Lors de la dernière présidentielle ivoirienne, le 31 octobre 2020, qui a vu Alassane Ouattara (ADO) reconduit pour un troisième mandat contesté par ses opposants, Soumeylou Boubeye Maïga dirigeait la mission d’observation de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD).
Au cours de la conversation est née l’idée selon laquelle Soumeylou Boubeye Maïga pourrait être commis à cette fin – ADO avait auparavant contacté Macky Sall et Mahamadou Issoufou, entre autres. Sauf que l’ancien chef de gouvernement n’est plus en contact avec Gbagbo (avec qui il avait fréquenté les mêmes réseaux de l’Internationale socialiste) depuis une décennie.
C’est alors qu’a émergé le nom de Guy Delbrel, soufflé notamment par Hamed Bakayoko, l’ancien Premier ministre ivoirien décédé le 10 mars. L’ancien directeur des relations extérieures à la direction Afrique-Moyen Orient d’Air France a mené de nombreuses missions discrètes sur le continent. Il présente un double avantage : vieil ami de « Boubeye », il est également resté proche de Gbagbo, à qui il a continué à rendre visite quand celui-ci était détenu à La Haye, puis à Bruxelles, où l’ancien président vivait en liberté conditionnelle.
Le 9 novembre, Delbrel s’est rendu à Bruxelles. Il y a averti Laurent Gbagbo de la possibilité de conduire une médiation avec le dirigeant malien. Réponse de l’ancien président : aucun problème, il était prêt à les recevoir.
Après cette première rencontre, Soumeylou Boubeye Maïga en a dressé un compte-rendu à Alassane Ouattara, qui l’a encouragé à poursuivre sa discrète médiation. Dans les mois qui ont suivi, Guy Delbrel est allé deux fois à Bruxelles afin de s’entretenir avec Gbagbo. Le 31 mars, l’ancien chef de l’État a été définitivement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI).
Le 9 juin, Delbrel est retourné une ultime fois chez Gbagbo, cette fois accompagné de Soumeylou Boubeye Maïga. Parmi les points d’achoppement discutés quelques jours encore avant le retour de l’ancien dirigeant à Abidjan, le 17 juin, figuraient : le déblocage de son compte bancaire, l’affectation de son ancien aide de camp, le colonel Norbert Kouassi Dua, la nomination des dix membres de sa sécurité rapprochée et un logement temporaire, en attendant que les travaux soient terminés dans la villa qu’il occupera à Cocody.