Après le procès de l’ex-président tchadien Hissène Habré organisé par les Chambres africaines extraordinaires à Dakar, environ 82 milliards de francs CFA devaient être versés à quelque 7 400 victimes identifiées, via un fonds fiduciaire de l’Union africaine. Mais rien n’a été fait. Alors que le chef de l’État sénégalais s’apprête à prendre la présidence de l’UA, en février, un collectif d’ONG a tenu une conférence de presse lundi pour lui demander d’en faire une priorité.
Il n’a reçu aucun centime. Abdourahmane Guèye a aujourd’hui 74 ans. Victime sénégalaise d’Hissène Habré, il s’adresse directement au président Macky Sall. « M. le président, vous avez fait l’effort pour que Hissène Habré soit jugé à Dakar par l’UA. Depuis ce procès, jusqu’à aujourd’hui, on attend que l’Union africaine indemnise les victimes. Donc, je compte sur vous. »
Des « lenteurs inacceptables » dans le processus d’indemnisation, dues « à un manque de volonté politique de l’Union africaine » selon maître Assane Dioma Ndiaye, l’un des avocats des victimes et président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme.
« Monsieur Macky Sall a un second rendez-vous avec l’histoire. On commence à mettre en place le conseil d’administration du fonds. L’Union africaine a déjà mis 5 millions pour alimenter ce fonds, mais les victimes attendent toujours l’opérationnalité de ce fonds. Ce serait d’abord une victoire personnelle pour monsieur Macky Sall, ensuite, ce serait une victoire pour le Sénégal. Et la 3e victoire, ce serait celle de l’Afrique. L’Afrique qui juge ses propres fils. »
« Tant que les victimes ne sont pas indemnisées, le procès d’Hissène Habré aurait un goût d’inachevé », conclut l’avocat.