Le Cnra sous Babacar Diagne : Une indépendance décriée !!!

Après la surprenante suspension des programmes de la Sentv, des voix s’élèvent et s’interrogent sur l’indépendance de l’organe de régulation de l’audiovisuel au Sénégal.
Le juriste Seybani Sougou qui rappelle sa contribution en date du 01 janvier 2020, déclare : «Nous dénonçons avec vigueur la mesure liberticide prise par le collège des conseillers du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, suspendant la diffusion des programmes de la Sentv pour une durée de 7 jours (du mardi 31 décembre 2019 à minuit au mardi 7 janvier 2020 à minuit)». Dans la même interrogation, le spécialiste du droit note : «Nous précisions que cette mesure est sélective et ciblait un groupe identifié (D-Media), violant expressément l’article 1er de la Constitution relatif à l’égalité de traitement entre tous les citoyens». M. Sougou de poursuivre : «Nous apportons la preuve formelle que dans cette affaire de suspension de la Sentv, le Cnra est le bras armé du régime et qu’il n’est pas un organe indépendant et crédible. En consultant l’avis trimestriel du Cnra portant sur les mois d’avril, mai, juin 2018, publié le 13 juillet 2018, nous avons pris connaissance de faits d’une extrême gravité qui concernent la Tfm. En effet, dans le chapitre II du rapport, intitulé «Dysfonctionnements et manquements relatifs à l’éthique, à la déontologie, à la publicité et à l’enfance et l’adolescence», il est précisé que pendant l’émission «Wareff Ramadan» diffusée une première fois le 14 juin et rediffusée le 21 juin 2018 sur la Tfm, l’animatrice, avec l’appui des personnes présentes sur le plateau, a converti en direct une jeune dame à l’Islam». Toujours selon Seybani, “sans la même émission, l’animatrice révèle, avec fierté, que presque toutes ces personnes étaient aussi présentes quand elle convertissait une autre enfant précédemment”. Le Cnra concluait en ces termes : «Les manquements constatés par le Cnra dans ces deux émissions sont les suivantes : violation de l’article premier de la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 qui proclame que la République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale ; violation de l’obligation de ne pas inciter à des pratiques ou comportements délinquants ou inciviques et de respecter les différentes sensibilités religieuses des téléspectateurs, proclamée à l’article 20 du cahier des charges applicables au titulaire d’une autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit sénégalais». Seybani Sougou de constater que : «Malgré les charges lourdes, aucune décision de suspension n’a été prise à l’encontre de la Tfm. De qui se moque le Cnra pour faire croire aux Sénégalais qu’il respecte la loi et la fait appliquer ?»
Par ailleurs, le pourfendeur du Cnra cite l’article 26 de la loi n°2006-04 du 04 janvier 2006, portant création du Cnra, pour dire qu’il «n’oblige pas ce dernier à prendre une sanction de suspension partielle ou totale d’un programme». En les citant, Seybani Sougou scande que les dispositions de cet article sont claires : «En cas d’inobservation de la mise en demeure, le Cnra peut prendre une sanction qui peut consister en la suspension totale ou partielle d’un programme». Il en conclut que «la sanction de suspension n’est pas une obligation, mais une simple faculté, une possibilité (il peut=faculté) ne signifie pas il doit (obligation)». Il ajoute : «Ledit article 26 apporte les précisions suivantes : il est tenu, en fonction de la gravité des griefs, de procéder aux sanctions suivantes : suspension d’un à trois mois de tout ou partie des émissions ; sanction pécuniaire de deux à dix millions de francs ; pénalité quotidienne de retard de cent mille francs à cinq cent mille francs Cfa en cas d’inexécution d’une décision du Conseil national de régulation de l’audiovisuel». Seybani de souligner qu’«il n’y avait aucune obligation (la loi ne l’impose pas) pour le Cnra de prendre une mesure de suspension partielle des programmes de Sentv (une mesure radicale, extrême, sélective, liberticide et totalement disproportionnée)». Il cite aussi la loi (article 26) qui prévoit une sanction graduée (pénalité quotidienne et sanction pécuniaire) pour signaler que le «gendarme de l’audiovisuel» viole de manière flagrante, plusieurs dispositions de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006, notamment, dit-il, «l’article 7 qui dispose que le Cnra doit veiller au respect de la loi et à la préservation des identités culturelles, à l’objectivité et au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information véhiculée par les médias audiovisuels». En se référant à l’article 9, Sougou fait savoir que «le Cnra doit veiller au respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et du caractère laïc de la République dans les contenus des messages audiovisuels…». Pour Sougou, avec cette suspension, «le Cnra a failli à sa mission qui est de veiller au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information. La propagande de la Rts, de Le Soleil et de la radio au service du régime de Macky qui constitue une atteinte extrêmement grave et notoire au pluralisme de l’information, ne fait l’objet d’aucune sanction de la part du Cnra qui est aux abonnés absents», écrit M. Sougou qui précise qu’«il ne s’agira de faire la promotion de produits nocifs contre la santé (publicité des produits de dépigmentation)». Mais qu’«une suspension des programmes d’un média de télévision grand public comme Sentv est une mesure ridicule et une atteinte intolérable à la liberté de la presse…».
En citant le célèbre défenseur des droits de l’homme et fondateur d’Africa Jom Center, Alioune Tine, Sougou prône une démarche pédagogique de sensibilisation à privilégier, car plus efficace pour lutter contre l’usage de ce produit nocif «xessal», par les femmes sénégalaises. Il appelle à un soutien total à Sentv, qui doit bénéficier de l’appui des citoyens, de la presse et du Synpics.

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