Le traitement de l’insuffisance rénale coûte très cher au Sénégal. Les patients, qui souffrent de cette pathologie, pour la plupart au chômage, sont confrontés à d’énormes difficultés financières pour bénéficier des séances de dialyse. Dans le désarroi, l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux (Ashir) lance un appel poignant aux autorités pour une prise en charge complète du traitement, mais aussi une mise en place de replantation rénale pratiquée dans la sous-région.
Commémorée, chaque année, le 10 mars, la Journée mondiale du rein a été célébrée, hier, au Sénégal. A cette occasion, l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux (Ashir) a lancé un appel poignant à l’Etat pour une «meilleure prise en charge» des patients vivant avec cette pathologie. Selon le porte-parole de l’Ashir, beaucoup de malades décèdent, faute de place pour faire une séance de dialyse dans les structures sanitaires. Une situation déplorable.
Cissé Sarr, patient : “A l’hôpital Le Dantec, les patients qui sont actuellement pris en charge sont ceux qui étaient inscrits en 2018, alors que nous sommes en 2022. Beaucoup de personnes souffrant d’insuffisance rénale meurent à cause de cette longue liste d’attente“
«C’est très difficile de faire les séances de dialyse, correctement. Les malades sont très nombreux. A l’hôpital Le Dantec, les patients qui sont actuellement pris en charge sont ceux qui étaient inscrits en 2018, alors que nous sommes en 2022. Ce qui fait que la plupart des malades qui se sont inscrits ces dernières années sont toujours sur la liste d’attente. Beaucoup de personnes souffrant d’insuffisance rénale meurent à cause de cette longue liste d’attente», a déploré Cissé Sarr.
«Les piqûres que nous prenons chaque mois nous reviennent à 80 000 F Cfa pour celle de 50 grammes et 127.000 F Cfa pour celle de 75 grammes. Les analyses sont à 160 000 F Cfa»
Sarr Cissé a également beaucoup plaidé pour une baisse drastique des prix des médicaments et des analyses. En dépit de la gratuité des séances de dialyse, les malades souffrant d’insuffisance rénale payent excessivement cher pour le reste du traitement. «Il fut un temps où nous avions une assise financière, nous étions des travailleurs, mais maintenant nous sommes au chômage. Même si nous pouvons faire certains boulots, personne ne veut nous embaucher parce qu’ils disent que nous n’avons pas la force physique. Pourtant, nous avons besoin d’argent pour payer notre traitement.
La séance de dialyse coûte 65000 F Cfa, nous devons en faire 3, par semaine. Les prix de nos médicaments varient entre 15 000 F Cfa, 21 000 F Cfa. Les piqûres que nous prenons, chaque mois, nous reviennent à 80 000 F Cfa pour celle de 50 grammes et 127 000 F Cfa pour celle de 75 grammes. Les analyses sont à 160 000 Fcfa. »
«Tant que la replantation rénale ne sera pas pratiquée dans le pays, les malades vont continuer à souffrir»
L’Etat, regrette cette personne atteinte d’insuffisance rénale, fait croire à tout le monde que la prise en charge des malades d’insuffisance rénale est gratuite. Ce qui fait que tous ceux qui devaient les aider croisent les bras, pensant qu’ils n’ont pas besoin de leur soutien. Alors que les insuffisants rénaux payent effectivement leurs médicaments et leurs analyses. Le porte-parole des insuffisants rénaux invite les autorités à relever le plateau médical des structures de santé. Une mesure qui permettra, selon Cissé Sarr, la pratique de la greffe rénale au Sénégal.
La loi autorisant cette intervention, rappe-t-il, a été votée depuis 2019 à l’Assemblée nationale mais, jusqu’à présent, la replantation rénale ne se fait pas encore au Sénégal. «Tant que la replantation rénale ne sera pas pratiquée dans le pays, les malades vont continuer à souffrir. Elle est pratiquée dans la sous-région et c’est une solution qui soulage beaucoup de patients souffrant d’insuffisance rénale. Si l’opération réussit, le malade n’aura plus besoin de faire des dialyses.