Ces mots “bizarres” qu’utilisent les Wolofs

Nombre de mots utilisés au pays de la Teranga viennent de l’arabe ou du français. Formules incontournables ou expressions détournées : pour les néophytes, un décodage s’impose.

Creuset multiculturel influencé par la diffusion de l’islam dès le VIIIe siècle puis par les colonisations portugaise et française entre les XVe et XVIIe siècles, le Sénégal a de tout temps intégré dans son lexique des expressions venues d’ailleurs qu’il a faites entièrement siennes. Certaines gardent le même sens que dans leur langue d’origine, la plupart en préservent l’esprit tout en s’adaptant au wolof et aux habitudes. Quelques-unes, en revanche, peuvent désarçonner les visiteurs non avertis.

[ Être là ]

Chacun connaît la salutation usuelle des Wolofs, « Nangadef ? » (signifiant littéralement « comment tu fais ? »), qui appelle généralement la réponse « Mangui fii rekk ! » (« je suis là seulement »). Aussi ne soyez pas surpris si, pour répondre à la même question posée en français (« Ça va ? »), votre interlocuteur réplique : « On est là ! »

[ Yangui noce ? ]

En langage familier, cette forme de salutation signifie littéralement : « Est-ce que tu fais bien la noce ? » et, par extension, se traduit généralement par : « Alors, en forme ? »

[ Attaya et naanaa ]

Le cérémonial du thé à la menthe, véritable religion nationale, est généralement appelé attaya (qui vient des dialectes maghrébins : atay au Maroc et etay en Algérie) ou, plus rarement, chaï (tiré de l’arabe moderne). Élément indispensable de l’attaya, naanaa, le terme consacré pour désigner la menthe fraîche, est lui aussi issu de l’arabe (n’ana).

[ Salam Aleykoum/Aleykoum Salam ]

« Que la paix soit sur vous/Que la paix soit avec vous ». Du nord au sud, d’est en ouest, cette salutation en arabe est la formule introductive incontournable pour s’adresser à quelqu’un au pays de la Teranga.

[ Inch Allah ]

Étant donné que c’est Dieu qui décide de tout et que toute chose se fait, ou pas, selon « Sa » volonté, un Sénégalais qui se respecte agrémentera chacune de ses prévisions ou de ses promesses d’un Inch Allah, qui fait office d’assurance tous risques.

[ Bismillahi ! ]

« Au nom de Dieu ! » Cette formule consacrée par le Coran pour être prononcée en théorie avant d’effectuer toute chose est utilisée au quotidien pour exprimer la bienvenue à un visiteur qui vient d’arriver, mais aussi avant le départ d’un taxi-brousse ou le décollage d’un avion, afin de conjurer un éventuel accident.

[ Wallahi ]

« Par Dieu » – de même que ses dérivés, billahi et tallahi – se prononce la main sur le cœur pour assurer de sa bonne foi. C’est en quelque sorte l’équivalent sacré de « la vérité si je mens » ou de « sur la tête de ma mère ».

[ Bagots ]

Chacun l’aura remarqué, les Africains n’ont pas pour habitude de voyager avec une seule valise standard. Le mot « bagage » se décline toujours au pluriel au Sénégal, où l’on voyage donc avec « des bagots ».

[ Diminuer ]

Le terme wolof wañi est « francisé » en « diminuer ». On l’utilise aussi bien pour demander à un chauffeur de taxi de revoir à la baisse son tarif ou le volume de son autoradio que pour suggérer à celui qui prépare le thé d’y mettre moins de sucre.

[ Estation, esportif, ETC. ]

Les mots français commençant par la lettre s suivie d’une autre consonne posent un problème de prononciation. Aussi, à l’oral, certains y ajoutent un initial.

[ Enceinter ]

Mettre une femme enceinte, généralement hors mariage.

[ Monter et descendre ]

« Monter » signifie « se rendre au travail » et « descendre » qu’on en revient.

[ Pied ]

En wolof, le mot tank désigne la jambe, indifféremment du haut de la cuisse au pied. Une synecdoque que les Sénégalais transposent en français. Ainsi, même si vous avez une attelle au genou, on vous demandera : « Comment va ton pied ? »

[ Quatre heures moins ]

Les Sénégalais sont toujours décontenancés par l’obsession des toubabs pour le minutage perpétuel : lorsque à Paris il est quatre heures moins vingt-cinq, à Dakar il est simplement « quatre heures moins ».

[ Thiof ]

Ce mot désigne en wolof le mérou, poisson à la chair tendre et fine prisé pour cuisiner le tiéboudienne. Mais les Sénégalaises l’ont détourné pour parler d’un homme particulièrement attirant.

[ Venants ]

Chaque jour, dans le port de Dakar, une multitude de conteneurs déversent des milliers d’objets recyclés venus d’ailleurs, de l’électroménager aux voitures d’occasion. Les « venants » désignaient autrefois les marchandises venues de France ; désormais, ils peuvent faire référence à tous les biens importés.

 

Avec Rfi

220 Commentaires

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