Ce n’est pas un délit pour un Président sénégalais que d’avoir deux épouses. C’est seulement inédit au Sénégal avec l’avènement de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, élu président de la République à seulement 44 ans souligne Actusen. Dans la pauvreté et la richesse, dans la santé et la maladie, dans le pouvoir, tout comme dans l’impuissance ou la subordination, bref dans les liens sacrés du mariage, Marie Khone Faye et Absa Faye ont le privilège de partager leur vie avec le premier des Sénégalais.
Si elles n’étaient pas connues du grand public avant l’arrivée de leur époux au pouvoir ; elles étaient pour rappel présentées par Ousmane Sonko lors du meeting de clôture, le vendredi 22 mars 2024, de la coalition Diomaye Président au Stade Caroline Faye de Mbour, Marie Khone Faye et Absa Faye sont déjà bien et à fond dans leurs rôles de Premières dames, dont la réputation a toujours été, ici et ailleurs, d’assister son époux de Président dans sa politique sociale.
Marie Khone Faye, ou la première dame s’est déplacée à Ndiaganiao pour assister les siens en denrées alimentaires et matériels sanitaires ; 920 sacs de riz, 184 cartons de sucre, 231 cartons d’huile, ainsi que des nattes, des sachets de lait en poudre, des paquets de dattes et entres autres produits essentiels pour les ménages ont été déchargés dans 3 camions remplis de vivres
Commençons par Marie Khone Faye, la première Dame. La maman de Ousmane Sonko Faye s’est rendue, il y a une semaine, le jeudi 27 février dernier, à Ndiaganiao, sa commune d’origine, à quelque 115 Km de Dakar, pour apporter son soutien aux siens. Selon plusieurs sources, la visite a été marquée par la distribution de denrées alimentaires et de matériels sanitaires. Il a ainsi été déchargé dans trois camions, 920 sacs de riz, 184 cartons de sucre, 231 cartons d’huile, ainsi que des nattes, des sachets de lait en poudre, des paquets de dattes et entres autres produits essentiels pour les ménages. « Je suis ici pour rendre visite à cette population de Ndiaganiao à laquelle j’appartient. Mais aussi pour vous remettre ce don qui vous sera utile dans les jours à venir », dira-t-elle à la fin de la cérémonie de remise de dons, au micro de la chaîne nationale, la RTS.
Quant à elle, Absa Faye, la deuxième Première dame a choisi Mbour pour apporter son soutien à tous les orphelins mineurs du Sénégal, non sans s’engager à faire le plaidoyer auprès de son époux de Président pour la vulgarisation des pouponnières à travers le pays
Pour sa part, Absa Faye, qui était empêchée jusque-là par son état de santé, avant de donner naissance récemment à une mignonne fille qui portera le nom de Khady Ngom Faye, a également repris du service en tant que deuxième Première dame. La seconde épouse du Président Diomaye était avant-hier aux côtés des enfants de la pouponnière de Mbour. Dans son discours, elle a salué la prise en charge dont bénéficie sur place les enfants orphelins. Mais ce n’est pas car Absa Faye s’engage à faire le plaidoyer, auprès de son époux et d’autres partenaires sociaux, pour vulgariser davantage les pouponnières à travers le territoire national. “Je soutiens la nécessité d’étendre et de renforcer le réseau des pouponnières à travers le pays, afin que chaque enfant privé de soutien familial puisse grandir dans un environnement aimant et sécurisé”, a-t-elle promis devant les bouts de bois de Dieu. En réitérant son engagement auprès de son époux, pour soutenir les initiatives visant à renforcer la prise en charge des orphelins au Sénégal, Absa Faye dira que l’État et les institutions doivent continuer à œuvrer pour la construction d’un environnement social et sécuritaire favorable à la croissance de ces enfants, en mettant l’accent sur la solidarité et l’action collective.
Même si elles n’ont pas annoncé officiellement, la création d’une Fondation, en synergie ou séparément, Marie Khone et Absa Faye s’inscrivent dans la conduite de leurs prédécesseurs
Même si officiellement, les Premières Dames n’ont pas annoncé la mise en place d’une Fondation caritative, leurs actions entrent quand même dans ce cadre. Porter secours et assistance aux communautés dans le besoin. En effet, s’il est de coutume de voir une première dame mettre en place une Fondation, dès l’accession de son époux au pouvoir, il convient de reconnaître que c’est une grande première d’assister à l’avènement de deux Premières dames à la fois, et qui s’inscrivent toutes dans la ligne déjà tracée par leurs prédécesseurs. Une question vaut tout son pesant d’or avec ce cas de figure. Quelles soient conjointes ou séparées, les activités sociales de nos deux first ladies vont-elles coûter combien au contribuable sénégalais durant ce quinquennat ? Difficile de répondre à cette question, certes, même si les nouvelles autorités ont manifesté leur volonté de rationaliser les dépenses de l’État, invitant même les populations à se serrer la ceinture pour un moment.

En Afrique du Sud sous l’ère Zuma, l’enveloppe allouée par l’État à la famille présidentielle avait rapidement pris l’ascenseur quand l’ancien Président avait choisi d’être polygame, avec… 5 épouses
L’Afrique du Sud, sous l’ère Zuma, pourrait bien illustrer l’entretien des compagnes présidentielles aux frais de l’État. En quatre ans, depuis 2008, Jacob Zuma a épousé trois femmes : Nompumelelo Zuma, Thobeka Zuma et Bongi Ngema-Zuma, alors qu’il était déjà marié depuis longtemps à Sizakelle Zuma. Selon la loi en vigueur en Afrique du Sud, l’Etat prend à sa charge les frais d’éducation des enfants présidentiels jusqu’à l’âge de 27 ans s’ils poursuivent des études, ainsi que les dépenses en secrétariat, déplacements et forfait journalier des premières dames. L’enveloppe allouée par l’Etat à la famille du président Zuma, avait dépassé 15,5 millions de rands [1,5 million d’euros], soit 975 000 000 de nos francs. Sous la présidence de Thabo Mbeki (1999-2008), elle était de 8 millions de rands. Cette somme a doublé depuis l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma en avril 2009. De quoi alimenter le mécontentement des contribuables, avait expliqué le Mail & Guardian à l’époque.
Au Nigéria, l’ancien Président Buhari avait supprimé le poste de Première dame, estimant que c’était contraire à la Constitution, et un gaspillage de l’argent public ; non sans dire, plus tard, que la place de sa femme était à la cuisine, dans le salon et l’anti-chambre
Dès son accession à la magistrature suprême, en mai 2015, l’ancien Président nigérian, Muhammadu Buhari a d’ailleurs supprimé le poste de Première Dame dans le pays. C’était, selon lui, contraire à la Constitution, et un gaspillage de l’argent public. Il n’avait pas manqué de dire aux détracteurs de son épouse, Aïcha Buhari, que “sa place est à la cuisine, dans le salon et l’autre chambre.”
Pendant 12 ans d’existence, jamais la Fondation Servir le Sénégal n’a été auditée par les corps de contrôle, en violation flagrante de la Loi
Si le Premier ministre, lors de son dernier passage à l’Assemblée nationale, a annoncé l’auto-audit de la Présidence, estimant que c’en est une grande première, ce n’est pas sûrement pas Bassirou Diomaye Faye qui s’opposera à l’audit des activités onéreuses de ses épouses, Marie Khone et Absa Faye comptaient bien s’investir dans le social.
Car, par le passé, il a été reproché à l’Inspection Générale d’État de n’avoir pas auditer la Fondation Servir le Sénégal avant sa dissolution. “On n’a jamais vu un rapport de l’Inspection générale d’Etat sur la fondation Servir le Sénégal”, avait constaté, en 2020, le Coordonnateur du Forum civil, dans l’émission “Grand Jury” de la RFM. Birahime Seck, Coordonnateur du Forum Civil.
Même si l’IGE est compétente pour vérifier tous les organismes qui sont dans la générosité publique, conformément à l’article 6 de la loi 2011-14 du 8 juillet 2011, la Fondation Servir le Sénégal n’a jamais été soumise à cet exercice, durant ses 12 ans d’existence. La fondation Solidarité-Partage de l’ancienne première dame Elisabeth Diouf, comme de l’ex-première dame Viviane Wade, ont fait l’objet de contrôles de la Cour des comptes, avait rappelé M. Seck. Si Colette Senghor était beaucoup plus préoccupée, visiblement, par l’héritage de son époux de poète-président, notamment ses archives, Elisabeth Diouf a été la première Première dame à se faire remarquer comme telle. A travers sa Fondation Solidarité-Partage, Mme Diouf faisait bénéficier de nombreux moulins à céréales aux femmes, alors que son époux, dans sa politique sociale, avait fait de l’accès à l’eau potable une priorité. Ce qui avait permis à raccorder les grandes villes du pays au réseau de distribution d’eau et de doter les zones rurales en forages. Le couple présidentiel Abdou-Elisabeth, rappelle BBC, a été surnommé “M. Forage et Mme Moulin” par Me Abdoulaye Wade, le leader de l’opposition à l’époque qui succédera à Abdou Diouf en 2000.
D’un hôpital moderne, l’hôpital de Nénéfécha de Kédougou, dont le financement a été estimé à 200 millions FCFA, est passé d’un poste de santé au fil des années par défaut d’entretien
Quant à Viviane Wade, elle a été la promotrice de l’hôpital de Nénéfécha, un village Bedik situé à 40 kilomètres de Kédougou, près de Bandafassi. Cet hôpital moderne, dont le financement a été estimé à 200 millions FCFA, a été inauguré le 6 novembre 2002. Il comprenait un bloc opératoire, une maternité, une case de soins et des logements pour les médecins et les infirmiers. Complètement en ruine, quelques années plus tard, il a été fermé le 30 juin 2013 avant de rouvrir ses portes en 2014, avec l’aide de l’ONG Vision mondiale, puis érigé en poste de santé. Parallèlement, Mme Wade faisait également la promotion de l’éducation…