Ancien défenseur international français, Patrice Évra raconte dans son autobiographie avoir été victime d’agressions sexuelles de la part du principal de son collège quand il avait 13 ans. Après avoir attendu ses 40 ans pour en parler à sa mère, il veut aujourd’hui être « une source d’inspiration et un exemple ».
À la retraite depuis un peu plus de deux ans, Patrice Évra révèle dans son autobiographie I love this game, à paraître le 28 octobre mais dont le quotidien britannique The Times publie des extraits vendredi, avoir été victime d’agressions sexuelles par le principal de son collège quand il avait 13 ans. Son bourreau, dont il avait gardé les agissements secrets jusqu’à ce qu’il se plonge dans l’écriture du livre, avait alors proposé de l’héberger trois nuits par semaine pour lui épargner d’interminables allers-retours entre sa commune des Ulis (Essone) et son nouvel établissement scolaire.
« Croyant que je dormais, il passait ses mains sous ma couette et essayait de me toucher, décrit l’ancien défenseur de Monaco, Manchester United ou encore de la Juventus Turin dans l’autobiographie en question. Je savais que ce qu’il faisait était mal, alors j’essayais de le repousser et de le frapper. J’étais robuste, mais j’avais peur […]. Ça pouvait durer 10 ou 15 minutes, comme une bagarre. Il ne rigolait pas ; il essayait à tout prix de m’enlever mon pantalon. Dans le noir, il ne parlait pas. Mais il se touchait et la situation l’excitait sexuellement. […] La dernière nuit chez lui, quand il savait que j’allais rentrer chez moi, il a fini par réussir. Il a mis mon pénis dans sa bouche. »
« Je veux que les gamins aient le courage (de parler) et ne se sentent pas coupables, parce que je me suis toujours senti coupable »
Si sa fiancée était au courant, Évra raconte au Times n’en avoir informé sa propre mère qu’il y a deux semaines, habité durant toutes ces années par la « honte » et la peur du regard des autres. Au point de mentir à la police, qui l’avait appelé lorsqu’il avait 24 ans pour lui demander s’il avait lui aussi été agressé sexuellement par ledit principal. « Forcément, elle (sa mère) était dévastée. C’était difficile pour elle. […] Elle avait compris que quelque chose n’allait pas quand je lui avais dit que je ne voulais plus dormir chez le principal. Mais j’ai attendu d’avoir 40 ans pour lui en parler, assure Évra. C’était un choc pour elle. Beaucoup de colère. Elle m’a dit qu’elle était désolée. De ne pas mettre ça dans le livre, que c’était privé. Mais quand je lui ai répondu que je ne le faisais pas pour moi mais pour les autres enfants, elle a compris. »
À 40 ans, Évra a compris combien sa parole pouvait compter. « Je veux que les gamins aient le courage (de parler) et ne se sentent pas coupables, parce que je me suis toujours senti coupable, dit-il au Times. Je n’ai pas peur de dire que le fait de ne pas en parler m’a fait me sentir comme un lâche pendant de longues années. […] Vivre avec ça a été l’un de mes plus gros regrets, parce que j’aurais pu aider tellement de gens. J’en ai assez de cette masculinité toxique. Pour mon père, pleurer était un signe de faiblesse, mais ce n’est pas le cas. […] Je préfère être une source d’inspiration et un exemple qu’une simple victime. »