Les pharmaciens veulent définitivement en finir avec la concurrence déloyale que leur livrent les trafiquants de médicaments illicites. C’est pourquoi, ils n’ont de cesse d’inviter l’État à alourdir les sanctions. Mais il semble que leur appel n’est jamais entendu. Pire, l’État fait montre d’une faiblesse coupable devant ces marchands de la mort qui leur livrent une concurrence déloyale sans coup férir.
Ainsi, ont-ils décidé d’observer une journée de grève pour protester contre la grâce présidentielle accordée à Amadou Woury Diallo qui a bénéficié de cette mesure, alors que son appel, suite à sa condamnation en première instance pour trafic de médicaments, est pendant devant la justice. Réuni en assemblée générale ce samedi, l’ordre des pharmaciens a pris la décision de fermer toutes les officines le mercredi 22 mai prochain, un sit-in est aussi envisagé pour protester contre le laxisme de l’État dans la lutte contre le trafic de médicament.
Ce n’est pas la première fois que les pharmaciens interpellent le pouvoir pour qu’il mette fin à ce trafic de médicaments qui dure et perdure. Mais il semble que le pouvoir fait preuve d’une faiblesse coupable devant ces marchands de la mort. Aujourd’hui, le premier responsable de cette situation est l’État qui connaît toutes les officines clandestines, mais ferme les yeux alors qu’il devrait toutes les démanteler. Pourtant, quand les pharmaciens veulent ouvrir une officine, ils respectent toutes les procédures imposées par l’État, alors qu’il n’en est rien pour les vendeurs qui ont pignon sur rue ; et le cas le plus illustratif est celui de Keur Serigne bi, implanté en plein centre-ville et où les vendeurs se livrent à leur commerce illicite sans être inquiétés le moins du monde.
Ce qui n’est pas du tout normal au moment où les pharmaciens ont trimé dur six années durant, à la faculté, pour décrocher leur parchemin. Après leurs études, ils ouvrent leur officine en respectant toute la réglementation en vigueur, emploient des vendeurs, payent des impôts etc. Ne serait-ce que pour cela, leur activité devrait être protégée par l’État. Mais que nenni ! Plus grave, cela constitue un réel problème de santé publique. Mais il semble que l’État n’a que faire de la santé de ses compatriotes. Parce que les vendeurs ne respectent pas les normes de conservation, tout ce qui leur importe, c’est de faire du profit. C’est pourquoi, ils n’hésitent pas parfois à commercialiser des médicaments qui ont atteint leur date de péremption.
Face à ce fléau qui hypothèque gravement la santé des populations, les pharmaciens estiment aujourd’hui, que la meilleure solution pour mettre un terme à ce trafic serait d’appliquer la Convention Medicrime. Conclu en 2010, ce texte introduit des sanctions pénales contre la contrefaçon mais aussi la fabrication et la distribution des produits médicaux mis sur le marché sans autorisation ou en violation des normes de sécurité. Malheureusement le Sénégal traîne les pieds quant à la ratification de cette convention.