Par El Hassane SALL
Le Préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, a sorti un arrêté hier lundi, portant jours et heures d’ouverture des marchés dans la capitale. La mesure qui prend effet aujourd’hui, sera maintenue jusqu’au 2 juin 2020. Les commerces de produits alimentaires ne seront ouverts que les lundis, mercredis et vendredis. Pour les autres activités, il leur est accordé les mardis et jeudis seulement. Par contre, les marchés seront fermés les samedis et dimanches.
Seulement la question qui s’impose est de savoir la pertinence de cette mesure qui risque de créer plus de problèmes qu’elle est censée résoudre. On ne sait sur quelles bases l’autorité prend ses décisions, mais elle ne semble pas en mesurer les conséquences sur la population, surtout la plus vulnérable. Finalement, toutes ces mesures risquent, encore une fois, de créer plus de problèmes qu’elles ne sont censées régler. Pour exemple, l’interdiction de la vente de pain dans les boulangeries avait créé des rassemblements monstres devant les boulangeries, et si cette décision a été prise pour freiner la maladie, c’est le contraire qui s’est passé, pourrait-on dire.
En tout cas si l’on y prend garde, cette décision d’ouverture en jours alternés des marchés risque d’occasionner des bousculades les jours ouvrables pour les commerces alimentaires. La meilleure mesure à prendre aurait été de bien organiser les marchés et les magasins en dégageant les commerçants qui exposent leurs marchandises sur les trottoirs pour la fluidité de la circulation et inciter les clients à respecter les mesures barrières. Et puis, ce qui est le plus incompréhensible dans cette situation est qu’au moment où nombre de pays commencent leur déconfinement progressif pour relancer leur économie, le Sénégal prend des mesures inopportunes qui ne feront qu’enfoncer les populations dans la précarité. Durant ces 2 mois que persiste la crise sanitaire, il semble que les pouvoirs publics n’ont, à ce jour, pas encore trouvé la bonne formule pour faire face. Même le couvre-feu instauré à partir de 20 heures n’a pas réussi à freiner la propagation de la maladie qui prend de l’ampleur au fil des jours, comme si le virus était noctambule.
Aujourd’hui, le constat est que les mesures prises n’ont aucun impact sur la progression de la maladie et indisposent tout le monde. Selon Assane Fall, président de Mads, «des milliers d’emplois sont menacés directement par la fermeture des marchés avec des pertes économiques énormes». Comme nous sommes un pays pauvre, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de mettre notre économie à l’arrêt. Il faut par conséquent «penser global pour agir local», comme le conseillait le docteur Moussa Thior. Par conséquent, il faut qu’on apprenne à vivre avec le virus, que l’activité économique reprenne, mais avec des mesures barrières. Les pays européens comptent chaque jour des centaines de morts, mais ils ont commencé à déconfiner progressivement. À ce jour, selon les chiffres officiels du ministère de la Santé et de l’action sociale, le Sénégal compte 1271 cas positifs au covid-19 recensés depuis le 2 mars, dont 415 patients guéris, 10 décès, 1 patient évacué à sa demande, en France, et 845 autres qui sont encore sous traitement. Selon le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann, Pr. Moussa Seydi, à ce jour, la situation est sous contrôle. Donc, pourquoi vouloir rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le sont ?