L’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, condamné en 2023 à cinq ans de prison ferme pour enrichissement illicite, est écarté de l’élection présidentielle du 29 juin faute de parrainages nécessaires, a fait savoir son porte-parole, Mohamed Ould Djibril, mardi 14 mai, dénonçant auprès de l’Agence France-Presse (AFP) le système de parrainage en place. « Ce blocage voulu par le pouvoir est antidémocratique, a-t-il dit. Nous sommes dix candidats victimes de ce complot du pouvoir. »
M. Aziz, qui a dirigé jusqu’en 2019 la Mauritanie, pays charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, avait entrepris des démarches en vue de présenter sa candidature, selon son porte-parole. Le cas échéant, il aurait affronté le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, son successeur et l’un de ses plus fidèles compagnons dans le passé, avec lequel il est désormais en conflit ouvert.
M. Aziz s’est heurté à un système qui exige le soutien de 100 conseillers municipaux, dont cinq maires. La majorité présidentielle, maîtresse du jeu en la matière, a fixé les critères pour que ses conseillers municipaux accordent leurs parrainages. Seul le parti islamiste Tewassoul, dans l’opposition, a une marge de manœuvre, car il dispose du nombre d’élus municipaux requis.
« Nous dénonçons l’hégémonie des partis de la majorité qui, ainsi, se choisissent leurs adversaires parmi les candidats et conduisent le pays vers la tenue d’une parodie électorale unilatérale », ont dénoncé une dizaine de candidats d’opposition, dont M. Aziz, dans un communiqué conjoint. Même si l’ancien président avait collecté les parrainages, sa qualification aurait été des plus aléatoires. Les candidatures doivent être soumises au Conseil constitutionnel. Or, selon la Constitution, le président « est rééligible une seule fois », et M. Aziz a déjà exercé deux mandats.