Ouvrir la réflexion sur la région de Dakar et son avenir (Mamadou SY Albert)

Les inondations plongent de nombreuses populations sénégalaises dans le désarroi total depuis quelques semaines. La région de Dakar n’est point épargnée par les pluies diluviennes, les eaux stagnantes. Il en est  ainsi depuis des décennies. Le gouvernement de la seconde alternance avait lui aussi promis de tourner la page de ces drames familiaux et d’une mauvaise politique de l’habitat, de l’aménagement et de l’urbanisation.

Les régimes passent, les réalités des populations demeurent. Il faudra penser confier l’urbanisation de la capitale à un maire ou une structure centrale de l’État.

Dès la première pluie significative à Dakar, les populations ressentent l’état chaotique du réseau d’évacuation des eaux de pluie, des eaux usées. C’est le constat depuis des décennies. Le réseau de la région est vétuste. On rafistole une année à l’autre. Pendant que le système de canalisation se détériore, la naissance de grands centres urbains se conjuguent à de nouveaux maux : des villes sans évacuations des eaux, sans électricités et sans aucun plan d’aménagement.

Dans ces nouvelles villes attirant des milliers et des milliers de Sénégalais, il n’est guère envisagé des politiques d’occupation de l’habitat, de l’aménagement et de l’urbanisation. On habite d’abord, en suite on pense à la sécurité des biens et des personnes et à l’environnement. Le réseau défectueux de la capitale économique dakaroise est désormais un fait établi par tous les spécialistes. Les villes émergentes qui poussent comme des champignons n’ont pas réellement de plan d’urbanisation et de viabilisation des espaces sociaux. La capitale se dégrade, les nouvelles villes-satellites ne répondent à aucune norme de sécurité urbaine.

Les conséquences des fortes pluies sur des populations désarmées et dépourvues de ressources pour se protéger contre les phénomènes naturels ne peuvent être que catastrophiques en raison des zones d’habitation, des risques énormes de perturbation de l’habitat. Au-delà des querelles partisanes et des responsabilités entre les structures de ramassage des ordures, de l’évacuation des eaux usées et des eaux de pluies, c’est la politique de l’urbanisation de la région de Dakar qu’il faut repenser.

L’urbanisation de la capitale sénégalaise mérite réflexion. Elle concentre tous les problèmes du Sénégal. Elle représente aussi l’image du pays, ses institutions, ses valeurs et ses symboles. Elle concentre aussi l’essentiel de l’élite politique, économique et intellectuelle du pays. Le Sénégal a deux possibilités : confier cette question majeure du développement de sa capitale à un maire élu démocratiquement ou à une structure centrale de l’État. Cette autorité municipale ou administrative pourrait définir un plan et décliner les différentes actions à mener dans une perspective de court, moyen et long terme. L’essentiel est de mobiliser toutes les ressources compétentes en matière de ressources humaines, de ressources financières et de bâtir la région dans la durée.

C’est un challenge énorme pour les générations futures. Il est surtout à la portée du génie créateur des Sénégalais. À défaut de trouver ce consensus régional autour de cette autorité, il ne fait l’ombre d’un doute que la région de Dakar va encore longtemps continuer de vivre les conséquences d’un mauvais départ, depuis l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. C’est maintenant que le pouvoir et son opposition devraient envisager une réflexion sérieuse sur la capitale et son avenir. Les clivages partisans stérilisant ne feront encore que retarder l’accès des populations au bien-être social, économique et culturel.

 

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