Le procureur a requis hier, trois ans d’emprisonnement ferme contre Abdoulaye Cissokho alias Abdourahmane Camara, jugé pour blanchiment d’argent et escroquerie au préjudice de son amante, Lala Guèye. Le prévenu qui risque également la confiscation de ses deux maisons et deux véhicules, connaîtra son sort le 10 mars prochain.
La dame Lala Guèye a été victime d’une arnaque sentimentale. C’est au moment où elle s’apprêtait à vendre la maison de ses parents à un voisin d’Abdoulaye Cissokho que ce dernier s’est présenté à elle sous le nom d’Abdourahmane Camara. Au cours de leur idylle qui a démarré au mois de février 2021, l’escroc présumé lui confie 50 millions FCFA. Quelque temps après, il récupère ledit montant et lui offre 100.000 francs. Courant mai de la même année, Lala Guèye vend la maison à 93 millions FCFA. Sachant qu’elle a gagné la confiance de son amante, Abdoulaye Cissokho lui emprunte 50 millions FCFA le 1er juin. « Je lui ai remis ladite somme dans mon appartement. Il devait me payer dans un délai de 72h. Le lendemain, il me réclame 3,5 millions, puis 10 millions francs sous prétexte qu’il devait faire des sacrifices pour notre projet de mariage. Je lui ai remis ces 13,5 millions dans mon véhicule à Castors », a raconté la partie civile hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Après sa prouesse délictuelle, le mis en cause avait disparu dans la nature. Déboussolée, Lala Guèye dépose une plainte le 7 juin. « Il m’avait abordée à quelques encablures de notre domicile. Ce n’est qu’à la Division des investigations criminelles que j’ai su qu’il s’appelle Abdoulaye Cissokho. J’avais perdu toute lucidité au moment où je lui remettais les 63,5 millions francs. Il m’avait envoûtée avec mes chaussures qu’il avait volées », a-t-elle soutenu.
Poursuivi dans une autre procédure pour escroquerie portant sur 73 millions francs, le prévenu nie tout…
Invité à donner sa version des faits, Abdoulaye Cissokho allègue que c’est la plaignante qui lui avait fait part de son désir de se marier. « Elle m’avait dit qu’elle a divorcé à deux reprises, mais elle n’a jamais eu d’enfant. Elle avait par la suite dupliqué la clef de son appartement pour me permettre d’y accéder à tout moment. On avait un projet de mariage », a confié le polygame, marié à deux épouses. Né en 1974, il déclare que sa victime lui a remis 6,5 millions francs. « Elle m’avait demandé de lui trouver des marabouts parce qu’elle avait un différend avec ses frères et sœurs », a-t-il indiqué.
S’agissant du chef de blanchiment d’argent, le prévenu a nié être propriétaire de deux maisons à Fann et Point E. Se disant entrepreneur, il ajoute qu’il a acquis ses deux véhicules de marque Renault depuis belle lurette.
Lors de la perquisition de son domicile, sis à la Médina, les enquêteurs avaient saisi deux valises remplies de liasses de papiers, sept portables, 13 puces, le montant de 3,5 millions francs et deux véhicules.
Pour le conseil de la partie civile, les manœuvres ne souffrent d’aucune contestation. « On ne lui connaît aucune activité et il se permet d’acheter deux maisons et deux véhicules. Je suis sûr qu’il a planqué l’argent quelque part », a relevé Me Seck qui a réclamé 83,5 millions FCFA en guise de réparation.
Prenant la parole, le maître des poursuites a révélé que le prévenu n’est pas à son coup d’essai. Il avait escroqué une autre personne de 73 millions FCFA. Pour sa répression, il a requis trois ans ferme et la confiscation de ses deux maisons et deux véhicules.
Me Ousseynou Ngom a estimé que la remise des 63,5 millions francs n’est pas prouvée. Mieux, un prêt n’est pas constitutif d’une infraction. Par conséquent, il a sollicité la relaxe du prévenu.
En détention depuis six mois, Abdoulaye Cissokho sera édifié sur son sort le 10 mars prochain.