Du 1er avril 2012 à mars 2021, 1029 corps non identifiés ont été enterrés dans les cimetières de 5 régions du Sénégal (Dakar, Thiès, Diourbel, Louga et Saint-Louis).
Bébés mort-nés, victimes d’accidents, malade mentaux, Sdf, les cimetières du Sénégal regorgent des sépultures anonymes. Selon l’Association pour la Perfection et pour la Miséricorde crée en 2012, 115 personnes meurent chaque année sans avoir été identifiées au Sénégal. Du 1er avril 2012 à la date d’hier, soit en 9 ans, 1029 corps non identifiés ont été enterrés dans les cimetières de 5 régions du Sénégal (Dakar, Thiès, Diourbel et Louga et Saint-Louis), confie Lamine Mandiang, secrétaire général de l’Association pour la Perfection et la Miséricorde. Dans le détail, 935 corps non identifiés ont été inhumés au cimetière musulman de Yoff. Après la capitale, Thiès arrive en deuxième positon.
Avant-hier dimanche, 28 corps non identifiés et non 37 comme nous l’évoquions hier dans nos colonnes, ont été enterrés au cimetière de Yoff. Parmi ces corps non identifiés, il y a deux femmes et trois enfants.
28 corps ont été inhumés et non 38, avant-hier dimanche
Les cadavres inconnus, ce sont le plus souvent des mort-nés, des cas de noyades, des errants, des malades mentaux, des accidentés admis vivants ou après leur décès au niveau des hôpitaux. Parfois ramassés avec leurs pièces d’identité, parfois non, ils sont déclarés ‘‘inconnus’’ par les responsables des morgues, si aucun membre de leurs familles ne s’est présenté, durant tout le temps légal de conservation des restes mortels. Selon Mandiang, la durée légale de conservation dans les hôpitaux dure 45 jours.
La majorité des corps sont des adultes et des mort-nés…
Dès fois les familles des victimes n’ayant pas les moyens de récupérer les corps préfèrent les abandonner à la morgue. « Des enfants décédés sont abandonnés par leurs mères car n’ayant pas les moyens de récupérer les corps. Des femmes accouchent des mort-nés et abandonnent les corps, faute de moyens ». Passé le délai des 45 jours, une procédure juridique est lancée pour les fins d’inhumation. Ensuite, les corps sont remis à l’Association qui procède au lavage et à la prière mortuaires, signale Madiang. Mais auparavant, l’hôpital saisit le procureur de la République d’une lettre pour des fins d’inhumation. Celui-ci donne son autorisation, après s’être assuré de l’exactitude matérielle des faits, ce qu’on appelle les justificatifs nécessaires, c’est-à-dire l’autopsie, le certificat de genre de mort ou la réquisition de la police.
300 à 400 personnes participent à la prière mortuaire et à l’enterrement
Interpellés sur les conditions d’inhumation, l’Association pour la solidarité et la perfection nie l’existence de fosses communes. « La dignité humaine est respectée jusqu’au bout », explique Mandiang. « Les cadavres ne sont pas enterrés dans des fosses communes. Ils sont inhumés dans des tombes individuelles », explique-t-il. Non sans préciser qu’au cimetière de Yoff, il y a un endroit dédié à l’enterrement des corps non identifiés. « Nous avons un registre dont les noms des corps non identifiés sont connus. S’il y a une famille qui se signale, on leur montre la tombe en suivant le numéro indiqué sur la sépulture », soutient-il, précisant qu’il y a des numéros qu’on attribue à chaque tombe. D’après Mandiang, il y a 300 jusqu’à 400 personnes qui participent à la prière mortuaire et à l’enterrement des corps. Et dans ce lot, il y a des journalistes, des avocats des magistrats…
Quid des dépenses ? L’Association prend en charge tous les frais (logistique, linceul). Elle vient en appoint avec ses propres moyens. Les opérations coûtent entre 400.000 et 450.000 Fcfa pour la région de Dakar, 150. 000 Fcfa hors de Dakar. « On le fait gratuitement avec nos propres moyens », déclare-t-il. Madiang révèle que l’Association est appuyée par des bénévoles et la Fondation Servir Le Sénégal. « La Fondation de la Première Dame Marième Faye Sall nous a offert un véhicule pick-up en juin 2015, une ambulance en avril 2017 et un corbillard en octobre 2018. Un autre véhicule nous a été offert par un bénévole », dit-il. « Avant-hier dimanche, la mairie de Dakar nous a envoyé 5 corbillards pour transporter les 28 corps non identifiés », renseigne Madiang.