Entre le front social qui gronde et son parti Apr agité par une fronde, le Président Sall aura fort à faire pour tenir sa barque jusqu’en 2024. Aujourd’hui, face à la colère des populations martyrisées par la cherté de la vie et électrocutées par la hausse des prix de l’électricité, le Président Sall doit aussi éteindre le feu qui est en train de couver dans la maison Apr avant qu’il ne se mue en brasier. Pris entre le marteau de la patrie et l’enclume du parti, le Président Sall sent l’étau se resserrer. Une situation regrettable d’autant plus qu’elle était évitable si Macky Sall avait respecté les conclusions des Assises nationales qu’il avait paraphées et fait de même avec les recommandations de la Cnri dont il était pourtant le commanditaire. Aujourd’hui, c’est comme si Macky Sall était rattrapé par son passé. En voulant perpétuer un système qui était à bout de souffle, il semble s’acheminer vers une impasse. Pourtant les esprits avisés avaient vu venir. C’est pourquoi, dans les recommandations aussi bien des Assises que de la Cnri, il était convenu, entre autreses, que le chef de l’État ne soit plus chef de parti ou encore que les postes de responsabilité à pourvoir soient soumis à un appel à candidature. Nul doute que si le chef de l’État avait accepté de se départir de sa casquette de chef de parti, en confiant le parti à son numéro deux, il aurait pu davantage se consacrer aux problèmes de la République et éviter au pays les sempiternelles querelles de positionnement de ses ouailles. En appliquant la procédure d’appel à candidature pour les postes de responsabilité, il aurait également épargné le pays des récriminations de ses partisans qui ne cessent d’investir les médias pour se plaindre du fait qu’ils n’ont pas été servis, comme si le Sénégal était un gâteau à partager. Donc avec ces outils, Macky Sall avait en sa possession une sorte de prêt à gouverner et il aurait seulement suffi qu’il les applique comme il s’était engagé pour éviter la fâcheuse situation vécue actuellement. Mais on se rappelle du lynchage médiatique auquel le professeur Amadou Makhtar Mbow avait été victime de la part des apéristes quand il avait remis son rapport au chef de l’État. Son seul tort aura été d’avoir dessiné une autre trajectoire pour le Sénégal. Ce qui, du coup, ôterait le pain de la bouche de ces politiciens professionnels qui ont pris le Sénégal en otage. Mais pour avoir refusé de se conformer à l’ordonnance prescrite par le professeur Mbow et ses techniciens, Macky Sall a replongé le Sénégal en zone de turbulence. D’ailleurs le chef de l’État ne croyait pas si bien dire lorsqu’il soutenait «en 2020, il faudra attacher les ceintures parce que ça pourrait tanguer». Çà commence d’ailleurs à tanguer grave et il est à redouter même que la barque ne finisse par chavirer, à moins que la barre soit redressée. Parce qu’au rythme où vont les choses, le pire est à craindre, car l’équipage se dispute au moment où la tempête se profile à l’horizon. Malgré l’instauration du dialogue national, il semble que l’on est loin d’être sorti de l’auberge tout simplement parce que le Président Sall semble avoir raté le coche depuis son premier mandat. Et aujourd’hui, il serait vraiment surprenant que son dialogue national puisse régler tous les problèmes qui assaillent le pays et qui ont pour nom pillage des ressources, prédation des deniers publics, impunité, politisation de l’administration, cherté de la vie entre autres, et la liste est loin d’être exhaustive !!!