“La femme est l’égale de l’homme mais…” (Par Alioune Badiane)

Droits de la femme en Islam – La femme est l’égale de l’homme mais différente de lui

Nous nous proposons de réfléchir à la question de savoir si l’Islam considère que la femme, en tant qu’être humain, est égale à l’homme ou inférieure à lui. Concernant les droits de l’Homme et de la femme, l’Islam a une philosophie spécifique qui lui est propre. Il ne croit pas que, dans tous les cas, l’homme et la femme ont les mêmes droits et les mêmes obligations.
Il ne fait pas de doute que la dignité humaine, ou l’humanité, étant le trait commun entre eux, ils doivent avoir des droits égaux. Mais, est-il nécessaire qu’ils aient aussi des droits similaires ?
L’Islam a observé le principe de l’égalité entre l’homme et la femme, mais il s’oppose à l’uniformité de leurs droits. Le Coran a dit clairement que, dans de nombreux versets, la femme a été créée du genre de l’homme, et que la femme et l’homme ont tous les deux un même caractère inné. En effet, parlant d’Adam, le Saint Coran dit : « Allah vous a créés tous d’un seul être. IL lui en créa sa propre épouse et Il dissémina à partir d’eux des hommes en grand nombre et des femmes… » (S 4 :V 1). Concernant l’humanité en général, il dit : « Il a créé de vous vos femmes » (voir : Sourate al-Nisâ’, Sourate Ale ‘Imran, et Sourate al-Rûm)
Ainsi, le Coran ne dit pas que la femme a été créée d’une matière inférieure à celle de l’homme, ni qu’elle a des défauts de création, ni qu’elle a été créée à partir de la côte d’Adam. Par conséquent, on peut constater que l’Islam n’a pas une position de mépris vis-à-vis de la femme sur le plan de sa création et de son origine. Le Coran a raconté le récit du paradis, mais il ne dit nulle part que Satan ou le serpent a induit Eve en erreur, et qu’Awa a induit en erreur Adam. Il ne la blâme, ni ne l’innocente. Le Coran dit : «Nous avons dit à Adam : Séjourne, toi et ton épouse, au Paradis et mangez-en les fruits » (S 2 : V35). Mais, lorsque le Coran parle des mauvais conseils soufflés par Satan, il met en cause tous les deux : « Satan leur a soufflé de mauvais conseils » (S 7 :V 20).
Ainsi, le Coran est fermement opposé à la fausse affirmation que la femme était la porteuse du péché et qu’elle serait un petit diable, affirmation qui prévalait avant l’époque de la Révélation, et dont l’écho continue de résonner dans différentes parties du monde.
D’autre part, chaque fois que le Coran évoque un grand personnage et un saint, il met à côté de lui une grande dame sainte. Ainsi, il parle avec beaucoup de révérence des femmes respectives d’Adam et d’Abraham, et des mères respectives de Jésus et de Moïse. Et lorsqu’il note que la femme de Noé et celle de Lot n’étaient pas des épouses dignes, il ne manque pas, ailleurs, de nous apprendre que la femme de Pharaon était une grande dame victime d’un mari pervers.
Ainsi, on dirait que le Coran a voulu tenir un certain équilibre entre l’homme et la femme dans les histoires qu’il a mises en scène, et éviter que les héros de ces histoires soient exclusivement des hommes. Parlant de la mère de Moïse, le Coran dit : « Nous avons fait connaître à la mère de Moïse Notre Volonté en [lui] disant : Mets-le dans un panier, et jette-le dans la rivière, afin que les flots le déposent sur la berge » (S 20 :V 39).
A propos de la mère de Jésus, il dit qu’elle avait atteint une si haute position spirituelle que les anges venaient lui parler pendant qu’elle faisait ses actes d’adoration au sanctuaire, et qu’elle recevait ses provisions de bouche de sources surnaturelles. Sa haute position spirituelle avait même déconcerté le prophète de son époque, Zakariyyâ, lequel resta ébahi en constatant que cette Dame jouissait d’un degré de proximité d’Allah qui dépassait le sien.
Il y eut beaucoup de femmes saintes dans l’histoire de l’Islam. Peu d’hommes ont atteint la sublime position de Khadîjah, et aucun homme, hormis le Saint Prophète et l’Imam Ali (Psl), ne pouvait rivaliser avec Fâtimah Zahrâ’ Bintou Rassoul sa haute position. Elle occupa une position supérieure même à celle des prophètes antérieurs et de ses fils qui étaient pourtant les Imams infaillibles successeurs désignés de son père, le Prophète Mohammad (Psl).
L’Islam ne fait pas de discrimination entre l’homme et la femme dans leur cheminement vers Allah. La seule différence que l’Islam a faite entre la femme et l’homme dans leur marche vers la Perfection est qu’il a choisi l’homme pour porter la charge de la prophétie, du message et de la guidance des gens vers le droit chemin. Car il a considéré que l’homme convient mieux à cette tâche. Les plus grands penseurs et spirituels musulmans comme l’Ayatollah Khomeyni ont même affirmé et démontré que « c’est du giron des femmes que les hommes montent au ciel ».
L’amour des femmes a été considéré comme l’un des caractères des prophètes. Par ailleurs, le Saint Prophète (Psl) a dit : « J’aime dans la vie d’ici-bas trois choses : le parfum, les femmes et la prière qui est la prunelle de mon œil ». L’Islam considère le mariage comme étant sacré et le célibat comme une attitude blâmable. Bertrand Russell soutient : « Toutes les religions, l’Islam mis à part, regardent les relations sexuelles avec suspicion. En revanche, l’Islam, soucieux de l’intérêt social, les a régularisées et restreintes, sans toutefois les considérer comme un acte bas ».
Pour Allah, l’homme et la femme ont été créés pour servir l’un l’autre. En effet, le Coran dit : « Les femmes sont un habillement pour vous [les hommes] et vous êtes un habillement pour elles » (S 2 : V 187). Et a souligné que la femme est une bénédiction pour l’homme, la source de son confort et de sa tranquillité de l’esprit. « Parmi les signes d’Allah : Il a créé pour vous […] des épouses, afin que vous reposiez auprès d’elles, et Il a établi l’amour et la bonté entre vous » (S 30 : V 21).
L’Islam a attaché une grande importance à la question du mariage dans son système social. Il ne prescrit pas une vie monastique ou retirée. Au contraire, il encourage le mariage, car il est l’une des sunnah (traditions) du Prophète (Psl). Certes, le mariage doit être, à la base, permanent. Si les deux parties ont les moyens de contracter un mariage permanent, qu’elles ont une confiance totale l’une en l’autre, et qu’elles décident d’être l’une à l’autre définitivement, il ne fait pas de doute qu’elles doivent s’engager dans un mariage permanent. Cependant, le mariage permanent ne peut, à lui seul, répondre à tous les besoins de l’humanité dans toutes les circonstances. La limitation du mariage à sa forme permanente seulement conduit soit à une vie d’ascète temporaire soit au communisme sexuel.
Ainsi, la loi du mariage à durée déterminée a été promulguée par Allah dans la sourate « Les Femmes » au verset 24 à cause de l’insuffisance du mariage permanent pour la satisfaction de tous les besoins de l’humanité. En autorisant le mariage temporaire ou à durée déterminée, l’Islam a protégé la femme contre son exploitation par l’homme. L’Islam a, d’autre part, interdit à la femme de recourir à des moyens déshonorants pour gagner sa vie.
Dans un mariage permanent, aucun des deux époux ne peut fuir la responsabilité de la mise d’enfants au monde, alors que dans le mariage à durée déterminée, les deux conjoints sont libres à ce sujet. La femme n’a évidemment pas le droit d’empêcher son mari de jouir d’elle sexuellement, mais elle peut prendre toutes les précautions pour prévenir tous risques de grossesse. D’ailleurs, ce problème est tout à fait résolu avec le développement des méthodes contraceptives modernes. Ainsi, dans le mariage à durée déterminée, si le mari et la femme sont tous deux disposés à avoir des enfants, ils le peuvent, à condition d’accepter la responsabilité de les élever.est évident que, sur le plan de l’affection naturelle, il n’y a pas de différence entre un enfant né d’une mère mariée d’un mariage permanent et un autre né d’une femme mariée temporairement. Si le père ou la mère omet de s’acquitter de son devoir envers l’enfant, il appartient à la loi de l’obliger à assumer ses responsabilités, exactement comme elle le fait lorsqu’elle intervient en cas de divorce. Si le mari et la femme ne désirent pas avoir d’enfants, et qu’ils veulent seulement satisfaire leur besoin sexuel à travers le mariage temporaire, ils doivent éviter d’en concevoir. C’est ce que les juristes chiites veulent dire lorsqu’ils indiquent que le but du mariage permanent est l’acceptation de la responsabilité d’élever des enfants, alors que celui du mariage temporaire est la satisfaction d’un besoin sexuel naturel.
Allah a établi l’égalité entre l’homme et la femme en ces termes : « O gens ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle […] Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux d’entre vous…» (S 49 : V 13).
Le point de vue de l’Islam est que, étant donné que la structure et la nature de la femme sont différentes de celles de l’homme, il s’ensuit naturellement que beaucoup de droits, de devoirs et de sanctions qui sont attachés à l’un et à l’autre diffèrent. Par conséquent, le point de divergence entre les partisans des droits islamiques et les partisans des systèmes occidentaux dans nos pays musulmans est la question de la similarité des droits de l’homme et de la femme, et non pas la question de l’égalité de leurs droits.
Il est essentiel que la position de la femme, telle qu’elle prévaut dans nos sociétés, soit revue et que les innombrables droits que l’Islam lui a garantis, mais qui ont été bafoués à travers l’histoire, soient restaurés. En tout cas, nous ne devons pas imiter aveuglément le point de vue des oulémas s’ils sont contraires au Coran, ni le mode de vie occidental qui a eu des conséquences catastrophiques en Occident même. Ce que nous affirmons, c’est que la non-similarité des droits entre l’homme et la femme, dans les limites qu’exige la disparité de leurs natures respectives, est plus conforme à la justice et que les musulmans doivent retourner aux enseignements originels de l’Islam sauvegardés par les Ahloul Bayt, héritiers du Message du Prophète (Pst et sa famille) qui a dit dans son testament : « Je laisse parmi vous le Coran et les membres de ma famille qui ne se sépareront jamais et me retrouveront ensemble au bassin du paradis ».
Alioune Badiane
Professeur d’Histoire et de Géographie
Bureau des affaires religieuses de l’Institut Mozdahir International

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