Les carences politiques de l’Alliance pour la République (Mamadou SY Albert)

L’exercice du second mandat du président de l’Alliance pour la République est très mal parti. Un an après sa reconduction à la tête du Sénégal en février 2019, le malaise structurel grandissant dans les rangs du parti présidentiel, les indices d’une guerre de l’après Présidentiel Macky Sall et d’un conflit de succession du chef de parti se conjuguent à une impasse politique.

Le troisième mandat probable du candidat à sa propre succession a accéléré le processus de l’implosion de la formation républicaine. L’inexpérience de la formation du chef de l’État et ses carences notoires en matière de gestion des conflits résultant de l’organisation défectueuse des républicains, des orientations politiques au cours des quatre prochaines années et/ou des ambitions personnelles, annoncent la fin de l’unité du parti du chef de l’État et de la mouvance présidentielle.

Le malaise structurel de l’Alliance pour la République perdure. Il va se propager dans les semaines et mois à venir. Depuis près d’un an, les signes émis par des membres fondateurs, par des responsables nationaux et régionaux et par de simples partisans du président de la République réélu en février 2019, laissaient croire que les républicains sont mécontents du fonctionnement de l’Alliance et de la gestion des relations entre les militants et le chef du parti présidentiel. Tous ces mécontents avaient en commun une certaine frustration de la gouvernance du président réélu.

Les raisons de ce mécontentement semblaient être nourries et aggravés par un déficit de communication ou d’incompréhension entre des militants souhaitant avoir accès au chef de l’État. C’est du moins l’apparence que l’on pouvait se faire entre les lignes des discours et les lamentations émis par des franges importantes dénonçant les difficultés quant à rencontrer le chef des républicains ou la léthargie de la formation républicaine à la base. L’irruption du troisième mandat présidentiel semble modifier la donne politique. Tout laisse plutôt croire que l’Alliance pour la République est déchirée à la fois par les frustrations et par l’après présidentiel et par une guerre de succession à la tête du parti présidentiel.

Les deux questions sont certes étroitement liées. Mais, elles sont relativement distinctes. L’après présidentiel, celui du président de la République en exercice, Macky Sall interrogerait avant tout la nécessité de trouver un candidat potentiel républicain capable de succéder dans le futur le président de la République en exercice. Un héritier du pouvoir issu des rangs de la mouvance républicain du pouvoir. Par contre, la succession à la tête de l’Alliance pour la République invite à une réflexion à propos de la nécessité de réorganiser le parti présidentiel en vue de trouver un nouveau leader, de nouveaux mécanismes plus fonctionnels et démocratiques susceptibles de remobiliser l’Alliance, de capitaliser son expérience de gouvernance et de le transformer en un véritable parti exerçant le pouvoir politique et capable de le préserver.

Le troisième mandat brandi par certains partisans, les irréductibles du président de l’Alliance pour la République brouillent les pistes de cette double préoccupation légitime dans le cadre du fonctionnement démocratique des partis politiques. Les partisans du maître du jeu ne veulent entendre parti ni de l’après ni de la succession ou de la réorganisation de l’Alliance.

Ils souhaitent simplement que le président reste le seul maître à bord. C’est le candidat-président et chef de parti. L’absence de sérénité de la majorité présidentielle face à un débat politique nécessaire, voire indispensable met à nu l’inexpérience politique et les carences notoires de l’Alliance et de la mouvance présidentielle. L’Alliance pour la République se montre impuissante à délivrer une communication politique sans équivoque sur ces deux questions fondamentales pour un parti gouvernant les destinées du Sénégal.

La guerre larvée contre des responsables politiques, de surcroît, des membres fondateurs de l’Alliance, restés fidèles au chef de parti occupant des fonctions institutionnelles importantes de la République, sont traînés dans la boue populaire et ouvertement suspectées d’être des traîtres, des encagoulés et des clandestins prétendants à l’après présidentiel et à la succession à la tête de l’Alliance. L’impasse politique dans laquelle se meut actuellement l’Alliance pourrait secréter une grave crise de leadership.

Les alliés regardent à distance, mais avec un grand intérêt ce qui se passe à l’intérieur du parti présidentiel. Pour autant, certains des alliés ne partagent point la perspective du troisième mandat présidentiel. Ils exploiteront la crise de l’Alliance pour mieux se préparer à l’avenir : partir ou rester le temps de finir le second mandat.

Le Président de la République, Macky Sall sera affecté par les futurs clivages de sa formation politique et ceux du Benno bokk yakaar. Les effets de l’impasse de l’Alliance pourraient également agir sur le fonctionnement du gouvernement, de l’État et des collectivités locales. Le changement de gouvernement ou un réaménagement ne serait point un bon signe dans le contexte du dialogue national où l’heure est aux consensus politiques et à l’unité nationale. L’inexpérience de l’Alliance pour la République se mesure à son incapacité à poser et à organiser un débat interne et envisager une ligne de conduite consensuelle au cours du second mandat présidentiel.

 

 

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