Maouloud : Quand la célébration de la naissance du Prophète (Psl) est considérée comme une « bida’a » par certaines doctrines

Décorations et lumières, friandises et mets populaires, séances de louanges et de commémoration… Dans de nombreuses villes musulmanes, du Maroc à l’orient, on célèbre chaque année l’anniversaire du Prophète, de plusieurs manières.
La fête s’enracinant dans les traditions populaires comme un moment agréable, la question se renouvelle chaque année sur l’opinion des écoles de pensée juridiques à son sujet, entre acceptation et interdiction.
Comme pour de nombreuses questions islamiques, les spécialistes de la jurisprudence ne s’entendent pas sur une seule direction pour aborder la célébration de l’anniversaire du Prophète. Même la date de naissance du prophète Mohamed(Psl) est un point de désaccord entre sunnites et chiites.
Les références religieuses disent que la célébration de l’anniversaire du Prophète n’était pas une chose courante dans les premières années de l’Islam, et qu’elle ne s’est transformée en une tradition qu’au IVe siècle de l’hégire.
Le début de la célébration de l’anniversaire de la naissance du Prophète (Psl) est attribué au calife fatimide Al-Mu’izz Li-Din Allah, après son entrée en Égypte en l’an 969 après JC, d’après BBC. Selon les références historiques, le lancement de célébrations organisées de la naissance du Prophète et d’un certain nombre de sa famille, était un moyen pour ce Calife de se rapprocher des Égyptiens, à travers des occasions publiques dominées par les réjouissances.
Avec le changement de gouvernement, et la succession des disputes islamiques, la célébration du Maouloud s’estompait puis revenait, selon les priorités de l’autorité. Ainsi, les Ayyoubides l’ont empêchée, puis les Mamelouks l’ont permis, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle devienne une tradition soufie.
Les ordres soufis sont les écoles islamiques les plus soucieuses de faire revivre l’anniversaire du Prophète et les naissances des saints en général. Ces célébrations font partie des traditions bien établies en Égypte, où les courants soufis se sont largement répandus, avec une variété de méthodes d’expression entre chants, cercles de zhikr et processions.
Malgré les différents ordres soufis, ils attachent une grande importance au souvenir de la naissance et de la mort, comme moyen de glorifier le Prophète et ses saints, de demander leur intercession et de les remercier pour leurs bénédictions. Exprimer des sentiments de joie et de tristesse dans la prière et le souvenir est un moyen d’atteindre un état de sérénité spirituelle que recherchent les disciples soufis.
 
Contrairement au soufisme, les érudits salafistes, dirigés par le savant religieux saoudien Abd al-Aziz bin Baz (1912-1999), adoptent le point de vue selon lequel célébrer l’anniversaire du Prophète est une innovation blâmable ou bida’a.
 
Ibn Baz estime que la charia n’a pas indiqué ce qui permettrait la célébration du Maouloud, car ni le Prophète ni ses Compagnons ne l’ont célébré, et c’est donc une innovation. À son avis, Dieu a récompensé les musulmans pour toutes les occasions avec deux jours fériés, qui sont l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, et au cours desquels il y a suffisamment de célébrations.
La question de la célébration de l’anniversaire du Prophète (Psl) reste l’un des différends jurisprudentiels courants entre salafistes et soufis. 

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