cours de sa consultation que le médecin a su qu’elle venait d’accoucher. ” Aujourd’hui, la science est venue au secours de la justice. Et de nos jours, dans ces cas de figure, les accusées ont l’habitude de dire que l’enfant est un mort-né. Dans cette affaire, le diagnostic médical est sans appel. Le médecin a indiqué clairement une activité respiratoire à la naissance du nouveau-né. Et la dissimulation de la grossesse et les conditions de la naissance prouvent l’intention criminelle de la part de l’accusée”, souligne le maître des poursuites qui demande que Momy S. soit déclaré coupable et de la condamner à 10 ans de réclusion criminelle.

Pour motiver sa demande, le procureur a fait savoir que le comportement de l’accusée à l’audience ne fait pas montre d’un certain amendement. Selon lui, la mise en cause ne mérite pas de circonstances atténuantes.

Du côté de la défense, Me Ndiack Ba qui a plaidé en premier, précise que la peine de 10 ans requis par le procureur est vraiment excessive. “Certes, le certificat médical est accablant. Et les faits posés par ma cliente sont répréhensibles. Mais ce n’est pas parce qu’elle est mauvaise. Avec la pesanteur sociale, on peut commettre des actes”, souligne la robe noire qui sollicite une application bienveillante de la loi pénale. Pour sa part, Me Fara Gomis estime que c’est déjà une sanction de voir qu’elle a tué son propre fils. Quant à Me Nokhine Mbodji, c’est la clameur populaire qui ne l’a pas encore laissé. Et demande une application extrêmement bienveillante de la loi pénale.

Le verdict sera rendu le 20 juin.

Avec AIDA

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