L’éclairage est tamisé, accompagné de jeux de lumière dans un cadre moderne, chaleureux et très convivial. Des notes de kora accueillent les convives. Le présidium a l’allure d’un salon où se feront des confidences nocturnes sur l’homme de ‘’Fatou Kiné’’. Il a aussi été le théâtre d’une transmission entre le public et les panélistes. Promesse tenue !
«Les morts ne sont pas morts», disait Birago Diop. Assurément. De là où il est, Ousmane Sembène a dû poser un regard bienveillant sur cette salle de la maison de la culture Douta Seck. C’est loin d’être du cinéma. L’esprit de l’artiste a plané tout au long du troisième numéro des conférences ‘’lenge’’ (lingué) sur l’héritage de Sembène Ousmane. Après tout, ne dit-on pas que les œuvres rendent immortelles l’artiste ? Cette rencontre le confirme encore aujourd’hui.
Cinq ans après avoir cassé sa pipe, l’auteur du livre ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ continue de faire parler de lui. Un paradoxe pour celui qui voulait faire parler à travers le 7e art. Mais il ne se limitait pas à cela. L’écrivain, poète et cinéaste décédé à l’âge de 84 ans, a laissé plusieurs œuvres à toutes les générations.
Cependant, son immersion dans le cinéma continue de susciter des réflexions.
Entre héritage et legs
La transmission relève du devoir de mémoire. Une mémoire qui ne veut point oublier. C’est tout le sens de ‘’lenge’’ (lingué).Il est donc un devoir de perpétuer l’héritage. Un mot qui a alimenté les débats entre le professeur Maguèye Kassé et le critique de cinéma Baba Diop, comme pour dire que tout le monde peut s’approprier ou se réapproprier l’œuvre de Sembène.
Il est quelqu’un qu’on ne présente plus. Mais qu’on n’a pas fini de le présenter, pour paraphraser le Pr. Kassé, Président de l’association Sembène Ousmane. «Nous n’avons pas suffisamment creusé du point de vue de l’ensemble des sciences», juge-t-il, faisant référence aux œuvres du cinéaste. Il est revenu sur les réalisations de l’artiste, en affirmant que ce dernier faisait dans la provocation salutaire. Le cinéaste dénonçait l’hypocrisie sociale et avait une originalité dans la manière de faire les choses. «Il avait une façon de dire au spectateur de regarder de plus près», dit-il ému.
Ousmane Sembene voyait ses films comme des visions sur la manière dont les sociétés vont évolution, selon le Pr. Maguèye Kassé. Il décrit l’artiste pluridisciplinaire comme un homme qui voulait agir sur ce monde au vu de sa transformation. Une action comme héritage pour les générations.
«Je ne parlerai pas d’héritage, mais de legs», a affirmé d’emblée Baba Diop, journaliste et critique de cinéma. Il est largement revenu sur les legs de l’homme de ‘’Thiaroye 44’’. Baba Diop parle d’abord de Sembène comme un homme d’action. Un engagement qui s’est ressenti à travers ses dix romans et douze films. Ousmane Sembène était «constant dans son engagement» et cherchait à connaitre sa société. «C’était un cinéaste de l’action qui mettait en pratique sa propre théorie du cinéma», a soutenu le journaliste.