Le prince Harry met de nouveau en cause l’absence d’empathie de sa famille envers lui ou son épouse Meghan Markle, dans une nouvelle série documentaire consacrée à la santé mentale qui sort vendredi sur Apple TV+.
La mise en ligne de la série intervient au lendemain de la publication d’un rapport mettant en cause les méthodes “trompeuses” d’un journaliste de la BBC pour décrocher, en 1995, une interview avec la princesse Diana, mère de Harry. Le journaliste, Martin Bashir, a présenté ses excuses jeudi.
“Je pensais que ma famille m’aiderait, mais toutes les demandes, les requêtes, les signaux ont rencontré un silence ou une indifférence totale”, explique Harry dans le documentaire, au sujet des difficultés que sa femme et lui ont rencontrées avant la naissance de leur fils, Archie.
Tous deux avaient déjà raconté avoir souffert de troubles psychologiques. Meghan avait même dit avoir songé mettre fin à ses jours en 2019.
Dans cette série intitulée “The Me You Can’t See” (“Le moi que vous ne voyez pas”), qu’il a coproduite avec Oprah Winfrey, Harry dit s’être senti honteux de demander de l’aide à sa famille “parce que, comme beaucoup de gens de mon âge, je savais qu’elle ne m’apporterait pas ce dont j’avais besoin”.
S’il ne fait aucune révélation fracassante, le fils cadet du prince Charles et de Diana porte un nouveau coup à la maison Windsor, déjà ébranlée par l’entretien que Meghan et lui avaient accordé à Oprah Winfrey pour la chaîne américaine CBS, début mars.
“Quand j’étais plus jeune, mon père nous disait, à William et moi: ça a été comme ça pour moi, donc ça sera la même chose pour vous”, raconte Harry, 36 ans, au sujet de l’agressivité des tabloïds britanniques, friands de rumeurs et scandales sur la famille royale.
“Ça n’a aucun sens”, s’emporte le duc de Sussex au sujet de son père, avec qui ses relations sont fraîches. “Ce n’est pas parce que vous avez souffert que vos enfants doivent souffrir aussi. Ça devrait même être le contraire. (…) Faites tout ce que vous pouvez pour transformer en quelque chose de positif les mauvaises expériences que vous avez vécues.”
Opinion publique défavorable
Une majorité de l’opinion britannique a désormais un avis défavorable sur Harry et Meghan, selon un récent sondage de l’institut YouGov, tandis que la cote de Charles est au contraire remontée en flèche. Une partie de la presse britannique accuse le couple de dénoncer le comportement des médias, tout en les utilisant pour faire passer ses messages et redorer son image.
Dans cette série, Harry détaille aussi comment sa thérapie, entamée il y a plus de quatre ans, lui a permis de “briser le cycle” et ne pas revivre ce qu’avaient subi son père et surtout sa mère.
“Faire face”
“C’est (sa) rencontre, puis (sa) relation avec Meghan” qui l’a poussé à chercher une issue aux troubles psychologiques qui le tourmentaient depuis le décès de Diana, en 1997, lorsqu’il avait 12 ans. “Je savais que si je n’entamais pas une thérapie pour aller mieux, j’allais perdre cette femme avec qui je me voyais passer le reste de ma vie.”
Le prince dit avoir ressenti, enfant, de l'”impuissance” à protéger sa mère, perpétuellement pourchassée par les photographes. “J’étais un garçon, mais trop jeune pour aider une femme, ma mère en l’occurrence.”
“La thérapie m’a équipé pour faire face à tout”, dit-il dans la série, qui évoque plusieurs exemples de personnes connaissant des troubles mentaux, notamment ceux du joueur professionnel de basket DeMar DeRozan ou de la chanteuse Lady Gaga.
Peur de “perdre une autre femme dans sa vie”
Le duc et la duchesse de Sussex avaient annoncé, en janvier 2020, leur intention de se mettre en retrait de leurs fonctions royales, à la surprise générale. Le couple a emménagé en juillet dernier en Californie, d’où est originaire Meghan Markle. La rupture est devenue définitive en février 2021, quand la reine Elizabeth II a annoncé que le couple perdrait ses derniers titres.
“Mon plus grand regret”, explique Harry dans la série, “est de ne pas avoir pris position, plus tôt dans ma relation avec ma femme, en dénonçant le racisme” contre l’ancienne comédienne, métisse, dans la presse britannique et sur les réseaux sociaux.
Pour lui, la pression des médias était telle qu'”ils (n’allaient) pas s’arrêter avant qu’elle ne meure”. Harry craignait “de perdre une autre femme dans sa vie”.
Le prince ne revient pas, dans ce chapitre, sur sa propre famille, dont un membre s’était, selon lui, inquiété de la couleur de peau de leur fils avant sa naissance. L’accusation avait secoué Buckingham Palace, le prince William, frère de Harry, montant au créneau pour affirmer que les Windsor n’étaient “pas du tout une famille raciste”.