L’élection présidentielle de 2024 est déjà au centre de la vie politique nationale. La majorité présidentielle se prépare au troisième mandat du président de la République sortant et/ou à des candidatures alternatives. Les responsables politiques, candidats-présidents à la dernière élection présidentielle de février 2019 se réclamant de l’opposition, amorcent eux une dynamique de regroupements pluriels obéissant à des affinités et à des critères variant en fonction des appartenances idéologiques et des préoccupations communes face à l’adversaire exerçant le pouvoir étatique. Les alliances politiques et électorales victorieuses dépendront des programmes et des capacités des leaders à trouver les meilleures alliances électorales aux prochaines locales et aux législatives.
Les candidats- présidents à la dernière présidentielle et les potentiels candidats en 2024 se préparent activement. Ils se sont presque passé le mot. Une présidentielle se prépare dans la durée. C’est probablement un des enseignements majeurs de la dernière victoire du candidat de la majorité présidentielle actuelle. Le président-candidat a mis toute action politique et sa gouvernance au service de sa reconduction à la tête du Sénégal.
La deuxième leçon non moins importante résiderait dans la préservation de l’alliance politique entre le président de l’Alliance pour la République et ses alliés, singulièrement les responsables du Parti socialiste et de l’Alliance des forces de progrès. Le candidat à sa propre succession a mis le contrôle de la machine étatique, son alliance stratégique et son pouvoir personnel au service de sa campagne électorale permanente pour la préservation du pouvoir.
À l’opposé de cette stratégie sur le long terme, les acteurs de l’opposition n’ont pu nouer une alliance stratégique capable de rassembler ses forces politiques et sociales autour d’un leader, d’un programme électoral et d’une volonté commune de prendre le pouvoir pour gouverner ensemble. L’éclatement et la dispersion ont rythmé plutôt l’évolution des regroupements des adversaires du régime. En dépit des exigences de l’opposition en matière de recherche de consensus politiques électoraux dans l’organisation de la présidentielle, son déroulement ou du code électoral, la majorité présidentielle parviendra à contenir la pression de la rue et à anéantir l’impact des marches de ses adversaires.
Tout laisse croire que la perspective d’un troisième mandat du président en exercice est une hypothèse de campagne politique. Elle est probable. Le président de la République sortant en 2024 est un candidat potentiel. Des franges significatives du parti présidentiel et de son alliance stratégique seraient favorables à l’idée. Le candidat ne s’oppose guère personnellement à cette éventualité. Une autre alternative est également du domaine des possibles. L’Alliance pour la République et la coalition Benno bokk yakaar pourraient poursuivre le compagnonnage au-delà de 2024. La majorité présidentielle pourrait ainsi trouver un consensus politique, une stratégie unitaire pour proposer un candidat commun.
Face à ces deux hypothèses d’école, les partis se réclamant de l’opposition affichent pour l’instant divers pôles politiques en gestation. Ces regroupements obéissent à des liens relevant des affinités, des appartenances idéologues, des programmes consensuels et des préoccupations démocratiques de l’heure. Le Parti démocratique sénégalais occupe une place singulière dans ce processus de reconstruction et de recomposition des forces de l’opposition. Les libéraux discutent avec le président de la République et chef de la majorité présidentielle, tout en restant ancrés dans les rangs de l’opposition.
Certains candidats présidents, notamment celui de la coalition Idy- Président, de Sonko Président, privilégient respectivement des alliances politiques et électorales avec les sensibilités libérales traditionnelles, les sensibilités de gauche socialiste et de l’extrême gauche traditionnelle. Il existe pas réellement une alliance stratégique propre de l’opposition. Elle se cherche.
La majorité présidentielle bénéficie d’un avantage. Elle dispose d’un appareil fonctionnel susceptible de porter toutes ses batailles électorales futures. L’opposition ne dispose pas d’un appareil effectif capable d’unir ses forces aux prochaines joutes électorales : locales, législatives et présidentielles.
Dans ces conditions de l’unité de la majorité et de dispersion de l’opposition, il ne fait l’ombre de doute que le dialogue national et les conclusions de ces échanges peuvent avoir un impact sur les stratégies politiques et électorales en cours.
Le pouvoir peut sortir grandi par un consensus politique en matière de gouvernance politique et économique s’il réussit à créer les conditions d’un élargissement de sa base électorale et de son influence dans les rangs de l’opposition modérée et de l’opinion publique nationale. L’échec du dialogue national peut toutefois renforcer la crédibilité de l’opposition radicale et affaiblir la majorité présidentielle. Quelles que soient les conclusions issues de ce dialogue national, les élections locales seront une épreuve électorale. Les acteurs politiques auront au moins une idée de la pertinence ou non des stratégies politiques et électorales devant conduire à la présidentielle de 2024.