Le Président de la République, Macky Sall, est désormais rattrapé par la vérité des prix et les réalités économiques sénégalaises. La flambée vertigineuse des prix des denrées de base, des produits pharmaceutiques et les intrants de nombreux produits commerciaux importés constitue une tendance lourde au cœur du second mandat présidentiel. Les consommateurs trinquent dans le commerce informel, dans les activités de commerce des quartiers et devant les pharmacies. Beaucoup de Sénégalais démunis finissent par rendre l’âme. D’autres tirent le diable par la queue. Le plus dur est à venir.
La Bourse familiale et le paquet de mesures sociales dans le domaine de l’accès aux soins de santé de base, à l’éducation, à des routes acceptables et à des activités génératrices de revenus, ont servi de parent social ou soupape de sécurité au gouvernement néolibéral de la seconde alternance sénégalaise. Ces mesures sociales ont ainsi couvert le discours des politiques sociales de la “majorité présidentielle” qui aspirait très fortement, il y a sept (7) mois, à un second mandat. Cet épisode est déjà derrière nous, le candidat-président à sa propre succession à nouveau investi. Évidemment, personne ne songe à couper brusquement les robinets sociaux gouvernementaux. Tout laisse donc croire que la majorité politique va probablement redéfinir sa politique sociale, en tenant compte des réalités économiques nouvelles, des capacités financières actuelles de l’État et des exigences macro-économiques des partenaires techniques et financiers du Sénégal.
Dans ce contexte, la réduction du train de vie de l’État qui commence, témoigne des difficultés du gouvernement à financer le fonctionnement des services publics et sa politique sociale électoraliste. Les budgets de l’Administration centrale vont subir des coupes claires à cause certainement des difficultés de trésoreries structurales liées à la lenteur de la mobilisation des ressources internationales escomptées. Les indices des prix à la consommation courante, ouvrent, à n’en pas douter, une perspective de rupture radicale dans la gouvernance de l’économique et du tout social. Les consommateurs sénégalais, à peine sortis du mois de Tabaski, l’une des fêtes religieuses et traditionnelles les plus coûteuses, entrent avec l’hivernage, dans l’ère de la vérité des prix des biens de consommation de masse.
Aucun produit local ou importé n’est épargné par le cycle pernicieux de ce retour en force du libéralisme sauvage. Nous sommes presque dans une période de soudure de l’économie réelle et celle des familles les plus fragiles. Dans le contexte de l’hivernage, les paysans n’ont absolument rien dans les greniers. Ils n’ont rien à manger en attendant des récoltes bien hypothéquées dans de nombreuses régions du Sénégal. Les travailleurs salariés du secteur formel ou informel n’ont, non plus, de ressources financières ou de réserves pendant cette période de vacances tirant à sa fin. La peur de la rentrée scolaire se lit sur les visages des parents, des enseignants et des travailleurs. Le gouvernement vient de renoncer d’envoyer les nouveaux bacheliers dans les établissements privés. Un aveu d’impuissance de taille ! Les budgets du système éducatif auront à faire à des contraintes majeures. Le gouvernement a choisi de laisser les prix monter. Il doit se conformer au libéralisme et à son esprit. Dans certains cas, les prix passent du simple au double. Tout est prétexte pour grignoter le prix des denrées de première nécessité : le fer, le ciment, l’eau, l’électricité et le transport.
Ce qui se passe dans le secteur de la santé mérite d’être relevé. Les malades sénégalais capables de payer une consultation d’un médecin privé et d’acheter une ordonnance pour soigner le Paludisme, la Grippe, les maladies courantes se comptent sur les doigts d’une main. Mourir est devenu simplement banal pour les enfants, les personnes du troisième âge et les femmes en état de grossesse. Comment le Sénégal a pu basculer dans cette tragédie massive ? Dans les villes et dans les campagnes ?
Que dire de la nutrition de la famille sénégalaise ? Elle n’a jamais été aussi pauvre cette alimentation familiale. On se limite dans de nombreux cas au strict nécessaire pour avoir à consommer un repas par jour. La flambée des prix va ainsi aggraver les conditions des populations les plus pauvres. Elles ne pourront ni se soigner, ni manger à leur faim. La politique de la vérité des prix est l’autre versant de la politique économique néolibérale peu soucieuse de l’état réel de l’économie du pays et de la santé morale, physique ou financière des populations.