L’Arnaque économique du capital privé international (Mamadou Sy Albert)

Une des modalités de la mondialisation dans l’économie de marché se traduit sous la forme d’une coopération indispensable  entre le public, incarné par l’État central et ses démembrements, et les firmes privées internationales couvrant tout le domaine des affaires mondiales non-étatiques.
Un véritable réseau d’arnaque animé et porté par les groupes privés du capital financier international ou la haute finance mondiale. Le Sénégal fait les frais de cette option suicidaire d’avoir à les solliciter dans des secteurs stratégiques de son économie : la gouvernance du pétrole, du gaz, de l’or, de l’eau, de l’électricité, du zircon etc.
Le Président de la République, Macky Sall, réelu en février 2019, fera sans aucun doute  face à l’une des épineuses questions -le protectionnisme  (ndlr)- de l’actuelle économie mondialisée. Il s’agit, en l’occurrence, des relations de coopération entre le public et le  privé international.
La seconde alternance a bâti toute sa stratégie de développement et la politique d’émergence autour de ce partenariat (PPP), fragile, entre le Sénégal et les acteurs de l’économie mondialisée.
À ce titre, tous les grands travaux d’intérêt national dans le domaine des infrastructures routières, des constructions immobilières,  l’accès aux besoins primaires de base leur sont destinés. C’est le cas notamment, de  l’eau, de l’électricité, de la communication, de l’éducation de base. Ce partenariat est régi par cet esprit de coopération entre l’État et ses partenaires techniques et financiers internationaux qui régulent l’Aide publique au développement (Apd).
Cette modalité de coopération de l’État, se recentrant désormais sur sa fonction de partenaire participant acceptant les règles du jeu des plus puissants que lui, n’est pas sans risques dans l’exercice effectif de la souveraineté politique et économique.
Bien au contraire ! Le privé international remplace à la limite l’État central là où celui-ci manifeste des failles dans ses fonctions cruciales et souverainistes de défense des intérêts du pays et des populations. Ce sont les bailleurs de fonds qui définissent en réalité les politiques publiques, leur mise en œuvre et le contrôle de leur exécution, conformément aux règles du libre échange dans un marché mondialisé.
Ils sont plus équipés que les États africains en termes de capacités d’étude, d’expertise, de liberté d’action, de mouvements et bien dotés en ressources humaines et financières.
Le débat public au sujet  de la souveraineté de l’État, des intérêts du Sénégal et la protection du secteur privé national, illustre depuis quelques années, les conséquences  de cette modalité sur la gouvernance des affaires publiques et privées. Le Sénégal vit au rythme de la controverse d’un abandon de la souveraineté, de suspicions de corruption et de mal gouvernance.
L’irruption de la chaîne britannique BBC au cœur de cette controverse de la gouvernance économique sous le règne du Président de la République, Macky Sall, donne à la question une nouvelle tournure internationale. Le Sénégal est désormais entré dans le cycle ouvert par de nombreux pays africains instables et à risques. Ils sont sous la surveillance des médias et de l’opinion publique internationale.
Les Sénégalais se posent naturellement des questions légitimes, voire pertinentes sur la transparence de la gestion du pétrole, du gaz et des ressources énergétiques du pays. L’État du Sénégal dispose-t–il, d’une stratégie autre que la soumission aveugle face aux privés internationaux ? La gouvernance du pétrole et du gaz obéit-elle à la transparence et aux intérêts du pays ? Quels sont les liens entre le frère du président de la République, Aliou Sall avec le privé international en général, et singulièrement, avec Frank Timis  et les autres repreneurs des actions de cette dernière société ?
Ces questions ouvertes, gênantes, n’ont pas encore de réponse satisfaisante. Le Sénégal est pris ainsi dans le piège de la modalité de la coopération entre l’État et le privé international. Ce mécanisme relève de l’arnaque du capital privé international, toujours plus puissant et plus déterminé à contrôler les ressources du Sénégal.
Le capital privé international a mis la main sur la gouvernance politique et la gouvernance économique des États faibles économiquement et peu indépendants de la finance internationale.
Les chefs d’État africain constituent des acteurs complices de ce deal mondialisé. Le Sénégal ne peut être une exception à cette règle de conduite. Les acteurs du privé international ont les moyens techniques d’exploiter les matières premières et de les transformer. Ils dictent alors la loi du marché  aux États affaiblis et aux acteurs du privé national réduits à de simples clients et d’intermédiaires internationaux.

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