Depuis le mois d’octobre 2018, la Centrale électrique de Bargny d’une capacité de production de 125 MW, fournit de l’électricité à la Senelec qui en vend à ses consommateurs. En 2009, la production a été interrompue pendant quelques mois, afin d’effectuer des travaux de maintenance corrective. Depuis le mois de novembre 2019, la Centrale est de nouveau fonctionnelle et produit à un coût faible de l’électricité que la Senelec revend à ses consommateurs. En activité, la Société nationale d’électricité refuse de payer ses factures allant jusqu’à 47 milliards.
Par Pape moussa TRAORÉ
La Centrale électrique de Bargny en reprise d’activité depuis novembre 20199, et à qui la Société nationale d’électricité (Senelec) refuse de payer ses factures, est plombée à travers la Compagnie d’Électricité du Sénégal (Ces), gestionnaire de l’infrastructure énergétique ; ce qui impacte ses nombreux collaborateurs dès lors plongés dans une crise financière sans précédent.
C’est ce qui a poussé les responsables de cette structure à faire appel au gouvernement afin d’exiger de la Senelec le respect de ses engagements contractuels et de s’acquitter de ses dettes envers le fournisseur d’électricité qu’est la Centrale. En effet, celle-ci qui a démarré ses activités en octobre 2018, est client de la Senelec depuis octobre 2018 jusqu’en juillet 2019. Dans cet intervalle, la Centrale a fourni à la Senelec 400.000 MW valorisés à 40 milliards Cfa. Une production que la Senelec a distribué aux consommateurs sénégalais, mais, informe Malick Seck, administrateur général adjoint de la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), la Société nationale d’électricité n’a pas encore payé à la Centrale cette production consommée.
L’administrateur général adjoint de ladite Centrale affirme qu’entre octobre 2018 et juillet 2019, 17 milliards de facturation sont en instance auprès de la Senelec et ne sont toujours pas acquittés. Et entre juillet et novembre 2019, il y a eu des interventions d’entretiens auprès de la Centrale pour maintenance, et à partir du 27 novembre 2019, la Centrale a repris son activité de production d’électricité en redevenant disponible.
«À partir de cette date, nous avons fait appel à la Sénélec pour pouvoir reprendre, mais jusque-là, il n’y a pas eu de compromis par rapport à ce redémarrage. Comme le contrat prévoit que la Centrale est disponible, le compteur de facturation redémarre. Donc, cela veut dire que de novembre 2019 à fin juillet 2020, la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces) a envoyé à la Sénélec environ 30 milliards de facturation en plus des 17 milliards ; ce qui fait un total de 47 milliards», a fait savoir Malick Seck, dans la matinée d’hier, en fin de visite des journalistes accueillis pour la première fois sur le site.
Pour rappel, ajoute ce dernier, en termes d’investissement, la Centrale, en chiffre, pèse 245 millions d’Euros (160 milliards Cfa) dont 66 milliards en fonds propres. «Pour faire un chiffre d’affaires mensuel d’environ 3,6 milliards, cela peut expliquer actuellement le solde dû à la Sénélec. Et pour donner plus de détails, ce contrat lie les deux sociétés pour 25 ans ; et quand on parle de 47 milliards dus, c’est l’interprétation du contrat par rapport à la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces). À la date d’aujourd’hui, le contrat prévoit la mise en place d’un comité d’exploitation qui doit régler les problèmes liés au contrat, et pour mettre en place – si besoin – des avocats pour corriger les défaillances du contrat. Depuis le début, nous avons noté pas mal de défaillances par rapport à l’interprétation du contrat, d’où viennent les problèmes. Cette Centrale est la seule unité qui fait 125 MW», a-t-il expliqué.
En effet, poursuit-il, «la Senelec devait mettre à la disposition de la Centrale une lettre de crédit d’environ 6,5 milliards pour couvrir une éventuelle défaillance ; ce qui n’a jamais été fait. Depuis le début, sur un dû d’environ 14,5 milliards, la Senelec n’avait remboursé que 13 milliards. Mais la vraie facturation est la capacité. Depuis octobre, ce sont les actionnaires qui assurent les dépenses de la centrale en attendant la réaction de la Senelec».
D’un autre côté, selon, Hiba Sabbagh, l’administratrice de la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), le contrat d’achat d’énergie prévoit des procédures ; si les parties ne sont pas d’accord. «La première étape c’est de se rencontrer dans ce comité d’exploitation. Et après, il faut exploiter les autres solutions. Nous avons fait appel à l’État du Sénégal qui garantit les obligations de paiement de la Senelec ; on a eu à prendre ce recours pour demander à quelqu’un d’intervenir : Habib Haïdara, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Senelec. Il avait dit sur un plateau de télé que la Centrale était défaillante ; donc je suis dans l’obligation de rétablir les faits», a-t-elle souligné.