L’avant-goût d’une révolte sociale et sportive (Mamadou SY Albert)

Les interdictions récurrentes des marches et des rassemblements pacifiques, la hausse effective du prix de l’essence et les hausses potentielles de plusieurs denrées de première nécessité, constituent une menace très  sérieuse à la paix sociale. L’échec précoce de l’Équipe nationale serait, dans ce contexte social explosif, le détonateur d’une révolte sociale et sportive.
L’interdiction, la semaine dernière, du rassemblement de la société civile n’a pas réellement surpris ses organisateurs. C’est la deuxième manifestation interdite en deux  semaines. Probablement, d’autres manifestations seront interdites au regard du réchauffement du front social.
La volonté des pouvoirs publics de contenir  le mouvement de protestation sociale nourri et alimenté par tous ceux qui réclament la vérité au sujet de l’affaire Pétro Tim et des contrats pétroliers et gaziers, est à l’origine de cette tension persistante entre le pouvoir et les acteurs de la société civile.
La crispation du climat social et politique, les frustrations et le sentiment de révolte, seront des corolaires des interdictions.
La société civile est plus que jamais déterminée à faire valoir ses droits constitutionnels. Elle exige également, une bonne gouvernance transparente des affaires publiques.
Ce contexte conflictuel met ainsi à l’ordre du jour la remise en cause des libertés publiques fondamentales et la volonté suspecte du gouvernement d’enterrer dans l’œuf l’affaire Pétro Tim, les contrats pétroliers et gaziers.
La hausse effective du prix de l’essence et  ses effets potentiels à moyen, court et long terme sur le transport et les denrées de première nécessité, se conjugue à une psychose populaire. La flambée des prix constitue une source majeure à la fois de l’instabilité et de la révolte sociale.
Les syndicats des travailleurs, singulièrement, ceux des enseignants et des secteurs affectés par la crise, sentent se profiler à l’horizon la dégradation des conditions de travail.
Les enseignants sont en ordre de bataille pour dénoncer le blocage systématique des salaires et l’absence d’une volonté de l’État  pour le respect des engagements pris et le coût de la vie qui pourrait se renchérir.
La coupe d’Afrique représente probablement une bouffée d’oxygène pour le gouvernement confronté aux remous de la société civile et des syndicats. Elle constitue pour le moment, un moment de fête pour la jeunesse sénégalaise et pour tous les férus du ballon rond.
Ce qui se dessine à l’horizon de l’Équipe nationale inquiète toutefois plus d’un observateur de la société sénégalaise entrant dans une zone d’instabilité sociale et politique.
Les pouvoirs publics ont entretenu consciemment ou non, l’illusion populiste à souhait avant le démarrage de ce grand rendez-vous de l’élite sportive africaine. On a laissé croire que les Lions sont les meilleurs du continent. Le trophée est à portée de leurs mains. Les Lions font en promenade de santé.
Les Sénégalais chauffés à bloc attendaient  ainsi paisiblement le trophée de la coupe du continent noir à Dakar et dans les régions de l’intérieur. Le rêve s’est brisé en 90 minutes dès la défaite de l’Équipe nationale face à l’équipe algérienne.
Cette dernière est plus titrée, plus compétitive et plus engagée mentalement que l’Équipe nationale. Les citoyens découvrent l’évidence par eux-mêmes. Le cauchemar est dès lors du domaine des possibles.
À quel moment les Lions quitteront la compétition africaine ? Les premiers résultats des matchs de poule laissent bien penser que la lutte pour l’entrée des Lions dans le carré des As sera rude et hypothétique.
Le sort de l’équipe sénégalaise dans la suite de la compétition dépendra sans aucun doute, des capacités techniques, tactiques et du mental de fer des joueurs. Il faudra prouver sur le terrain, mais également, beaucoup de chance.
Le gouvernement et les responsables du foot national ont manqué de prudence, de sérénité et de vision prospective dans l’approche de la Can. Ils devront à présent se préparer à gérer l’inattendu pour ne pas dire, une déroute nationale.
La défaite sera une source inéluctable de  colère populaire. Elle pourrait jeter de l’huile sur les braises des manifestations interdites, la hausse des prix des produits première nécessité et l’opacité judiciaire dans l’affaire de Pétro-Tim et les contrats pétroliers et gaziers.

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