Le meurtre, le viol, l’agression physique, le vol à mains armées, sont devenus de sérieuses préoccupations des populations sénégalaises. La circulation de la drogue et les saisies de quantités importantes de drogue dure, se double d’une montée en puissance du blanchiment de l’argent sale, de la fabrication de fausses monnaies et d’une menace intérieure et extérieure de l’intégrisme islamique.
L’ampleur et la progression rapide de ces phénomènes de société, fait du Sénégal un pays à hauts risques politiques.
Les Sénégalais sont angoissés par la peur grandissante depuis quelques mois. Il ne se passe un jour sans que les médias et les réseaux sociaux n’évoquent un drame humain quelque part dans la région dakaroise ou à l’intérieur du Sénégal des profondeurs. Aucune région du pays n’est épargnée par ce qui est en train de se transformer en des phénomènes de société. Le viol et le meurtre se répandent dans le pays. Le braquage est devenu un exercice privilégié des malfaiteurs tapis à l’ombre dans la société. Ils opèrent de jour comme de nuit. Ils emportent impunément des biens sociaux ou monétaires acquis dans la douleur par des commerçants, des éleveurs et de simples citoyens sans aucune protection de l’État.
Pendant que le viol, le meurtre et le grand banditisme sévissent, et s’installent progressivement dans des esprits inquiets, traumatisés, la circulation de la drogue et le blanchiment de l’argent sale dans des secteurs névralgiques de l’économie, notamment l’immobilier, les banques, l’éducation et le transport, hissent le Sénégal au rang des pays à hauts risques politiques. La drogue et le blanchiment iront toujours avec la fabrication de fausses monnaies, et le grand banditisme. Aucune de ces activités ne se développe sans ses autres corolaires.
C’est une chaîne de production et de reproduction du mal qui se développe à l’échelle de l’économie globale. Les réseaux internationaux ont ainsi constitué une économie mondiale à travers un commerce transfrontalier. Ils contrôlent la vente de la drogue, les mécanismes de production et de reproduction du blanchiment de l’argent sale et de la fausse monnaie. Ces acteurs mondiaux ne sont plus de petites organisations de délinquants en mal avec la justice ou les banques de leur pays d’origine. Ils ont constitué aujourd’hui, une internationale du crime organisé. Ils sont devenus presque des États puissants à travers un système disposant de moyens humains, techniques et financiers et une organisation en phase avec le vent de la mondialisation et l’ère des Nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les réseaux de la drogue, du grand banditisme, de la contrefaçon, ont présentement une capacité de nuisance sans précédent. Ils exercent une grande influence sur la marche du monde à la hauteur des enjeux et des ambitions de l’argent sale. Le Sénégal n’est point une entité territoriale détachée du reste du monde et du marché des trafics de la drogue, du blanchiment et du grand banditisme. Bien au contraire !
Ce qui est nouveau dans la posture du pays, c’est l’intérêt stratégique accordé au Sénégal par les acteurs de la vente de la drogue, du blanchiment et du crime. Le pays pourrait se transformer à terme en une plaque tournante de l’argent sale et du grand banditisme. Un pays si ouvert depuis des décennies à tous les commerces de biens et des services et à tous les vents en raison de son adhésion au libre échangisme finit toujours par afficher sa fragilité.
Les pays africains constituent, à ce titre, des zones géopolitiques privilégiées dans les nouvelles stratégies des multinationales du capital, du grand banditisme, de la drogue et du blanchiment. Ces pays ont des États faibles au plan économique, financier et militaire. Les États africains sont parmi les plus fragiles de la gouvernance mondiale en raison des frontières poreuses et des moyens souvent dérisoires consacrés à la sécurité et à la défense des frontières. La pauvreté grandissante dans les pays africains constitue un autre vecteur facilitant la pénétration de la drogue, le blanchiment et le développement du grand banditisme.
L’intégrisme religieux islamique, en pleine expansion en terre africaine, a sûrement compris la fragilité chronique des pays africains. Le phénomène intégriste religieux va sûrement se développer dans ces pays faisant face à une crise profonde et ses effets monstrueux à tous les niveaux, y compris la déperdition des valeurs sociales, culturelles et religieuses. La jeunesse sera un des leviers nourriciers du mouvement intégriste musulman globalisé. Le Sénégal devient, à l’instar de nombreux pays du continent africain, un pays à hauts risques politiques.
La violence sociale, le grand banditisme, le blanchiment, la crise et l’intégrisme sont des sources majeures de l’instabilité politique. Il ne faudrait point se tromper en pensant que ces phénomènes de la violence sociale grandissante, de transformation du pays en un carrefour international du grand banditisme et du blanchiment de l’argent, sont passagers. Ils sont durablement installés par l’impact de la crise au cœur de notre économique et de notre tissu social et culturel. Quand ce cancer des temps modernes est au cœur d’une société, il se développe à son propre rythme, grossit et affecte tous les rouages de l’État et de la société.