Le lancement du Programme d’appui à la modernisation de l’administration ou Pama, a un air du déjà vu pour ne pas dire du réchauffé. En fait, cela n’est que la réédition du forum national sur l’administration qui s’est tenu le 9 et 10 avril 2016, où, dans discours d’ouverture, le Président Macky Sall disait textuellement ceci : «En initiant ainsi cette rencontre, inédite, parce qu’elle porte la marque de mon ambition pour une administration rénovée, je n’ai fait que prendre la pleine mesure de l’irrévocable nécessité d’un dialogue fécond, direct, loyal, et constructif entre le chef de L’État et ses missi dominici, autrement dit, entre le Président de la République et ses missionnaires au service de la République que vous êtes. Il ne pouvait en être autrement, car ce n’est qu’autour de la vérité et de la franchise, que s’engagent les ruptures nécessaires dans toute organisation. Ce n’est qu’avec la vérité et la franchise, drapées dans un courage résolu, que l’on vainc les hésitations, et les résistances».
Sans remettre en cause le sacro-saint principe que «la répétition est pédagogique», nous devons à tout le moins, reconnaître que le Président a bien musardé en chemin, pour ne pas aller jusqu’à dire que les dirigeants ont tendance à prendre des décisions qu’ils s’empressent, une fois que les lampions de la cérémonie éteints, de ranger dans les tiroirs. Mais têtus sont les faits.
Piqûre de rappel, à l’issue du premier Forum de l’administration en 2016, le Président de la République du Sénégal, Macky Sall, avait pris 6 “importantes décisions”. Aussi, s’engageait-il à «finaliser le processus d’adoption du schéma directeur de modernisation de l’administration publique, en accordant une attention particulière à la mise en œuvre prioritaire de la charte de la déconcentration». Il avait également décidé d’« adopter avant la fin de cette année, le code de déontologie général des agents publics», «élaborer un nouveau droit de la fonction publique», «engager un audit général des procédures» et «veiller à l’adoption à chaque ministère d’une charte de qualité».
Une nouvelle ère administrative a débuté ce 10 avril 2016, avait-il laissé entendre. «Elle porte la marque d’une nouvelle convergence entre la légitimité, l’égalité et l’efficacité». À l’autel des réalisations, il est facile de mesurer le chemin…non parcouru !
Aujourd’hui, en 2019, force nous est de constater que la nouvelle ère administrative qui était censée débuter est toujours attendue par les populations qui ont toujours droit à un service public de piètre qualité – quand il existe. Alors, à quand une administration où le citoyen est au cœur du projet, dans la transparence et le respect de ses droits, comme on peut en attendre de toute démocratie majeure – vous avez dit majeure ? – où les moyens de l’État ne sont pas utilisés pour battre campagne au profit du candidat-président et au détriment du citoyen ? Une administration où on traite le citoyen avec égard, courtoisie et considération, non comme un pigeon à plumer, parce que conscients que ce sont ses impôts qui financent l’administration…
D’ailleurs, nombreux sont les citoyens qui sont stressés lorsqu’ils doivent effectuer des démarches pour l’obtention de papiers administratifs. Mais malgré les discours d’intention, le pouvoir aura fort à faire pour moderniser l’administration, tout simplement, parce qu’elle est fortement politisée. Les recrutements ne se font pas sur la base des compétences ou du mérite, mais selon les critères d’appartenance au même terroir, même parti politique quand ce ne sont pas les liens de sang. Parce qu’il émerge également, depuis quelques années, une caste de seigneurs de fonctionnaires – politiciens pleins aux as, qui financent à tour de bras, moulins, petits financements, ambulances, etc. Où prennent-ils donc tout cet argent alors que même ceux qui s’essaient à faire des affaires dans les règles de l’art, ont du mal à s’en sortir ?
C’est justement pour mettre un terme à cette situation que les Assises nationales avaient, dans leurs conclusions, recommandé un appel à candidature pour des postes importants à pourvoir. Ce qui aurait évité la fâcheuse situation vécue actuellement. Aujourd’hui, le temps de l’action que les populations attendent, c’est bien plus que la disparition ou le regroupement d’agences ou la réduction de la facture de téléphone et tutti quanti, mais surtout, le vaste chantier de la transparence de la gestion des affaires publiques, avec des signaux forts donnés depuis l’avenue LSS (ex-Roume), en termes de serrage de ceinture et autres joyeusetés du nom de rationalisation.