Le vigile Ibra Pouye, 30 ans, a fourni des détails sur le braquage de la Poste de Koumpentoum qui a abouti à la mort du commandant de Brigade Tamsir Sané. Blessé et admis au centre hospitalier régional de Tambacounda, Pouye, marié et père d’un enfant, retrace, dans L’Observateur, le film de l’horreur.
“La nuit des faits, j’avais ouvert la porte de derrière, puisque j’avais attaché des moutons dans la cour et je voulais avoir un œil sur eux. Ma femme m’a appelé et, après quelques minutes de discussions au téléphone, je lui ai dit d’attendre, le temps que je termine le film ”Golden” que je suivais. Il faisait 02 heures du matin. Subitement, j’ai vu les moutons se lever brusquement. Je me suis dit qu’il y a quelque chose qui n’allait pas. Pour y voir clair, j’ai emprunté les couloirs. C’est ainsi que j’ai aperçu un individu enturbanné dehors. J’ai fait demi-tour pour prendre la fuite, mais il m’a demandé de m’arrêter.”
“Un individu enturbanné m’a pourchassé avec une arme”
“J’ai couru en direction de la porte de droite. Arrivé à hauteur de la fenêtre, je l’ai ouverte et j’ai sauté dans le vide. Dès que j’ai atterri, un autre individu m’a donné un violent coup à l’épaule à l’aide d’une boîte à outils. Je me suis relevé en courant vers la porte de derrière. Sur place, j’ai sauté pour passer entre les grilles de la porte. Un autre individu enturbanné, qui avait une arme entre les mains, m’a pourchassé sur 25 mètres. Certainement, il n’avait pas chargé son arme, sinon il allait m’abattre. Il a fait demi-tour. J’ai continué ma course jusque dans les locaux de la Brigade, malgré les saignements et la douleur. J’ai informé les gendarmes qui étaient sur place de la présence de bandits dans les locaux de La Poste. (…) Ils sont allés informer le commandant qui était à l’intérieur. Aussitôt, ce dernier et ses hommes m’ont demandé de rester sur place et se sont déportés sur les lieux à bord de leur véhicule. De la Brigade, j’entendais les coups de feu qui tonnaient.”
“Les bandits ont été informés que La Poste avait reçu des fonds”
“Quelques minutes plus tard, un gendarme est revenu à la Brigade pour dire que le commandant a été touché. Il était venu chercher des armes (…) Le deuxième vigile qui faisait la ronde dehors m’a trouvé à la gendarmerie pour m’informer que les bandits sont venus à bord d’un (1) véhicule et de deux (2) grosses cylindrées. Il m’a même dit qu’il m’a aperçu quand l’un des bandits me pourchassait. Lui, il s’était terré dans un coin, tout proche de l’action. Certainement, les bandits ont été informés que La Poste avait reçu le matin des fonds dont j’ignore le montant. Donc, ils étaient bien informés. C’est au district sanitaire de Koumpentoum où j’ai été évacué par la suite que j’ai vu un gendarme débarquer tout en pleurs. On m’a informé de la mort du Commandant Tamsir Sané. Je ne pouvais plus retenir mes larmes, parce que c’est moi qui ai couru jusque dans leurs locaux pour les informer.”