L’impératif d’évaluer la Can des Lions du Sénégal (Mamadou SY Albert)

L’évaluation de la participation de l’Équipe sénégalaise à la Can 2019, constitue une nécessité absolue. Elle ne peut se faire à travers la manipulation à dessein de la finale jouée et perdue ou à travers l’accueil triomphal de la jeunesse par procuration. Le foot sénégalais devra tourner la page des conflits crypto-personnels et la gestion personnifiée d’un destin sportif d’une Nation à la recherche du trophée continental.

La manœuvre politique et sportive est assurément à l’œuvre au sujet des appels du pied de certains acteurs politiques et sportifs. Ils invitent, de manière à peine voilée, au maintien de l’entraîneur des Lions, Aliou Cissé, à la tête de l’Équipe nationale de foot, des fédéraux et de la tutelle du ministère des Sports. Elle est savamment orchestrée du sommet de la tutelle des hiérarchies à la base  des structures sportives, distillée partout dans les médias et planifiée à travers les réseaux sociaux dormants ou actifs. Elle se construit progressivement autour d’un plaidoyer, d’une victoire sans gloire et l’exploitation de l’émotion patriotique des jeunes.

Le Sénégal est le vice-champion du continent africain. Les Lions ont été vaillants et performants. Le gouvernement a pleinement rempli sa fonction et ses missions régaliennes. Les Sénégalais sont unis derrière l’équipe nationale. Cet argumentaire est trop fragile et ne résiste à l’analyse. Entre les lignes de la manœuvre émotionnelle cachant mal, du reste, une volonté inavouable de la préservation à tout prix du dispositif actuel de l’encadrement des Lions et ses responsables, il y a évidemment, une volonté délibérée de manipulation de l’opinion publique nationale, pour ne pas faire, l’évaluation objective de la participation sénégalaise à la coupe d’Afrique. L’accueil triomphal des joueurs de l’Équipe nationale fait naturellement partie des arguments artificiels de ce plaidoyer politicien quasi récurrent au Sénégal.

Il ne résiste guère à la réalité. Jouer la finale et revenir avec une défaite victorieuse, n’est point le cap attendu par le gouvernement, les fédéraux, l’encadrement technique et administratif et des franges significatives de la jeunesse. Bien au contraire ! La Coupe, rien que la Coupe ! Tel est resté l’objectif phare décliné par tous les acteurs politiques et sportifs avant et pendant la compétition africaine. Qu’ils aient perdu, ils doivent reconnaître une défaite, somme toute sportive. La finale perdue par les Lions laisse penser que l’Équipe nationale n’a guère atteint ce résultat attendu depuis quelques mois. La manœuvre consiste à fantasmer une déroute, à vouloir faire passer une contre-performance sportive, notamment une défaite, pour une performance nationale et africaine.

L’évaluation de la participation sénégalaise à la dernière coupe d’Afrique est une nécessité absolue. Il n’est point question de diaboliser, de plébisciter ou de remercier un entraîneur et des responsables. Ils ont fait ce qu’ils ont pu à l’instar de ceux qui les ont précédés à ses fonctions. Un résultat sanctionnant un progrès ou le surplace constant, peut ne pas signifier, une performance qualitative. L’évaluation est un exercice démocratique, méthodologique et opérationnel. C’est le management moderne qui l’exige de tout responsable. Le diagnostic devrait permettre à tous les acteurs du foot d’évaluer la participation, de  diagnostiquer une défaite, ses causes et les mécanismes susceptibles de créer les conditions d’un dépassement technique significatif du dispositif global devant accompagner l’Équipe nationale.

Ce sont des facteurs multiples – humains, organisationnels, techniques, tactiques et moraux – qui se conjuguent et expliquent la contre-performance des Lions. L’entraîneur, la fédération et les pouvoirs publics, ont des responsabilités dans cet échec subitement encombrant. Le Sénégal doit être en mesure de comprendre ce qui passe depuis des décennies et d’expliquer la responsabilité collective et individuelle de chacune des composantes de l’encadrement et les destinées de l’Équipe nationale. Les joueurs ont évidemment une responsabilité majeure dans les résultats de l’Équipe nationale. La manœuvre sportive et politique tente de tuer dans l’œuf, sous le coup de l’émotionnel, de la fuite en avant, une réflexion approfondie des facteurs explicatifs de la défaite et une analyse prospective au sujet de l’avenir de l’Équipe nationale et du foot sénégalais.

Les conflits crypto-personnels et de repositionnement vont sans nul doute, prendre le dessus sur une évaluation objective d’un tournant capital de l’histoire du foot et de l’Équipe nationale. Ce tournant historique ne devrait point être réduit à des querelles partisanes au détriment de l’intérêt sportif national et de la jeunesse sénégalaise.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here