Responsable pédagogique du département management de la Haute École de Management et d’Informatique (Heci), Salamata Diop est en phase avec l’invite faite à l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’Enseignement supérieur (Anaq-Sup) de procéder à une évaluation des formations proposées au Sénégal.
Révision générale du secteur
Saluant les recommandations du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Cheikh Oumar Anne, Salamata Diop plaide pour une meilleure adéquation entre formation et emploi. «Quelque part je me dis qu’ils ont tardé à le faire. Procéder à une révision générale de l’enseignement supérieur nous aiderait à mieux adapter notre formation par rapport à la demande du marché (…). L’État a un rôle primordial à jouer, tout comme les écoles de formation. La qualité des enseignements peut différer, tout comme la méthodologie. Certains procèdent par approche par compétence, d’autres privilégient une approche par projets. Actuellement, on encourage le plus souvent l’approche par compétences. Il y a des formations diplômantes, professionnelles qui permettent d’outiller des jeunes qui n’ont pas un certain niveau scolaire. Si l’État parvenait à subventionner certaines écoles de formation cela leur faciliterait la tâche», préconise-t-elle.
Assainissement de l’enseignement privé
Annonçant la cérémonie de graduation des promotions 2017, 2018 de Hemi, elle reconnaît que la prolifération d’écoles privées de formation peut constituer un véritable fléau. «J’avoue que c’est une réalité. Il y a vraiment pas mal d’écoles de formation et je crois d’ailleurs que c’est ce qui a poussé l’État à faire la révision du milieu parce qu’ils sont devenus beaucoup plus rigoureux. De temps à autre on nous convoque à des séminaires, chaque année nous fournissons des renseignements par rapport à l’effectif que nous avons, par rapport aux formations que nous dispensons et que nous sommes autorisés à dispenser. Sur ce point, je crois que l’État est en train de faire le mieux qu’il peut pour assainir le secteur», ajoute-t-elle.
Limites de l’enseignement à distance
De la même manière, Salamata Diop souligne que les écoles privées de formation sont quasi indispensables. «En tant que Sénégalaise, au-delà du rôle que j’occupe en tant que responsable pédagogique je pense que l’offre universitaire peut faire défaut. Tout le monde ne peut pas être orienté à l’université publique. D’ailleurs on a observé une baisse de la qualité de la formation dans les universités. Si on veut que tout bachelier soit orienté à l’université, avec les moyens qu’il faut, je ne dis pas que ça serait impossible, mais il faudra au préalable que l’État renforce les capacités d’accueil, le système éducatif… Il faut relever que l’enseignement à distance est nouveau chez nous, les étudiants ne sont pas encore adaptés par rapport à la nouvelle offre. Tout cela peut engendrer des phénomènes d’abandon du fait que les étudiants seront désorientés. Il faut avouer que le public à lui seul ne peut pas combler la demande actuellement», conclut-elle.