La décision déchaîne les débats et commentaires les plus passionnés. Ce, depuis la sortie, le 22 juillet 2021, de la diplomatie israélienne annonçant que : « l’ambassadeur d’Israël en Éthiopie, Aleleign Admasu, a présenté ses lettres de créance en tant que membre observateur auprès de l’Union africaine ». Les réactions musclées ne cessent de s’enchaîner. Après la note d’objection introduite par 7 pays arabes (Egypte, Algérie, Comores, Tunisie, Djibouti, Mauritanie et Libye) à l’union africaine au mois d’août, une trentaine d’organisations et de personnalités sénégalaises s’opposent à cette décision de l’UA.
Dans une déclaration envoyée à la presse, elles disent « non à un statut de membre observateur pour Israël ». Selon elles, « en annonçant le 22 juillet dernier son acceptation des lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël, le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Moussa Faki Mahamat, a laissé sous-entendre, comme un fait accompli, une décision d’admission à l’UA de l’Etat sioniste en qualité de membre observateur ».
« Une telle disposition, si elle venait à être entérinée à l’occasion du prochain Conseil Exécutif de l’UA, prévu à la mi-octobre, serait en contradiction flagrante avec l’Acte constitutif de l’Union, ainsi qu’avec la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et, plus généralement, avec les intérêts supérieurs bien compris du continent africain tout entier », mettent elles en garde. Et ceci, d’autant plus que « d’ores et déjà », précisent ces organisations sénégalaises dans leur communiqué, « quelque 23 pays africains, l’Algérie, L’Egypte, l’Afrique du Sud, plusieurs pays de la SADC et de la Ligue arabe, entre autres, se sont publiquement démarqués d’une telle perspective ».
Il faut rappeler que dans leurs préambules comme dans plusieurs de leurs articles, l’Acte constitutif de l’UA tout comme la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, « condamnent le colonialisme, le néocolonialisme, l’apartheid, la domination sous toutes ses formes, et affirment le droit des peuples colonisés ou opprimés à lutter pour leur libération ».
Israël cherche à étendre son influence en Afrique
Selon ces organisations, les prétextes avancés par Israël pour justifier sa volonté de se rapprocher davantage des pays africains sont fallacieux. « Israël prétend vouloir se rapprocher des pays africains pour mieux les aider à travers des programmes de coopération, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité, des nouvelles technologies et des télécommunications. Il cherche en vérité à étendre son influence en Afrique et, du même coup, à isoler l’Etat de Palestine, en lui ôtant toute possibilité de base arrière sur le continent », martèlent-elles.
« Comment un pays qui prône en actes la colonisation, l’apartheid, le terrorisme d’Etat, la violation flagrante et constante des Résolutions des Nations Unies sur la Palestine, de 1947 à nos jours, qui se livre à des crimes contre l’humanité et nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, peut-il se voir octroyer aujourd’hui le statut de membre observateur de l’UA, lequel lui a été refusé depuis 2002 ? », s’interrogent Amnesty Sénégal et les autres organisations cosignataires de ladite déclaration.
« La diplomatie sénégalaise interpellée »
La seule attitude qui vaille, à les en croire, c’est, « conformément à la tradition de l’UA, de décider, par consensus, de ne pas admettre Israël en tant que membre observateur ». À ce propos, le Sénégal qui devra assurer la présidence tournante de l’UA au début de l’année 2022, « est hautement interpellée ». « Le Sénégal, ne saurait admettre que, sous son magistère, soit consacrée la décision sinistre et infamante de voir l’Etat sioniste d’Israël plastronner impunément aux côtés des autres pays du continent », fulminent-elles.
Ce qui serait en porte-à-faux avec la posture qu’a toujours eu le Sénégal, parrain (avec la Nouvelle-Zélande, le Venezuela et la Malaisie) de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 23 décembre 2016, condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens.