Les débats et dénonciations sur l’accueil et le traitement réservés aux patients sont loin d’inverser la tendance dans les hôpitaux sénégalais qui continuent de faire des victimes. Cette fois-ci, c’est un agent de santé qui en est victime. Mais Mbaye Dieng n’ignore pas ses droits. Contacté par la rédaction de Seneweb, ce père de famille raconte le film de l’horreur sur les circonstances du décès de sa fille de 8 ans survenu le mardi 29 août dernier, aux environs de 23 h, à l’hôpital Fann, à la suite d’une négligence médicale.
« Je suis Mbaye Dieng. Ma fille a été heurtée par une voiture le mardi 29 août. Nous l’avons emmenée au centre de santé de Bel-Air. Ils ont fait les premiers soins et nous ont donné une ambulance pour nous renvoyer à l’hôpital Albert Royer. Sur place, ils nous ont rapidement orientés vers l’hôpital Fann », raconte-t-il.
Revenant en détail sur les faits, il dit : « Une fois à Fann, vers 21 h, ils nous ont demandé d’aller au service de neurochirurgie. Nous avons vu le médecin qui nous a indiqué clairement qu’il ne va pas toucher l’enfant et vous imaginez qu’en ce moment, ma fille était sous oxygène, très fatiguée, je vous jure. Il a carrément refusé de la toucher. J’ai beaucoup insisté, mais il a refusé. Je lui ai même supplié et montré ma carte professionnelle en tant qu’agent de santé, mais il est resté catégorique sur sa décision de ne pas toucher l’enfant. Je le connais bien. Il s’appelle docteur Souleymane Baldé. Il était le médecin de garde ce jour-là. Tout ce qu’il a avancé comme raison, c’est que l’enfant n’est pas son patient, mais plutôt celui d’Albert Royer. »
Pourtant, en ce moment-là, le médecin en question ne faisait pas grand-chose et pouvait prodiguer au moins quelques soins pour soulager la famille, mais il a préféré prendre son dîner, au lieu de s’occuper de la patiente qui était un cas d’urgence, d’après M. Dieng.
« Lorsque je m’adressais à lui, il ne m’écoutait même pas. Il avait du pain et un autre goûter entre ses mains et il m’a carrément répondu : ‘Retournez à Albert Royer. J’ai d’autres patients en haut.’ Pourtant, il avait vu l’état de ma fille dans l’ambulance », confie le papa.
N’ayant plus le choix et voulant coûte que coûte sauver sa fille qui était presque plongée dans le coma, le père est retourné à l’hôpital Albert Royer.
«Arrivé à Albert Royer, j’ai expliqué au médecin ce qui s’est passé. Le major d’Albert Royer a fait une intervention en appelant le médecin de Fann pour lui dire de prendre en charge l’enfant. Nous sommes retournés encore à Fann. On a trouvé Souleymane Baldé en train de prendre son dîner dans son bureau. Et là, comme il a reçu un ordre de l’hôpital Albert Royer, il a écrit sur un papier pour nous dire d’emmener l’enfant pour faire un scanner, sans même sortir de son bureau pour l’assister. Son assistant même l’a supplié de venir voir l’enfant, mais il a refusé », affirme Mbaye Dieng avant de revenir sur le dernier moment de son unique fille.
« Au moment de l’emmener pour faire le scanner, ma fille a perdu beaucoup de sang qui coulait de son nez, parce qu’on a perdu beaucoup de temps, environ deux à trois heures dans cet hôpital. Malheureusement, vers 23 h, ma fille est décédée. Certes, je crois en Dieu, mais je dis que c’est le médecin Souleymane Baldé qui a tué mon enfant, car il l’a négligée. Ce qui me fait le plus mal, c’est qu’il est resté dans son bureau jusqu’à ce qu’on lui annonce le décès de ma fille, pour qu’il vienne vers nous. C’est un médecin après la mort », fulmine l’agent de santé.
Face à cette négligence médicale qui lui a valu le décès de son unique fille Niatam Dieng, âgée seulement de 8 ans, le père, très désespéré et inconsolable, ne compte pas laisser l’affaire. Il a décidé de traduire le médecin Souleymane Baldé en justice, pour non-assistance à une personne en danger.
Dans la foulée, Mbaye Dieng dit avoir l’accord de l’assistant du médecin Souleymane Baldé qui compte témoigner contre son supérieur devant les autorités judiciaires.