Les bruits de couloir à propos d’un discours d’adresse à la Nation du président de la République, Macky Sall, prévu ce samedi, à propos d’une éventuelle «dissolution du Conseil constitutionnel et d’un report du scrutin du 25 février 2024», n’augurent rien de bon. Si cela se réalise, cette allocution interviendra dans un contexte crucial de la vie politique de notre pays.
Monsieur le président de la République, son Excellence Macky Sall, père de la Nation, ne précipitez pas le Sénégal dans le chaos.
Monsieur, le Président, un report de l’élection présidentielle, à cette étape du processus, serait trop risqué. Ne conduisez pas notre pays dans le gouffre, dans l’abîme. Personne n’y gagnera. Nous avons besoin d’une refondation, d’une réconciliation. Le pays est resté pendant trois ans sens dessus dessous. Ne rallumez pas le feu.
Monsieur le Président, actuellement, on s’apprête à aller vers une élection inédite. Tout le monde magnifie la vitalité démocratique avec 20 candidats, des profils extrêmement intéressants. C’est une première dans l’histoire politique du Sénégal. Nous devons maintenir la date de lancement de la campagne électorale, quoiqu’il advienne, pour tenir la présidentielle à date échue. Nous sommes dans un tournant décisif de notre démocratie.
Monsieur le Président, cette vitalité démocratique, nous devons la préserver. Vous n’avez pas le droit de faire moins que vos prédécesseurs !
Monsieur le Président, avec ce report, s’il a lieu, vous devenez de facto illégitime. Des gens profiteraient de cette illégitimité pour semer le chaos. On ne repousse pas à son gré un rendez-vous électoral, fixé par la Constitution. Rien ne s’oppose à la tenue de cette élection. Le combat de Karim, légitime qu’il soit, ne doit pas être un prétexte pour reporter le scrutin.
Monsieur le Président, ne remettez pas en cause notre statut de pays stable, une exception bien sénégalaise. Le Sénégal est un îlot de paix dans un océan trouble. Tous les pays africains où des hommes politiques se sont agrippés au pouvoir, ont connu des coups d’Etat. C’est le cas de la Guinée Conakry, du Niger, du Burkina…Ces Etats vivent actuellement une crise institutionnelle indescriptible.
Monsieur le Président, n’acceptez pas que le pays brûle sous votre magistère.
Par Me Cheikh NIASS