Pour préserver son honneur, la jeune fille, Aïda K. Sall, qui a contracté une grossesse avant le mariage, a choisi de mettre un terme aux jours de son nouveau-né. Ce, après avoir dissimulé sa grossesse à ses parents et son voisinage. Hier, elle comparaissait à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar pour infanticide. Pour ce crime, Aïda K. Sall encourt 5 ans de prison ferme. Elle sera édifiée sur son sort le 7 décembre prochain.
Certaines femmes vendraient tous leurs biens pour avoir un enfant. Mais d’autres, pour ne pas être la risée de leur entourage, choisissent de tuer ces pauvres innocents. Tel est le cas de Aïda K. Sall appelée à la barre de la chambre criminelle de Dakar hier pour répondre du crime d’infanticide. Les faits qui lui valent sa comparution se sont produits au quartier Liberté VI extension dans la matinée du 18 mars 2019. ’accusée, alors âgée de 19 ans, venait de mettre au monde une fille. Après la délivrance, Aïda K. Sall a décidé d’abréger les jours de cet enfant issu d’une relation hors mariage. Au lendemain de son crime, elle a remis le cadavre soigneusement enveloppé dans un sac de riz à l’éboueur qui collectait les ordures des maisons du quartier. Celui-ci a eu la désagréable surprise de faire une découverte macabre dans le tas d’ordures. Inquiet, l’éboueur a subitement informé son grand frère qui lui a conseillé d’alerter les hommes de tenue qui sont chargés de régler la circulation dans la zone. Ces derniers, à leur tour, ont fait appel aux éléments de la brigade de la Foire. Les recoupements rondement menés par les enquêteurs ont porté le doigt vers Aïda K. Sall.
Arrêtée et entendue, Aïda a été catégorique dans un premier temps, alléguant n’avoir jamais été enceinte. Mais face aux questions des enquêteurs, elle a fini par admettre que c’est elle qui est l’auteure des faits. Toutefois, elle soutient que l’enfant était mort-né. Aïda renseigne qu’elle avait contracté la grossesse des œuvres de son petit ami du nom de Abdou Konté qui habitait à Tivaouane mais venait passer les grandes vacances à Dakar. L’accusée informe encore que le jour des faits, elle a eu des douleurs intenses au niveau du ventre et qu’un liquide visqueux sortait de son appareil génital. Ainsi, elle a pris des cachets qui ont déclenché l’accouchement. Elle a donné naissance à un bébé de sexe féminin dans les toilettes.
Aïda K. Sall, accusée : «À l’époque, je n’étais âgée que de 19 ans et je faisais la classe de seconde. J’étais inconsciente et submergée par la peur»
C’est devant le juge d’instruction qu’elle a fini par avouer que c’est elle qui a mis fin à la vie du nouveau-né en l’étouffant avec les habits qui étaient dans une bassine posée dans les toilettes. Cela étant, elle confesse avoir coupé le cordon ombilical à l’aide d’une paire de ciseaux, avant de dissimuler le cadavre dans une autre bassine. C’est au lendemain qu’elle a remis le corps sans vie de son bébé à l’éboueur afin qu’on le jette au dépotoir. Le certificat de genre de mort atteste effectivement que le bébé est mort par asphyxie.
Hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar, Aïda K. Sall a reconnu d’emblée les faits à sa charge. « L’enfant respirait mais c’est moi qui l’ai étouffé. J’ai accouché vers 7 heures du matin. À l’époque, je n’étais âgée que de 19 ans et je faisais la classe de seconde. J’étais inconsciente et submergée par la peur », confie l’accusée qui implore la clémence de la justice.
Le représentant du ministère public a requis 5 ans de prison ferme : «Elle avait peur de subir de sévères remontrances. C’est une peur révérencielle »
L’accusée a accouché dans les toilettes sans assistance aucune, a fait remarquer le maître des poursuites. « Elle avait peur de subir de sévères remontrances. C’est une peur révérencielle. C’est pour cela qu’elle a nourri l’intention de se débarrasser de son bébé », a estimé le représentant du parquet qui a demandé à la chambre de retenir Aïda K. Sall dans les liens de la prévention et la condamner à 5 ans de prison. Les conseils de la défense ont sollicité une application extrêmement magnanime de la loi pénale. Délibéré le 7 décembre prochain.