L’hydrocéphalie est une pathologie qui s’attaque au cerveau chez les enfants. Son traitement est chirurgical et la prise en charge coûteuse. Toutes les familles victimes n’ont pas accès au traitement.
Pour permettre à ces dernières d’accéder au traitement, une mission initiée par Amélie Gomez de l’association Enfant hydrocéphalie d’Afrique est à Dakar, en collaboration avec une association basée en France dont la vice-présidente fait partie de l’équipe de chirurgie qui est venue à Dakar. Cette mission a été financée, en partie, par le Lions Club, en collaboration avec le CHU de Fann.
Il s’agit d’une mission humanitaire gratuite pour les enfants issus de familles défavorisées et qui souffrent l’hydrocéphalie. Chaque jour, quatre enfants sont pris en charge pour une mission d’une semaine. Ce qui tourne autour de 24 enfants.
Selon le docteur El Hadj Cheikh Ndiaye Sy, neurochirurgien au niveau du service neurochirurgie de Fann, maître-assistant à la faculté de Médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ces derniers sont pris en charge intégralement avec tout ce qui est médicaments et hospitalisation.
Après le départ de la mission, il est prévu un suivi des malades opérés. Les chirurgiens sur place vont s’en charger et continuer à suivre les enfants qui n’ont pas bénéficié de la mission. “Le coût de la prise en charge reste élevé et souvent, ce sont des familles démunies qui viennent avec des moyens pas optimaux. La maladie doit être considérée comme très grave, des enfants en meurent et par rapport au pronostic fonctionnel de ces enfants, c’est encore grave. Il faut subventionner le matériel de prise en charge, le plateau médical”, dit-il.
Dans la même dynamique, le professeur Momar Codé Ba, Chef du Service neurochirurgie de l’hôpital Fann, explique que c’est toujours intéressant de partager des expériences avec des collègues venant d’autres pays. C’est un échange, même s’il y a des normes standardisées. Cette fois-ci, ‘’c’est intéressant parce qu’ils viennent non seulement opérer, mais ils participent aux activités de formation. Ils viennent aussi avec du matériel qu’ils ont décidé de laisser avec nous. Ce matériel mis à notre disposition nous permettra de bien fonctionner en plus de cette expérience enrichissante’’.
Il ajoute que pour ceux qui sont déjà pris en charge, les indications sont bonnes et les interventions se sont bien déroulées.
C’est quoi l’hydrocéphalie
L’hydrocéphalie est une accumulation d’eau au niveau du cerveau. Un liquide qui se retrouve à l’intérieur de la cavité cérébrale. Cette eau circule à l’intérieur de la boîte crânienne. Quand il y a un problème de blocage, ce liquide s’accumule et comprime le cerveau.
Les conséquences sanitaires sont notoires. Il s’agit, entre autres, de retard de croissance, des troubles des acquisitions motrices. Cela veut dire que le cerveau de l’enfant ne se développe pas. Si la maladie est laissée, à terme, la vie de l’enfant est menacée. Ses fonctions cérébrales aussi sont mises en danger.
Il devient, dès lors, difficile pour ces enfants victimes de suivre leur scolarité et de s’épanouir pleinement dans la vie. Le professeur Momar Codé Ba, Chef du Service de neurochirurgie de l’hôpital Fann, qui donne ces explications, précise, par ricochet, qu’il n’y a que l’intervention chirurgicale pour une chance de survie chez l’enfant. “Le traitement est purement chirurgical”.
Selon lui, certains se stabilisent à un moment, mais il ne faut pas y compter. “L’opération règle au moins le problème vital. Si c’est une forme qui ne s’accompagne pas d’autres complications et d’autres malformations, le développement peut être normal chez l’enfant. On l’a eu dans la cohorte opérée. Des patients ont pu mener une vie normale au plan scolaire, entre autres. C’est déjà arrivé”, explique-t-il.
Le professeur se désole, en outre, du fait que les parents arrivent très tard à l’hôpital pour un diagnostic de leur enfant atteint d’hydrocéphalie. “Dans ces conditions, même si on règle le problème vital, ça laisse des séquelles”.
Sur les chiffres de cette pathologie, le professeur note que ce n’est pas facile. Souvent, dit-il, les enfants ne sont pas recensés et meurent à la maison. Il n’y a pas un système de filtrage. Mais chaque semaine en neurochirurgie, deux ou trois enfants sont opérés à Fann et dans d’autres centres. La prise en charge est coûteuse. Elle peut tourner entre 100 000 et 150 000 F CFA, sans compter l’appareil qu’on installe à l’intérieur de la boîte crânienne qui coûte une cinquantaine de mille.