Une nouvelle ère du socialisme au féminin et des enjeux politiques souffle désormais au Parti socialiste avec la confiance accordée à la présidente du mouvement des femmes, Aminata Mbengue Ndiaye. Une véritable bataille de repositionnement du Ps et de son leadership dans le paysage politique sénégalais se dessine à l’horizon de la famille socialiste et de la majorité gouvernante.
Il faudra choisir entre la continuité de l’alliance stratégique avec la mouvance présidentielle et la reconquête du pouvoir. Le leadership d’Aminata Mbengue Ndiaye sera déterminant dans le futur choix politique du Parti socialiste. Une femme à tête de la direction du Parti socialiste. Le fait est inédit dans l’histoire politique des formations politiques traditionnelles sénégalaises. En dépit de la place centrale des femmes et des mouvements affiliés ou de soutien au Parti socialiste, au Parti démocratique sénégalais, aux groupes et obédiences de la gauche, une femme n’a pu, jusque-là, accéder démocratiquement au poste de commandes tant convoité de chef du parti, de ses appareils administratifs et idéologiques. Les femmes ont été soumises systématiquement à l’influence hégémonique du sexe masculin.
Le Parti socialiste vient, pour la première fois de sa longue histoire mouvementée, de franchir une étape… Elle est à la fois sexiste, psychologique et politique. Ces différents traits de la nouvelle page politique socialiste expriment le souffle d’une nouvelle ère. La formation socialiste a été fortement marquée par l’empreinte des hommes politiques depuis sa création à nos jours. L’arrivée d’une femme, responsable politique au sommet de la hiérarchie administrative socialiste et à sa direction politique, constitue le couronnement de la carrière politique de la responsable socialiste des femmes, Aminata Mbengue Ndiaye.
Le choix des socialistes signifie aussi un pacte de fidélité à feu Ousmane Tanor Dieng et à une de ses plus fidèles compagnons au cours de cette dernière décennie. Elle aura été à côté du refondateur dans l’opposition, sous le règne des libéraux. Elle aura été aussi à ses côtés depuis l’avènement de la seconde alternance en mars 2012. Les socialistes parachèvent en partie la bataille féministe au cours de ces dernières années en choisissant (une) responsable pour remplacer l’ancien Secrétaire général du Parti socialiste. Les femmes leaders socialistes et d’ailleurs, ont exprimé, sous des formes diverses, l’aspiration de devenir des chefs de partis ou d’être des candidates à la fonction suprême de chef de l’État. Elles ont décliné, à ces occasions, des ambitions politiques, des personnalités et de l’audace dans un pays dominé culturellement par les pesanteurs de la domination de l’homme politique.
Aucune des femmes politiques sénégalaises n’a réussi à bénéficier de consensus politiques et organisationnels autour de sa personne, de son ambition et de son rêve de rompre avec le poids écrasant des hommes. Elles ont été plutôt contraintes assez souvent à la démission, le cœur meurtri, par des injustices sexistes insoupçonnées, des militants ou l’opinion publique nationale.
Le choix des socialistes est également un message éminemment politique adressé aux femmes politiques, aux leaders des partis et de la société civile. L’ancienne présidente des femmes du Ps a, dans ce contexte historique de rupture avec les clichés et les clivages sexistes, une mission nationale singulière. Elle est destinée aux femmes politiques et aux électrices sénégalaises. Le socialisme au féminin se conjugue naturellement à l’ambition politique nationale ouverte par les socialistes.
Le Parti socialiste, sous la direction d’Aminata Mbengue Ndiaye, aura-t-il une ambition à la hauteur des aspirations des franges socialistes souhaitant la relance pour la reconquête du pouvoir à la prochaine présidentielle ? Cette question capitale est plus que jamais au centre de l’avenir du Parti socialiste et de son actuelle cheffe politique. Le Parti socialiste fait partie des alliés de la majorité présidentielle. C’est la deuxième formation, après l’Alliance pour la République, du Sénégal. Les socialistes occupent, à ce titre, une fonction significative dans la gouvernance des affaires publiques.
Cette fonction d’allié stratégique a été souhaitée, entretenue et préservée par le refondateur en chef des socialistes, en l’occurrence feu Ousmane Tanor Dieng. L’avenir de cette alliance stratégique entre les socialistes et le Président de la République, Macky Sall, dépendra en partie du repositionnement du Parti socialiste sur l’échiquier politique national.
La direction du Parti socialiste et sa nouvelle cheffe politique, devront choisir entre la continuité historique avec la majorité présidentielle et la rupture avec le pouvoir républicain. La relance du Ps, pour la reconquête du pouvoir, sous l’emblème du socialisme au féminin, ou la préservation des liens stratégiques du gouverner ensemble avec la mouvance présidentielle, dépendra fortement du leadership de l’actuelle Secrétaire générale du Parti socialiste et de son ambition politique nationale.