Le pouvoir comporterait-il des réalités que l’on ne voit qu’une fois qu’on l’exerce ? Cette question s’impose d’autant que les opposants devenus présidents ont tendance à se débarrasser de leur habit de démocrate pour revêtir le manteau d’autocrate. C’est-à-dire que leur discours de démocrate ne dure que le temps d’une opposition. Sinon, comment comprendre qu’ils puissent s’accommoder avec autant d’aisance, avec des lois et articles qu’ils jugeaient pourtant liberticides et qu’ils avaient combattu avec hargne et détermination ? Parmi l’arsenal de lois et articles considérés comme liberticides, figure en bonne place l’article 80 qui fait toujours débat. Et c’est sous le règne du Président Sall que l’on a enregistré le plus d’arrestations pour le délit d’offense au chef de l’État.
D’ailleurs, la réclamation de son abrogation est toujours à l’ordre du jour. Et la dernière sortie du ministre porte-parole du président de la République, Abdou Latif Coulibaly, sur le délit d’offense au chef de l’État considéré comme «suranné», relance le débat sur le très controversé article 80.