Les histoires d’anthropophages où on racontait qu’un parent a sacrifié ou mangé son enfant semblaient être du domaine de l’imaginaire. Mais lors des flagrants délits du tribunal de grande instance de Mbour, un cas similaire a été jugé.
Invraisemblable ! A Louly Sindia, la population a accusé une mère de famille, son grand frère, son cousin et sa femme d’anthropophagie.
M. S. était tombé malade. Il se plaignait de douleurs au niveau de l’abdomen. Après des consultations et des analyses, les médecins n’ont trouvé aucun symptôme. Les jeunes ont alors décidé d’aller vers les guérisseurs. Ces derniers diront que M. S. était sous l’emprise du mauvais œil et que c’était des personnes qui lui étaient très proches qui en sont là cause.
Des xoys (cérémonie de voyance) sont alors organisés sur la place publique du village.
M. F., la maman du disparu, son frère D. F. qui est aussi l’époux de A. F. l’une des accusées du village et M. F. ont été désignés comme ceux qui ont mangé l’âme de M.S. Un porte-parole M. a été désigné par le village pour transmettre les résultats de la voyance.
Appelé à témoigner, il explique qu’il a juste transmis le message des villageois qui ont dit que les 4 étaient ceux qui ont rendu malade et mangé M. S.
Malheureusement, M. S. meurt après des jours de souffrance. Auparavant, il avait même imploré sa mère de le toucher pour que le sortilège quitte son corps.
“Sa mère M. F. est venue le toucher en clamant haut et fort qu’elle venait d’enlever le sortilège qu’elle avait mis sur son fils.
Elle est allée dire à D. F., M. F., A. F. j’ai enlevé ce que j’avais lancé à mon fils. Enlevez votre sortilège. Je vous avais demandé de m’aider à le manger, ne le faites plus”, a raconté le prévenu A. F.
Les quatre individus accusés, ont porté l’affaire devant la justice pour laver leur honneur.
“Ils nous ont insultés et humiliés”, ont raconté les plaignants. Raison pour laquelle ils ont traîné les deux fils de leur frère au tribunal pour diffamation.
Les plaignants accusent les fils de leur frère comme étant les instigateurs de la vindicte populaire du village.
A. F. et son frère M. F. ont été jugés à la barre du tribunal de grande instance de Mbour.
Le président de séance dira au jeune : “avez-vous des liens de parenté avec ceux que vous accusez ?”.
A. F. rétorque : “oui”.
Le juge de lui dire : “si vous êtes des parents, vous aussi vous êtes un anthropophage.
“Même si c’est le cas, nous ne sommes pas mêlés dans la maladie qui a emporté mon cousin. Mais eux ils ont été cités dans le village comme étant les responsables de la mort de M. S.”, assure A. F.
Le procureur a demandé la relaxe des deux frères car il n’avait pas assez d’éléments pour entrer en voie de condamnation contre les deux jeunes personnes.
Il se désole toutefois que de telles accusations jettent l’opprobre sur des personnes.
Les prévenus ont bénéficié d’une liberté provisoire en attendant que le tribunal donne son délibéré mardi prochain.