«La mendicité forcée est la forme la plus commune de trafic d’êtres humains au Sénégal». Dixit, le dernier rapport, daté de 2019, du département d’État américain sur la traite des personnes cité par un reportage de Cnn sur le phénomène des enfants talibés qui sont plus de 100.000 à être contraints de quémander de la nourriture et de l’argent selon Human Rights Watch. En somme, il ressort de l’immersion de la Cnn que les daaras – pas tous – sont les principales sources d’enfants mendiants laissés à eux-mêmes.
Cette constatation rejoint celles effectuées par le Comité des droits de l’homme des Nations unies dans la version provisoire non éditée du cinquième rapport périodique du Sénégal parcourue par Tribune (rapport daté du 07 novembre 2019, Ndlr). Au chapitre de la maltraitance des enfants, le Comité des droits de l’homme constate la persistance du phénomène de l’exploitation infantile et des abus. Il se montre également préoccupé par le nombre de poursuites anormalement faible contre les auteurs présumés de tels actes. Dénonçant la situation des enfants forcés de mendier et des cas d’exploitation et de maltraitance graves sur des enfants par des maîtres coraniques, le Comité des droits de l’homme demande au Sénégal de veiller à la stricte application de l’article 298 du Code pénal, qui criminalise les violences physiques et la négligence volontaires envers un enfant, en dotant toute la chaîne judiciaire de moyens adaptés à l’ampleur du phénomène.
La même source demande d’accélérer l’adoption du projet de loi sur la modernisation des écoles coraniques tout en s’assurant qu’elle soit compatible avec les obligations de l’État au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il est aussi recommandé au Sénégal de veiller à ce que la loi adoptée prévoie un système d’inspection des daaras doté des ressources nécessaires et de permettre aux organisations de la société civile de se constituer partie civile devant les tribunaux dans tous les cas de traite et de maltraitance des enfants.