Pour avoir froidement battu et tué le nommé Babacar Ba à coups de machette, gourdin et pelle, le trio Moussa Boye, Serigne Abo Madyana Fall et Babacar Guilène Diallo a été renvoyéhier devant la Chambre criminelle de Dakar, pour association de malfaiteurs, assassinat et détention d’arme sans autorisation administrative. Cette scène d’une violence inouïe remonte à la nuit du 12 au 13 juin 2017, dans le secteur de Keur Massar. Ces trois accusés s’étaient cette nuit-là réunis au domicile de Gorgui Boye pour prendre le thé. Alors queGorguiBoye et BabacarGuilène Diallo accompagnaient Serigne Abo Madyana Fall, ils ont croisé en cours de route Babacar Ba, en état d’ivresse. Gorgui Boye l’a salué. MaisBabacar Ba l’a abreuvé d’injures avant de casser la bouteille de bière pour lui asséner des coups de tesson. Fort heureusement, Gorgui l’a désarmé, mais il a été blessé au cours de cette altercation.
Pour laver cet affront, Gorgui Boye et ses acolytes ont décidé de se venger. Le lendemain, ils se sont réunis pour aller à la recherche de Babacar Ba. Une fois qu’ils l’ont trouvé, il l’ont pris à partie en lui assénant des coups de gourdin, de machette et de pelle avant de le laisser mourant sur les lieux. Et il a succombé à ses blessures deux jours après les faits.
Moussa Boye et Abo MadyanaFall se lavent à grande eau et accusent l’absent GorguiBoye
Inculpés, Moussa Boye et Abo MadyanaFallont fait face hier au juge de la Chambre criminelle de Dakar après plus de 3 ans de détention préventive. Mais, ils ont tous nié les faits. Ils se sont défaussés sur l’instigateur de la bagarre qui est en fuite, Gorgui Boye, qui est l’absent le plus présent au procès. Grand-frère de celui-ci, l’accusé Moussa Boye a dit qu’il était sur les lieux du drame sur ordre de sa mère pour calmer les choses et ramener son frère à la maison. Et sur la bagarre à l’origine de la mort de Babacar Ba, il explique:«mon frère Gorgui Boye et Abo Madyana sont partis à la recherche de Babacar avec des gourdins et non avec des couteaux et coupe-coupe. Une fois sur le lieu du drame, alors que je conduisais mon frère, Babacar a brandi un coupe-coupe en voulant m’asséner des coups après m’avoir injurié. Mais, mon petit-frère l’a frappé avec unbâton», s’est-il défendu.
Des déclarations contraires à ses aveux à l’enquête et devant le juge d’instruction.«Je lui ai asséné deux coups de machette sur les pieds. Avant que Serigne Abo Madyana Fall ne lui administre des coups de pelle sur la tête. Quant à mon petit-frère Gorgui, il lui a donné des coups de gourdin. Et Babacar a succombé suite à ces coups qui lui ont été donnés par les susnommés qui lui ont aussi administré des coups de poing», avait-il dit. Mais, il a campé sur sa position en soutenant n’avoir rien fait dans cette histoire.
Ayant fait deux fois la prison, Serigne Abo Madyana Fall n’a reconnu avoir donné que des coups de machette sur les pieds du défunt. Mais, il s’est désengagé à propos du décès de celui-ci. «Lorsque nous allions le chercher, je détenais par-devers moi un gourdin ainsi que Gorgui Boye. Et quand nous l’avons trouvé, Gorgui lui a asséné des coups de gourdin à la tête. J’avoue que je lui ai donné un coup de machette sur les pieds. Mais, le coup fatal lui a été donné à la tête par Gorgui Boye», dit-il alors que lors de son audition face aux enquêteurs, il avait confirmé avoir bien donné des coups de pelle sûr la tête du défunt avant que Gorgui Boye ne lui assène des coups de gourdin.
Le procureur requiert la réclusion criminelle à perpétuité
Dans ses réquisitions, le procureur s’est penché sur le certificat de genre de mort ainsi que sur les scellés pour pouvoir articuler sur la violence des faits et requérir l’acquittement pur et simple contre Babacar Guilène Diallo et la réclusion criminelle à perpétuité à l’endroit de Moussa Boye et Serigne Abo Madyana Fall. «Aujourd’hui, ils se renvoient la balle. Mais, des armes ont été saisies au domicile de Moussa Boye. Il faut retenir les deux accusés dans les liens de la prévention pour association de malfaiteurs. Le certificat de genre de mort a fait état d’un traumatisme crânien, de fissures cérébrales dues à des coups causés par des objets contondants. La tête a reçu coups de gourdin, de machette et de pelle. C’est l’acharnement dont ils ont fait montre qui a causé la mort de la victime», a fait observer le parquetier.
Par contre, le pool des avocats de la défense, Mes Abdoulaye Tall, Arona Bass pour Guilène, Jacques Albert Faye, Mansour Ndiongue et Brice Benoît ont pour certains demandé l’acquittement pur tandisque d’autres ont souhaité la requalification des faits d’assassinat en coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Délibéré le 16 décembre prochain.
Avec Fatou D. DIONE