Une tournée de sécurisation des frontières pour barrer la route au covid-19 dans la région de Kédougou. C’est ce qu’a trouvé à faire le gouverneur Saër Ndao. Accompagné par l’ensemble des autorités administratives et les forces de défense et de sécurité de la région, ils ont sillonné du 10 au 17 avril 2020 les trois départements : Kédougou, Salémata et Saraya. Une tournée de sécurisation des frontières avec les pays voisins où on note la présence de la maladie du coronavirus.
Par Cheikhou KÉÏTA/Correspondant
Au cours de cette tournée régionale, le gouverneur a été tout au plus informé de la porosité de nos frontières avec la Guinée et le Mali, et donc, le but de cette tournée est de fermer illico les frontières avec ces deux pays. Selon la police des frontières, bon nombre de ces voisins qui espèrent trouver refuge au Sénégal ou qui décident de retourner au bercail, empruntent souvent des postes de passage non normalisés. Une situation qui les inquiète tous, en cette période de pandémie, a fait savoir le chef de l’exécutif régional.
Ainsi, son déplacement au niveau des frontières, lui a permis de prendre connaissance des dispositifs sécuritaires mis en place par la police des frontières, les agents de santé et les populations. Mais avec son slogan galvanisateur – «tant que ce n’est pas impossible, il y a toujours une solution» -, le gouverneur a invité l’ensemble des forces de défense et de sécurité à travailler en synergie pour mieux sécuriser les frontières.
Les populations ne sont pas en reste dans ce combat. Démarrant sa tournée de sécurisation par le village de Kounsi, passage non officiel dans l’arrondissement de Fongolimbi, puis à Oubadji, Lomby et Népène Diakha, dans le département de Salémata, et enfin par Moussala Mahinamine, Sansamba et Kolia, dans le département de Saraya, il a partout mis les chefs de village à contribution. «Il faut qu’il y ait une jonction entre les populations et les force de défense de sécurité pour gagner le combat», a-t-il réaffirmé.
Et il a continué dans ce sens pour conscientiser les chefs de village : «Vous savez que nous sommes à l’heure de la pandémie ? Donc, vous avez intérêt à aider les forces de défense et de sécurité à vous protéger. Vous, chefs de village, sachez que vous avez une lourde responsabilité, car vous devez protéger ceux que Dieu vous a confiés. Et votre rôle n’est rien d’autre que de signaler aux hommes de tenue toute personne étrangère que vous voyez circuler parmi vous en provenance de la Guinée ou du Mali. Vous avez aussi les numéros verts. Vous pouvez appeler les hommes de tenue ou nous, autorités administratives, et à tout moment de la journée. On va vous répondre et trouver une solution rapide à la situation», a laissé entendre Saër Ndao.
Partout le constat est presque le même : des flux d’individus sont notés un peu partout, à en croire la police des frontières. C’est pourquoi, la gendarmerie, la douane, l’armée, la police des stupéfiants et les renseignements généraux sont tous mis à contribution, en plus de l’implication des populations frontalières autochtones, pour freiner les entrées et les sorties clandestines dans le pays.
À Salémata, le gouverneur et sa délégation se sont rendus dans la commune de Dakatély, précisément au village de Lomby, situé à 1km de la Guinée. Là, dans le cadre de ses patrouilles de normalisation, la section itinérante du 34ème Bataillon de l’Infanterie de l’Armée sénégalaise, dirigée par le lieutenant Matar Ndiaye, a interpellé à la date du 14 avril 2020, une moto et un camion transportant 6 individus, dont 5 hommes et une femme et de la marchandise. En détail, la marchandise est composée de 4 tonnes de ciment, 1 tonne de riz de 25 kg, 40 sacs de maïs, 15 sacs de riz de 50 kg, 4 sacs de sel de 25 Kg.
Du coup, les interrogations du chef de la subdivision des douanes de Kédougou a conduit à découvrir que ces transporteurs auraient contourné la douane sénégalaise pour rallier la Guinée. Une infraction que le gouverneur n’a pas tolérée en cette période de sécurisation des frontières, ne sachant pas surtout l’état de santé de ces personnes. Il a demandé au chef des douanes de procéder à une poursuite douanière avec tolérance zéro, saisissant la marchandise avec le camion et en versant l’amende équivalant au délit.
À Moussala Mahinamine, village frontalier au Mali, plusieurs postes de passage non normalisés sont identifiés par la police des frontières. Selon son chef, Moundor Diouf, il urge de créer deux postes secondaires pour arrêter l’entrée clandestine des Maliens, quand on sait qu’un cas de coronavirus est testé positif le 16 avril dernier à Kéniéba, ville malienne située à 23 Km de Moussala.
Pour ce faire, le chef de police a demandé un renfort de 12 éléments pour ces deux postes secondaires. Et séance tenante, le gouverneur a rassuré de répondre positivement à cette doléance impérieuse.