Me Khassim Touré: «Le droit a été bien dit»

Constitué pour Bara Sow et Ababacar Diagne, Me Khassim Touré qui a été suivi dans sa plaidoirie par le procureur Youssou Diallo pour une condamnation à perpétuité de Cheikh Béthio Thioune et Cie, se dit satisfait de la décision rendue par le Tribunal de grande instance de Mbour qui a condamné les prévenus à des peines variant entre 15 ans et 6 mois.

Par Ndiogou Cissé

Vous êtes constitué pour les victimes de la tuerie de Médinatoul Salam qui vaut à Cheikh Béthio Thioune d’être condamné à 10 ans de prison ferme… Êtes vous satisfait de la décision ?

Dans cette affaire, c’est l’image de la justice sénégalaise qui en ressort grandie. Cette décision démontre que l’impunité est en train de disparaître au niveau de la justice sénégalaise. C’est une décision historique que je salue. Je salue le professionnalisme des enquêteurs, celui du parquet et des juges. Tout le monde a fait ce qu’il devait faire et qui a abouti à cette décision. En fait, en statuant publiquement, par contumace à l’encontrede Béthio Thioune dit Cheikh, contradictoirement à l’égard des autres accusés et des héritiers de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, en matière criminelle et en premier ressort, le tribunal a condamné les prévenus. Cheikh Béthio Thioune qui a été jugé par contumance a pris une peine de 10 ans ferme. Cette peine ne peut pas remplacer la vie de mes clients qui ont été sauvagement tués et dont l’un a été enterré vivant. Mais elle donne la preuve qu’au Sénégal, l’impunité va prendre fin. Le tribunal qui a alloué la somme de 200 millions aux victimes a ordonné la confiscation du patrimoine des prévenus qui doivent payer solidairement aux héritiers des victimes les sommes précitées. Pour autant, nous ne nous glorifions pas d’avoir gagné ce procès. C’est l’État de droit qui est le vainqueur. C’est le peuple, épris de justice qui nous a soutenu tout au long de ce procès, qui est satisfait de constater que la règle de droit a été appliquée.

Vous être un petit fils de Serigne Touba par votre mère, proche de la hiérarchie mouride et fils du grand dignitaire mouride Elhadji Cheikh Touré. Vous ne vous êtes pas gêné à plaider contreCheikh Béthio Thioune ?

Quand je me suis constitué pour les victimes, certains mal pensant ont déclaré que j’ai été monté par des cercles religieux de Touba contre Cheikh Béthio. Ce qui est archi faux. La preuve, le même Cheikh Béthio m’a approché pour que je le défende dans cette affaire. Mais il m’a trouvé déjà constitué pour Bara Sow et Ababacar Diagne. Ma déontologie d’avocat respectueux du règlement de ma profession ne me permet pas cela. Je respecte Cheikh Bethio avec qui je n’ai aucun différend. La communauté mouride n’a pas non plus de contentieux à Cheikh Béthio dont l’une des épouses, certainement par ignorance, a eu le toupet de comparer son mari avec Serigne Touba. En m’engageant dans ce procès, j’ai eu comme l’impression d’avoir été guidé par Serigne Touba dont le nom de doit pas être utilisé à des fins mondaines.

Les avocats du Cheikh et Cie annoncent une requête en appel. Êtes vous préparé à cette éventualité ?

Je rappelle que Cheikh Béthio a été condamné à 10 ans de travaux forcés, Pape Ndiaye à 5 ans, Ablaye Diouf et Samba Fall à 5 ans d’emprisonnement ferme chacun. Quant à Samba Ngom, il a pris 6 mois d’emprisonnement ferme déjà purgés. Le tribunal a ordonné la confiscation du fusil de calibre 12/76 numéro 567540, du fusil de calibre 12m/m n°497951, du pistolet de marque Walther n°2021500 et de ses deux chargeurs, des cinq (5) cartouches, de la barre de fer, du manche en bois saisi et des six (6) balles extraites du corps d’Ababacar Diagne. À cela s’ajoutent les dommages et intérêts. Toutes ces décisions sont à exécuter. Si Cheikh Béthio pour lequel aucun appel n’est recevable, car jugé par contumance, une fois qu’il rentre au Sénégal, il va se constituer prisonnier. Si la contrainte par corps ne peut être exécutée sur une personne de plus de 70 ans, la peine ferme peut être exécutée quelque soit l’âge du condamné. Que les avocats de Cheikh Béthio et Cie sachent que nous continuons de fourbir nos armes. Nous avons plaidé le dossier en première instance et obtenu gain de cause. Nous les attendons en seconde instance et partout où il sera nécessaire de défendre la cause de nos clients sauvagement tués.

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