Le Cnra fait un «procès» aux médias

Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a déposé son rapport qui couvre les années 2018-2019 sur la table du président de la République. Dans ce document on peut relever diverses observations faites à l’endroit des médias. Pour l’essentiel, ces remarques formelles portent sur les supports médiatiques ainsi que le contenu de leurs programmes, tout en tenant compte des thématiques développées ainsi que les tranches d’âges de leur audience aux heures de diffusion préférées. Cependant, le Conseil n’a pas manqué de mettre le holà sur certaines violations qui sont dirigées contre un public jeune avant d’attirer l’attention par une mise en garde quant à l’observation de l’éthique et de la déontologie dans la profession. 

 

Par Babacar Justin MBENGUE

 

Format des programmes et diffusion

À partir d’une représentation globale via une projection visuelle des formats d’émissions audiovisuels, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a indiqué dans son rapport 2018-2019 que les «Magazines» restent plus nombreux à la télévision qu’à la radio. Quid des «Débats » ? Le rapport estime qu’ils constituent une part importante dans les programmes des structures audiovisuelles. D’où il en découle que la religion se positionne en occupant une place considérable. Ce qui se traduit par plusieurs formats comme les causeries, les tribunes et forums téléphoniques, et d’autres cadres dédiés à l’information religieuse.

 

Divertissement, politiques et émissions société bien représentés

 

Pour ce qui concerne la diversité des thèmes de manière générale, il est constaté par le rapport que «l’information», «le divertissement» et les émissions de «sociétés» sont fortement représentées dans l’ensemble des programmes. Par ailleurs, d’autres thèmes relatifs à la politique tiennent aussi une place prépondérante et de choix dans les lignes éditoriales. Il faut aussi noter que le diversement programmé est largement en partage, notamment à des heures de grande écoute. Aussi, la plage horaire dédiée aux émissions de «Société» au sens large du terme, s’en trouve particulièrement importante dans la programmation et dans les contenus des éléments diffusés.

 

Culture, environnement, éducation peine à faire surface …La matière culturelle nationale sous représentée

 

D’autre part, souligne le rapport, les thèmes liés à l’histoire en général, à la culture spécifiquement parlant, tout comme les questions liées à la jeunesse ou à l’enfance qui constitue le public jeune, ne sont pas en reste à côté des sujets abordant les femmes sous bien des aspects. Elles sont bien représentées sur le petit écran audiovisuel, mais sous représentées dans la nomenclature des programmes de l’audiovisuel. Car les thèmes marqués avec des centres d’intérêt importants ne les englobent pas par une offre formatée, selon le Cnra. Ce qui aurait eu l’avantage de renforcer la dynamique sociale visant à leur inclusion.

Quant à la programmation sur des sujets vulnérables comme la petite enfance, l’adolescent et autres catégories de groupes sociaux, elle reste vraiment rare dans la périphérie des organes audiovisuels. Toujours d’après le rapport, ceci est dû à l’insuffisance de planification au préalable, dans la création et la diffusion des programmes. Il y a aussi la faiblesse des démarches structurantes pour guider la production et l’exploitation de la matière “culture nationale” qui a provoqué de fortes incertitudes quant à l’avenir de l’écosystème audiovisuel sénégalais.

Selon le Cnra, «la persistance d’ombres dans le savoir-faire médiatique ne participe pas à développer, à conforter une diversité de fonction d’intégration, de préservation et de promotion de l’exception culturelle sénégalaise face aux millions de contenus venus d’ailleurs». Ce qui a le mérite d’être clair vu que la convergence des technologies de l’information et de la communication est un facteur structurant de cette exception culturelle sénégalaise. Le Conseil indique à cette fin qu’«une approche renouvelée de l’agir médiatique a inéluctablement émergé. Celle-ci privilégie, à l’avantage des populations, la proximité au national, le local au planétaire». Ce qui laisse entendre, dans la perception des auteurs de ce rapport, une nécessité de consolidation du patrimoine programmatique national. Ainsi, le Cnra déplore que «le jeune public tout comme certaines minorités vulnérables, n’ont toujours pas une véritable place dans la production audiovisuelle».

 

Non-respect des principes et dispositions juridiques du cahier des charges

 

Selon le rapport, «durant la période d’observation, les manquements relevés ont principalement concerné la protection du jeune public, la place de l’éthique et la déontologie, la publicité et la retransmission de contenus sans autorisation des ayants-droit», souligne le Cnra. Ce dernier trouve qu’il s’agit-là de «violation des dispositions juridiques des cahiers de charges applicables aux éditeurs, respectivement à l’obligation de ne pas inciter à des pratiques ou comportements délinquants ou inciviques et celle de veiller au respect de l’image, de la dignité, de l’honneur et de la réputation de la personne humaine», constate le Cnra dans son rapport 2018-2019.

Restons sur ce rapport, qui revient à la charge pour indexer le non-respect des dispositions relatives à l’éthique et à la déontologie, notamment dans le traitement de l’information. En ces termes, le Cnra fait savoir que : «Dès les premières émissions matinales, particulièrement à la radio, sont véhiculés des thèmes difficiles comme l’évocation de la drogue, du suicide, de l’inceste, de la violence conjugale, de la violence envers les enfants, les infanticides, les meurtres, les actes sexuels», dénonce le Cnra, qui trouve que ces contenus audiovisuels reposant sur des faits sociaux exposent les consciences fragiles et innocentes de l’audimat. Mieux, sous ce rapport, il en déduit que «ceci porte atteinte à la cohésion nationale, à l’intégrité du territoire et au respect des institutions républicaines. Selon le Cnra, un nombre important des contenus programmatiques proposés aux téléspectateurs impacte négativement le public des jeunes adolescents, enfants, et parfois même nourrissons, souvent exposés à la violence des images», souligne le rapport.    

 

 

                                

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