Mort de Jean-Paul Belmondo : Huit choses que vous ne saviez peut-être pas sur Bébel

La légende du cinéma français a tiré sa révérence, lundi, à 88 ans. Si sa carrière est bien connue et jalonnée de succès, vous ne connaissez peut-être pas certaines anecdotes qui ont émaillé sa vie.
 
De Bébel, tout le monde se souvient qu’il réalisait lui-même ses cascades et qu’il était un acteur d’exception. Mais la vie de cette légende du cinéma français a aussi parfois été ponctuée de petites histoires qui ne sont pas forcément passées à la postérité. Retour sur quelques anecdotes méconnues de la carrière de Jean-Paul Belmondo, mort à l’âge de 88 ans lundi 6 septembre. 
 
Son vrai surnom était Pépel
 
Pourquoi Jean-Paul Belmondo était-il surnommé Bébel ? En référence à son nom de famille ? Pas tout à fait… Alors qu’il était encore un apprenti comédien, sa bande de copains du Conservatoire, composée de Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et Bruno Cremer, entre autres, lui attribue le sobriquet Pépel. Une référence à Pépel Wasska, le voleur incarné par Jean Gabin dans Les Bas-fonds, l’adaptation par Jean Renoir de la pièce de Maxime Gorki. L’histoire raconte que le jeune Belmondo portait alors toujours le même pull fatigué.
 
“J’étais fier qu’on puisse me comparer, d’une façon ou d’une autre, à Gabin”, avait confié Bébel à Paris Match, ajoutant : “A la suite d’une faute de frappe, ‘Pépel’ est devenu ‘Bébel’, et c’est resté.” En 1962, Belmondo a eu le privilège de jouer avec son idole dans Un singe en hiver, d’Henri Verneuil.
 
Il s’est battu contre Delon… au tribunal
 
En 1970, la sortie de Borsalino est un événement. Le film de gangsters de Jacques Deray réunit à l’écran deux stars : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Mais un détail sur l’affiche met Bébel en colère, relate l’émission “13h15 le dimanche” de France 2. Le nom d’Alain Delon apparaît avant le sien sur le visuel. Il y figure même deux fois au lieu d’une, le nom de la maison de production d’Alain Delon ayant été remplacé par celui de la star. Le contrat n’est pas respecté. La justice donne raison à Belmondo en 1972.
 
Le duel a été monté en épingle, mais les deux monstres sacrés se sont toujours défendus de toute rivalité. “Ça fait quarante ans qu’on court un marathon ensemble, et une fois ou l’autre, l’un est en tête et l’autre second. Mais ce qui compte, c’est l’arrivée, et nous arriverons ensemble. Nous passerons la ligne d’arrivée ensemble”, assurait Alain Delon. “Il n’y a jamais eu de rivalité entre Delon et moi. Nous n’avons jamais été fâchés. Il y a eu tout au plus quelques brouilles passagères, comme il y en a dans tous les ménages. Alain a toujours été présent dans les moments importants de ma vie”, confirmait Bébel, cité par Le Figaro.
 
Ses affiches doivent beaucoup à Steve McQueen et au syndicat Force ouvrière
 
Après le semi-échec de Stavisky, le biopic auteurisant réalisé par Alain Resnais, la carrière de Belmondo est reprise en main par René Château (l’homme de René Château vidéo et des pubs avec la panthère noire). Sa recette : une affiche qui claque avec écrit “Belmondo” en énorme dans le style graphique de la propagande de Force ouvrière de l’époque, et un dessin (ou une photo) de l’acteur pleine page, avec au choix un blouson de cuir ou un col roulé noir, un cigare et un revolver, décrit Le Monde. Première affiche en date, Peur sur la ville, ouvertement inspirée du Bullitt de Steve McQueen. Bébel ne porte jamais ces vêtements dans le film ? Peu importe. Suivront, sur le même modèle, Flic ou voyou, Le Marginal, Le Professionnel…
 
Son “Homme de Rio” a amené Spielberg à adapter “Tintin”
 
Steven Spielberg a été biberonné au cinéma européen et ne se cache pas de s’être inspiré de L’Homme de Rio pour son chef d’œuvre Les Aventuriers de l’Arche perdue. Il a vu et revu L’Homme de Rio pendant son adolescence, et certaines scènes de ce film sont référencées dans les aventures de l’archéologue au chapeau. Harrison Ford, Jean-Paul Belmondo, même combat ? Le réalisateur américain ne s’en cache même pas. Et quand les critiques – élogieuses – tombent après la sortie du premier volet de la saga Indiana Jones, en 1981, le réalisateur américain est surpris qu’on décèle des références à Tintin dans son film alors qu’il n’a jamais lu les ouvrages d’Hergé. 
 
Rien d’étonnant, le film de Philippe de Broca (qui, lui, remonte à 1964) reprend des passages entiers de L’Oreille cassée ou de Tintin en Amérique. Steven Spielberg envoie un assistant acheter les albums en Europe – en français, langue qu’il ne parle pas – les dévore, et acquiert les droits du personnage quelques mois après la mort d’Hergé, en 1983. Il faudra encore attendre une trentaine d’années pour découvrir Tintin et Milou devant la caméra du réalisateur américain avec Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, sorti en 2011.
 
Son visage a servi d’inspiration au héros de BD Blueberry ainsi qu’à de nombreux mangakas
 
C’est le dessinateur Jean Giraud (également connu sous le pseudo de Moebius) qui a donné ses traits au lieutenant Blueberry, personnage fondateur du journal Pilote au début des années 1960. Jean Giraud racontera au critique BD Gilles Ciment des années plus tard : “C’était en effet un manifeste un peu déguisé, une façon de me relier à la dimension tragique, révolutionnaire, transgressive que Belmondo endossait avec son physique, sa façon de jouer et ses choix de metteurs en scène.” Jean-Paul Belmondo prêtera aussi ses traits à des personnages de manga comme ceux de Lupin III ou Cobra, comme le signale sur Twitter un passionné de BD.
 
Il avait une dent contre les César à cause de son père
 
En 2017, Jean-Paul Belmondo reçoit un César d’honneur. Une récompense que Bébel avait toujours refusée jusque-là (alors qu’il avait remporté le César du meilleur acteur en 1989). “Je pense que le public est le seul jury qui puisse nous accorder des distinctions”, expliquait-il dans un communiqué. Mais pour la famille et les proches de l’acteur, ce n’était pas la seule raison, relate le JDD. L’Académie des César avait choisi pour trophée une compression de César Baldaccini, un artiste contemporain rival de son père, Paul Belmondo, au style plus académique. “Ils ne font pas le même métier. L’un était sculpteur, l’autre est compresseur”, tranchait le fils.
 
Il a porté le PSG sur les fonts baptismaux
 
Il a mis moins d’argent de sa poche que l’émir du Qatar des années plus tard, mais Jean-Paul Belmondo a tout de même mis la main au portefeuille pour fonder le PSG en 1976. Un peu à cause de sa passion du football, mais aussi par amitié. Un passionné du Paris-Saint-Germain partage sur Twitter un document de l’époque. Il racontait au Parisien en 2018 : “J’ai mis de l’argent pour que démarre l’aventure, mais je ne suis pas resté longtemps. Ce n’était pas compatible avec mon emploi du temps. Si je suis toujours supporter du PSG ? Oui, toujours !” On le voit cependant beaucoup moins dans le carré VIP du Parc des Princes qu’à Roland-Garros, de son propre aveu à cause des sommes d’argent colossales brassées par les footballeurs.
 
Il avait le nez cassé, mais pas à cause de la boxe
 
Ce n’était pas un pic, encore moins un cap et surtout pas une péninsule, mais le nez cassé de Jean-Paul Belmondo a beaucoup fait pour sa reconnaissance (un album de Blueberry s’appelle précisément Nez cassé, soit dit en passant). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas sur un ring que l’acteur a abîmé une partie de son outil de travail. Bébel a combattu entre 9 et 13 fois, pour un total de victoires oscillant entre 4 et 6, selon les interviews compilées par Libération. Non, son nez, c’est d’abord en culottes courtes qu’il l’a esquinté en chahutant. Envoyé sous les drapeaux par un prof de théâtre qui ne croit pas en son talent, il se fait de nouveau refaire le portrait par un officier à coup de crosse pendant un roupillon intempestif. N’empêche, il demeurera à jamais Le Magnifique.

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