Les maladies neuro-dégénaratives ont été au cœur des réflexions au 4e congrès des journées de neurologie de Dakar qui s’est tenu depuis quelques jours à l’Ucad 2. Il s’agit d’affections qui surviennent chez les personnes âgées et qui ne sont souvent pas prises en charge par nos communautés et les autorités étatiques. Le président de l’association sénégalaise de neurologie, Pr Moustapha Ndiaye est revenu, en marge de la cérémonie d’ouverture sur le thème principal de ses journées scientifiques.
« Il s’agit essentiellement des démences ou « nakh » en wolof. Ce sont des affections de plus en plus fréquentes parce que comme je l’ai tantôt expliqué, les populations ont une espérance de vie longue, il est banal de voir une personne de plus de 65 ans, de plus de 70 ans dans notre entourage. Et ces affections sont relativement fréquentes chez ces personnes, donc vous comprenez aisément que cela soit une préoccupation pour tous puisque c’est un problème de santé publique. Au-delà de la personne malade, c’est toute une famille, tout un entourage qui souffre. Car imaginez une personne qui n’est plus en capacité, qui n’a plus ses capacités cognitives, qui n’a plus sa mémoire, qui n’a plus son autonomie, cela a un impact sur la famille, sur l’entourage et cela a un coût humain, social et économique », renseigne Pr Ndiaye, neurologue.
Malgré que ces maladies soient méconnues et non prises en charge par notre société, le neurologue estime que, «dans le passé, il nous arrivait assez régulièrement de communiquer sur ces affections. Mais, cette rencontre est justement, le prétexte de mettre en place des stratégies de communications plus affinées, plus productives en termes de message à l’égard des populations et des autorités ».
De l’avis du spécialiste, il est important que les praticiens s’approprient ces affections, d’autant plus qu’il y a une forte incidence aujourd’hui et sans doute l’incidence de ses affections va augmenter.
Ainsi, explique-t-il, « le lien commun de ses affections, c’est leur incurabilité en termes de réversibilité. Beaucoup de ses maladies n’ont pas de traitement. Il y a des facteurs sur lesquels nous pouvons agir. Il s’agit des facteurs étiologiques, c’est-à-dire des facteurs environnementaux. On sait aujourd’hui que l’agressivité de notre environnement joue un rôle extrêmement important dans l’augmentation de l’incidence de ses affections. C’est pourquoi, il est important en termes de prévention d’insister sur cela pour que les autorités prennent les mesures appropriées afin d’agir sur ses facteurs et de diminuer les incidents.
Un appel lancé pour plus de « recherche sur ses maladies »
L’appel à la recherche sur ces maladies qui n’ont pas encore de traitement spécifique est l’un des prétextes de cette rencontre scientifique qui se tient à Dakar. En effet, souligne Pr Moustapha Ndiaye, le deuxième élément qui motive cette rencontre, c’est la recherche. Il n’y a pas de traitements comme j’ai dit tout à l’heure. Donc il est important que nous mettions en place les moyens, les coopérations, les outils nécessaires pour davantage booster la recherche. Lors de ces rencontres, il y a d’éminents spécialistes du monde entier, venus d’horizons divers qui pendant 48h vont échanger avec les spécialistes sénégalais et africains sur ses affections et nous pensons qu’au terme de ses journées, qualitativement et quantitativement, nous connaîtrons un bond en avant », déclare le neuro-pédiatre à l’hôpital Albert Royer de Fann.