L’Alliance pour la République plombée ?!!! (Mamadou SY Albert)

Le changement par la gouvernance “sobre et vertueuse” se conjugue désormais à une situation de malaise institutionnel très profond dans les rangs de l’Alliance pour la République et la majorité présidentielle. Du moins, depuis quelques mois. En effet, le parti présidentiel et ses alliés affichent, en apparence, une déroute sans précédent depuis l’accession du président de la République au pouvoir en mars 2012. La seconde alternance est ainsi quasi plombée par une crise d’orientation politique et économique. Dès lors, l’avenir du second mandat présidentiel suscite bien des interrogations, quant aux capacités des républicains et leurs compagnons à gouverner plus longtemps le Sénégal, dans l’unité et la sérénité.

Un vent d’un malaise institutionnel souffle de plus en plus dans les rangs de la majorité présidentielle. L’Alliance pour la République, le parti présidentiel, la composante majeure de la majorité gouvernante, offre à l’analyse, l’image la plus concrète de ce climat de malaise de la gouvernance républicaine dans un état de décrépitude du parti présidentiel. Les querelles entre militants et responsables républicains se cristallisent en fonction de clivages de proximité politique et de complicité avec le Palais présidentiel et son maître.

Les nouveaux militants et responsables, parmi les accompagnateurs auto proclamés du chef de l’Apr, d’un côté, et de l’autre, les anciens compagnons du président de l’Alliance pour la République et co-fondateurs de l’Alliance pour la République, bannis de l’entourage présidentiel, se mènent désormais une guerre ouverte sans merci. Derrière ces clivages et positionnements clientélistes – classiques, du reste, au Sénégal, puisque ces adversités sont nourries assez souvent par des intérêts crypto-personnels et des positionnements saisonniers à l’intérieur du pouvoir – d’autres clivages plus politiques se dessinent à l’horizon du futur de l’Alliance pour la République.

Ces conflits politiques, plus complexes que les conflits affectifs et alimentaires, sont pour le moment invisibles de l’intérieur du pouvoir. Il n’en demeure pas moins que ces conflits, d’essence politique, existent et ils vont se développer, en raison de l’évolution rampante du malaise institutionnel républicain et de l’impact de celui-ci dans la gouvernance républicaine. La probabilité d’un troisième mandat présidentiel est l’une des sources nourricières de ces conflits politiques à hauts risques. Ils sont capables de faire imploser le parti présidentiel…

En dépit de la volonté du président de la République de ne point aspirer, dans l’état actuel des choses, à un troisième mandat – qui reste une question ouverte -, certaines franges de l’Alliance pour la République ne cachent plus leur opposition à cette option suicidaire des républicains, assoiffés par la préservation du pouvoir. Ces acteurs encagoulés, pour le moment sous les masques du rejet de principe au probable troisième mandat, ne partagent point, pour des raisons différentes, l’idée d’un troisième mandat. Les adversaires de cette perspective sont partagés entre le respect de la Constitution, le choix des républicains d’un successeur légitime du président de la République sortant, les risques d’instabilité induits et les ambitions présidentielles non avouables de certaines responsables de l’Apr. Le président de la République observe ce qui se trame.

Les franges hostiles au troisième mandat sont, pour l’instant, dans une posture attentiste. Tous attendent le président de la République. C’est lui qui devra déclencher les hostilités. Par contre, les partisans du troisième mandat sont à l’œuvre dans les cercles politiques restreints. Ils se préparent à porter cette candidature. L’Alliance pour la République est ainsi plombée par des conflits internes multiformes.

Le Benno bokk yakaar est pour le moment meurtri par les batailles internes du parti présidentiel. La coalition politique soutenant l’action du président de l’Alliance pour la République se réfugie pour mieux masquer sa gêne dans la préservation de son unité et la mise en œuvre du programme électoral de son candidat réélu en mars 2019. Est-ce de l’utopie ou de l’opportunisme ?  C’est le réalisme politique, diront certains. Le doute se propage toutefois, au sujet des intentions du Président de la République, Macky Sall. L’unité affichée par le Benno bokk yakaar serait une unité diplomatique de façade. Il ne fait l’ombre de doute que des franges importantes de cette coalition ne sont pas favorables à un troisième mandat du Président de la République en exercice.

Pendant que le parti présidentiel et la coalition soutenant l’action du Président de la République en exercice entrent dans cette phase politique critique, susceptible de faire éclater à tout moment l’Apr et le Benno bokk yakaar, la gouvernance économique du Sénégal dessine les contours d’un nouveau tournant. L’augmentation du prix de l’électricité est un des signes annonciateurs du retour quasi inéluctable de la vérité des prix des produits de consommation de masse. Les denrées de première nécessité pourraient subir des hausses significatives dans les prochains jours de la fin de l’année et au cours des prochains mois. La page de la gouvernance sobre et vertueuse cède progressivement place à des scandales politiques, financiers et à une gouvernance sombre de la corruption économique, des mœurs politiques et culturelles, de plus en plus décriée par la société civile et l’opinion publique nationale.

 

 

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