Le rôle de nos forces de sécurité dans le développement n’est plus à démontrer. Rappelons que le principal atout de notre vie et de notre rayonnement international découlent de notre légendaire stabilité. Celle-ci doit être jalousement consolidée et perpétuée, car c’est notre premier atout au développement économique, social et culturel. Cette stabilité, nous la devons exclusivement aux forces de défense et de sécurité. Car, aucune stabilité ne peut être imaginée en dehors des forces de défense et de sécurité.
Ces forces de défense et de sécurité ont choisi, au nom de la patrie et pour la cause nationale, de protéger la nation au prix de leur vie. Elles méritent ainsi notre attention qui se décline sur la dimension environnement. En 2017, la célébration de notre anniversaire à l’accession à l’indépendance a été dédiée aux forces de défense et de sécurité sous le thème : «Le rôle des forces de défense et de sécurité dans la protection de l’environnement».
Ce fut une opportunité pour toute la nation de leur rendre un hommage pour leur rôle prépondérant dans l’essor et la protection de l’environnement. C’est dans cette même trajectoire que nous nous proposons d’interpeller nos hautes autorités en vue d’une amélioration du cadre de travail des forces de défense et de sécurité, en particulier celles qui ont en charge la surveillance et la régulation du trafic routier.
De façon générale, les populations sénégalaises subissent, à des degrés divers, les effets néfastes de la dégradation de la qualité de l’air. Toutefois, notre choix de spécifier la cible (les forces de sécurité) tient du fait que c’est dans l’exercice de leurs missions qu’intervient leur exposition aux risques liés à la pollution et à la dégradation de la qualité de l’air, sous l’effet combiné de certains gaz tels : le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote…, ainsi que de la matière particulaire (mélange de fines matières solides et/ou liquides en suspension dans l’air).
Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont reconnus depuis l’épisode tragique du smog londonien de décembre 1952 où plus de quatre mille décès supplémentaires ont été associés à l’augmentation excessive, pendant cinq jours, de deux polluants atmosphériques majeurs : le dioxyde de soufre et les fumées noires. Depuis, de nombreuses études épidémiologiques ont corrélé les niveaux de certains polluants, à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur des locaux, à l’aggravation de pathologies respiratoires telles que l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou Bpco (Annesi-Maesano et al., 2006).
Schématiquement :
- Notre système respiratoire et circulatoire est très sensible au dioxyde de carbone. Une augmentation minime de la concentration de ce gaz (CO2) dans l’air inspiré accélère quasi-immédiatement le débit respiratoire qui est normalement de 7 litres/minute (sous 0,03% de CO2 dans l’air inspiré), et qui passe à 26 litres/minutes (pour 5% de CO2 dans l’air inspiré).
- L’exposition (à ces gaz) répétée ou continue tout au long de la vie, favorise la poursuite et/ou l’accroissement d’événements de santé, induit une surmortalité et une baisse de l’espérance de vie. Elle peut, dans ce cas, être considérée comme responsable du développement ou de l’aggravation de maladies chroniques : cancers, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques…
À court terme, les effets liés à cette dégradation de la qualité de l’air se rapportent majoritairement aux systèmes cardiovasculaire (infarctus du myocarde, altérations du rythme cardiaque et de sa variabilité, accidents vasculaires cérébraux, entre autres) et respiratoire (exacerbations de l’asthme et des bronchites chroniques, altération de la fonction respiratoire). De même, des expositions chroniques aux particules ont été associées à une augmentation de la mortalité, une augmentation des symptômes de maladies respiratoires, des diminutions de la fonction pulmonaire et à une augmentation des cas de cancer du poumon. Par ailleurs, les particules fines d’origine automobile ont été classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherches sur le cancer (Circ).
C’est fort de ce constat que nous plaidons en faveur d’une amélioration des conditions de travail des agents de sécurité affectés à la circulation et exposés à ces divers risques. Il urge de prendre des initiatives susceptibles de mettre nos vaillantes forces de défense et de sécurité à l’abri de ce danger potentiel.
L’état de santé de nos forces de sécurité impactera sur notre stabilité, notre développement et donc sur notre devenir, et ce, dans un contexte où se dressent de nouveaux défis sécuritaires. Des forces de sécurité en bon état de santé pour encore, de nouvelles performances, conformément à la tradition, nous en réclamons ! Des performances reconnues par la communauté internationale et qui constituent une source de motivation et de fierté pour tout Sénégalais ! Au demeurant, notre Constitution dans son préambule reconnaît que la vie humaine est sacrée. Et ajoute que nous avons tous droit à un environnement sain.
Au regard de ce qui précède, nos agents de sécurité méritent plus qu’un plaidoyer, une reconnaissance de tous les compatriotes à travers des actions concrètes à la hauteur du niveau de rayonnement sécuritaire de notre pays !
Abdou SANÉ, ancien député